Avez-vous déjà ressenti cette sensation étrange lorsque vous êtes proche de la fin d’un récit ? Ce sentiment de vouloir absolument connaître le fin mot de l’histoire, tout en craignant de voir l’aventure se terminer ? De laisser derrière vous quelque chose en refermant le livre ?


J’ai ressenti cette appréhension au moment d’installer Throne of Bhaal.


Mais à l’époque je n’ai jamais pu expliquer ce sentiment qui grandira au fil des heures passées devant la saga de mon héros.


Cette saga qui débuta au sein de Château Suif (https://www.senscritique.com/jeuvideo/Baldur_s_Gate/critique/169236303).


Pour continuer à Athkatla (https://www.senscritique.com/jeuvideo/Baldur_s_Gate_II_Shadows_of_Amn/critique/169222483).


Et qui reprend ici au sein de la cité des Elfes, Suldenessalar.


I- Début de l’histoire


Mon héros aspire à un peu de répit, après la chute d’Irenicus mais le danger le suit comme la peste. Le temps de la prophétie d’Alaundo est arrivé. Cette prophétie n’a cessé d’apparaître tout au long des épisodes. Mais, comme le héros, je n’y ai prêté qu’une oreille discrète. Elle résume le futur qui m’attend :


"Le Seigneur du Meurtre périra, mais de sa mort naîtront des enfants qui seront l'âme même du Chaos…"


5 généraux sont arrivés sur la Côte des Épées pour massacrer tous les enfants du Seigneur du Meurtre, Bhaal.


La peur commence à envelopper tout le royaume. Même à Suldenessalar, ma présence inquiète. Une nouvelle fois, je dois reprendre la route.


Très vite, mon chemin croise le premier général : Illasera, une mage guerrière. J’apprends alors deux choses : les généraux sont des enfants de Bhaal et dorénavant je ne peux plus aspirer à la tranquillité. La mort rôde désormais partout. Le combat est inévitable, mais Illasera ne peut pas faire le poids face à la puissance de mes 5 compagnons : Korgan le berserker, Keldorn le paladin, Imoen mon amie d’enfance et voleuse du groupe, Edwin le magicien, et surtout Viconia clerc et partenaire de vie.


Lorsqu’Illasera rend son dernier souffle je me retrouve devant Solaire, servante des dieux. Elle m’expose son rôle : m’accompagner tout au long de mon périple pour me préparer à contrôler l’essence divine. Pour le moment je suis loin d’être prêt. L’heure de la prophétie d’Alaundo est arrivée. Un être doit émerger et devenir la prochaine incarnation du Dieu du Meurtre. Solaire disparaît et un autre personnage fait son apparition. Sarevok.


Devant mon ordinateur, je marque un léger mouvement de recul. Sarevok, antagoniste principal de Baldur’s Gate et enfant de Bhaal se dresse devant moi. Cependant, il ne fait aucun geste. Il me parle de l’endroit où nous sommes. Le royaume abyssal de Bhaal. Un plan créé par l’esprit du héros pour se protéger du pouvoir qui coule dans ses veines. Sarevok m’attend dans ce plan depuis ma victoire sur Irenicus. Il veut passer un marché avec moi. Il veut que je lui offre un morceau de mon âme pour qu’il puisse renaître en échange de quoi il me guidera dans mon voyage.


Malgré moi, je soupire. Ce choix est loin d’être anodin. Sarevok n’est pas n’importe qui. Il est le tueur de Gorion, le tuteur et le père de substitution du héros. C'est un être malfaisant qui a provoqué la mort de milliers d’innocents à cause de sa soif démesurée pour le pouvoir. La logique voudrait que je refuse son offre. Une seule chose me fait hésiter.


« Peut-être qu’en ma compagnie, il changera d’attitude ».


Cela peut être dur à croire mais je n’ai jamais utilisé une solution sur la saga (sauf pour ce maudit Kagain). J’ai toujours laissé mon instinct de joueur me guider. Je vais continuer à le faire pour Sarevok. Au grand dam de mon équipe, je l’accepte dans mon groupe. Son rôle est similaire à Korgan. Il va donc prendre sa place.


Je visite ensuite le royaume abyssal. Cet endroit me servira de quartier général. L’aventure peut reprendre. Mais je n’ai pas besoin de la détailler. Pour les personnes au fait de Throne of Bhaal, l’histoire est relativement simple à raconter. Chaque général n’est qu’un prétexte pour permettre à mon héros de contrôler son essence divine afin d’être en mesure de recevoir l’immense pouvoir qui coule dans ses veines. L’histoire paraît donc minimaliste.


Mais, pouvait-il en être autrement ? Mon héros est l’avatar du Dieu du Meurtre. Il est bien évident que pour atteindre le trône de Bhaal, incarnation de la mort et du massacre, son successeur doit suivre ses pas. Cette ligne directrice ne m’a donc pas paru à l’époque décevante mais plutôt logique. Je vais donc faire le choix ici de me concentrer sur les moments clés du récit, en mettant l’accent sur les 4 grands généraux restants.


II- Yaga-Shura


Géant de feu possédant une force physique colossale, Yaga Shura montre l’évolution technique de la saga.
Là où le premier volet montrait des adversaires à taille humaine, le deuxième volet et sa suite présentent une vaste palette d’adversaire dont la taille varie considérablement. Les géants de feu sont gigantesques, magnifiques et terrifiants. Sa rencontre avec mon héros montre le chaos qui règne depuis l’apparition des cinq généraux. Avec son armée, il assiège la ville de Saradush, autrefois une des villes les plus prospères de la région de Tethyr.


La disparition de Yaga Shura lance la première phase afin de me permettre de contrôler l’essence divine.
Cette épreuve consiste en premier lieu à raconter les origines du héros. Solaire, nous présente alors la mère du protagoniste principal, Alianna, une prêtresse de Bhaal. Lorsque Bhaal a pressenti sa fin, il a engendré des dizaines d’enfants, afin de servir ses plans. Son objectif était que le sacrifice de ses enfants puisse lui permettre de revenir à la vie. Le héros fait partie de ses enfants. Sa mère au moment de la mort de Bhaal, a donc essayé de le sacrifier. Mais, elle fut stoppée par Gorion qui attaqua le temple de Bhaal, sauva l’enfant et la tua. Beaucoup d’enfants de Bhaal périrent durant l’attaque de Gorion. Mais, quelques enfants survécurent. Sarevok est un des survivants de cette attaque.


Encore une fois, les développeurs m’assènent une claque gigantesque. Cet échange remet en cause beaucoup de choses, particulièrement sur le personnage de Sarevok. Le choix de Gorion a-t-il précipité son destin et sa chute ? Même s’il aurait pu choisir d’aller vers le Bien, le choix de Gorion et sa rencontre avec des dirigeants malfaisants l’ont marqué au fer rouge. Je présente donc mes excuses.


Sarevok semble très surpris par ma réponse, mais reste dans le silence.


III- Abazigal


Dragon bleu azur terrifiant et majestueux, Abazigal représente le grandiose de la saga. Sa puissance, son intellect et ses origines suffisent pour en faire l’un des antagonistes les plus intéressant et redoutables de toute la saga. Le repaire est un donjon labyrinthique qui fait honneur à l’héritage de Donjons & Dragons. Chaque pièce peut être mortelle et les dangers sont multiples. C’est un lieu où l’endurance du groupe est mise à rude épreuve.


Une fois le combat terminé, le dragon hurle des paroles bien étranges :


« NON ! C’est impossible… les immenses flammes de ma vie, soufflées par cette pathétique créature ! Mais je te le dis, ta victoire n’est que partielle. Je te le dis avant de mourir, pauvre imbécile ! Nous nous sommes servis de toi pour mieux t’abuser. Tu vas connaître la vérité que tu ne pouvais discerner dans ton aveuglement ! »


De retour dans l’antichambre, Solaire m’indique la suite des révélations. Apparaît un double de mon héros, qui m’apprend que la prophétie ne parle pas de la destruction de Féérune par mon personnage, mais de mon échec à empêcher sa destruction. C’est une énorme révélation. Tout au long des jeux on a fait en sorte que le joueur pense qu’il va devenir un jour ou l’autre le destructeur de Féérune. Ce n’est pas ce dont parle la prophétie. Pourtant je ne peux pas tout à fait être satisfait de ces paroles. J’ai l’impression que je n’ai pas mon destin en main. Je n’ai pas mon libre arbitre dans cette histoire. Ma destinée semble toute tracée.


Sur ses paroles lourdes de sens, je me dirige vers le prochain général.


IV- Sendai


Elfe noire dotée à la fois de compétences de clerc et de mage, Sendai est une représentation de la perfidie et de la cruauté de Bhaal. Elle possède une enclave où elle regroupe son armée dans le but de dévaster la Côte des Épées.


C’est durant ma progression dans son repaire que j’ai pu rencontrer un certain Egeissag, accompagné de son fidèle conseiller, un spectateur, une créature surpuissante capable de terrasser mon groupe en quelques instants. Un dialogue surréaliste va s’engager :


« Ainsi c’est toi qui m’a causé tant de problèmes… je dois avouer que je suis un peu déçu !
— Je suis venu voir Sendai. Écarte-toi de mon chemin ou meurs !
— Tes massacres ont impressionné ma maîtresse. Si je te bats, ma récompense sera colossale ! »
— Oh, capitaine, mon capitaine !
— Hein ? Quelle est donc cette façon de m’adresser la parole, Tyrannoeil ? Il va falloir que j’en parle à la maîtresse… bientôt…
— Ne faites pas attention, j’ai toujours rêvé de dire ça, et ici, on finit un peu par perdre les pédales. C’était l’histoire de vous dire quelque chose de gentil, avant que l’enfant de Bhaal ne vous transforme en bouillie sanguinolente.
— Hmmm… pas forcément.
— Euh… si. Mais quoi qu’il en soit, même "si" vous parveniez à tuer l’enfant de Bhaal, qu’est-ce qui empêcherait Sendai d’aller simplement s’en attribuer tout le mérite auprès des mères matrones ?
— Vous… vous avez raison, mon ami à un seul œil. Je préférerais que le mérite m’en revienne. Avez-vous une suggestion ?
— Je pense juste que ce serait bien "mieux" si vous affrontiez votre adversaire en combat singulier. Vous pourriez alors proclamer l’avoir tué vous-même. Même les matrones ne pourraient réfuter ce fait. Des défilés, de l’or, un nouveau chevalet de torture, tout serait à vous.


Je me retiens pour ne pas pouffer de rire. J’essaye de rester sérieux en m’adressant à cet étrange conseiller.


— Et comment puis-je être sûr que tu ne me trahiras pas ?
— Il n’y a pas à s’inquiéter… je couvre. Il se trouve que j’ai ici avec un petit sort de quête. Le perdant du match mourra avec tous ses alliés dans la pièce. Qu’en dites-vous ? Vous aimez les paris, monsieur ?
— Très bien j’accepte.
— Dès que vous serez prêts à commencer, je lancerai les sorts de quête… et si l’un de vous meurt au combat, tous ceux qui l’auront suivi mourront avec lui.
— Lancez votre sort, Tyrannoeil. Nous allons commencer sans plus tarder. Envahisseur… préparez-vous, déclare le capitaine.
— Très bien. Finissons-en, répondis-je. »


Après avoir botté les fesses de mon adversaire, le Spectateur qui a joué le rôle "d’arbitre", vient me féliciter :


« Ahhhh… cela se termine. En même temps que mon service pour ce crétin d’elfe noir. Ce sont vraiment tous des imbéciles, ces elfes noirs. N’ont-ils vraiment rien de mieux à faire que de me convoquer pour leurs stupides tâches ?
— Eh ! Ne vous ai-je pas tué lors de mon séjour dans le royaume des Sahuagin (dans Baldur’s Gate II) ?
— Effectivement. Et je ne peux pas dire que je vous en veuille, puisque vous m’avez alors libéré d’une des tâches les plus ennuyeuses de la création. Mais on ne peut ennuyer longtemps un bon tyrannoeil, hein ? Hé hé hé.
— Je suppose que non. Qu’allez-vous faire maintenant ?
— Oh, vous savez, sortir, aller voir les dames, le petit train-train quoi. Et vous ?
— Tuer une elfe noir, a priori.
— Magnifique ! Ne le prenez pas mal, mais il faut que j’y aille. L’appel de la nature et tout le tralala. Ne faites pas tout s’écrouler avant que je ne sois sorti d’ici, d’accord ? »


J’adore ce dialogue : il fait le pont avec l’épisode précédent, en faisant un joli clin d’œil et il dégage un vent de fraîcheur bienvenue au vu du ton très sérieux du récit.


Justement en parlant d’histoire, je rencontre Sendai peu après cette rencontre. Un combat éprouvant va s’engager. Sendai va créer des doubles, qui représentent chaque classe du jeu : un guerrier, un archer, un rôdeur, un berserker, un clerc, un mage et un voleur. Une fois ces adversaires terrassés, Sendai engage le combat accompagné des dernières poches de son armée. Le combat est très éprouvant, mais la sentence est inévitable pour l’elfe noire, qui hurle des mots que j’ai déjà entendu chez Abazigal :


« Sache que même si je meurs… le retour de notre père est inévitable. Su je péris, d’autres feront en sorte que Bhaal renaisse ! »


Tandis que je reviens dans mon antichambre, Solaire engage la conversation. Il convoque un ancien adversaire pour m’éclairer sur la suite des événements. Yaga-Shura apparaît. Il n’a pas l’air ravi. Il va alors m’expliquer comment il a été recruté pour former avec les autres généraux, la Main. Il m’indique également que mon combat est loin d’être fini. Solaire reprend la main :


« Le dernier doigt de la Main est encore vivant, enfant de Bhaal, et ton père s’impatiente. Que vas-tu faire ?
— Si je peux tuer Balthazar avant qu’il ne réveille Bhaal, je préfère éviter d’affronter mon soi-disant "père".
— Alors poursuis ta route, enfant de Bhaal. Je te reverrai bien assez tôt. »


Le dernier membre de la Main n’est plus très loin.


V- Balthazar


Dernier général encore en vie, Balthazar est certainement le plus puissant d’entre eux. C’est un moine qui montre que les apparences sont trompeuses dans Baldur’s Gate. Il dirige une armée de mercenaires qui sème la terreur autour de son monastère. Pour accéder à son repaire il faudra l’intervention de deux personnages récurrents de la saga : Elminster et Saemon Havarian.


Toujours au courant des affaires les plus importantes, le vénérable Elminster rencontre une nouvelle fois le groupe pour les guider dans leur quête. Il indique que Havarian détient la clef pour rentrer dans un passage secret pour affronter directement Balthazar. Havarian quand à lui est un running gag de la saga. C’est un contrebandier qui a toujours trahi le groupe pour s’enrichir ou échapper à la mort. Évidemment c’est ce qui arrivera, mais j’arrive à me retrouver devant Balthazar.


La tension est palpable. Le moine brise le silence.


Il s’excuse du traitement qu’il a fait subir à la population. Ses actions n’avaient pour but que de se rapprocher des membres de la Main, et de les éliminer. Son objectif est de rester le dernier enfant de Bhaal vivant, pour ensuite se sacrifier et faire disparaître Bhaal. Il m’indique que c’est Mélissanne qui tire les ficelles et qui est à l’origine de la création du groupe. Pour atteindre son objectif, il doit m’affronter malgré le fait qu’il respecte les agissements du groupe. Un féroce combat s’engage alors.


J’ai encore les mots du moine dans mon esprit. Je suis en colère. J’ai été naïf. Balthazar s’effondre. Je ne ressens aucun plaisir à l’avoir vaincu. Ses intentions étaient nobles.


Je n’ai qu’un seul mot en tête lors de mon retour dans l’antichambre.


VI- Mélissanne


Je rencontre pour la première fois Mélissanne lors de mon arrivée à Saradush. Elle me supplie d’aider la ville et de sauver les enfants de Bhaal. Par la suite après avoir vaincu Yaga-Shura, je retrouve Mélissanne qui m’indique de la retrouver à Amkethram afin qu’elle m’indique la prochaine localisation des généraux de la Main. Finalement je ne la retrouve pas et c’est Balthazar qui m’aide à localiser Abizigal et Sendai. Après avoir vaincu ces deux généraux, une cinématique nous montre Mélissanne en pleine audience avec Balthazar, celui-ci hurle à ses gardes de la capturer. Cette action pousse le groupe à vouloir sauver Mélissanne des griffes du moine et à détruire la Main.


Bouillonnant de colère, je retrouve Solaire. Elle m’explique que Mélissanne va m’éclairer. Elle fait son apparition.
Elle se présente Amélyssanne Cœur-Noir, Grande Matriarche et plus grande Traqueuse du temple de Bhaal. Elle a abrité l’avatar du Dieu quand est venu le Temps des Troubles. Bhaal lui a confié les secrets de sa résurrection. Mais elle l’a trahi, car elle compte prendre sa place. Elle est à l’origine de la création de la Main, et n’a cessé de me manipuler pour que j’anéantisse les enfants de Bhaal les plus puissants, tandis que les plus faibles se faisaient massacrer. J’ai envie de l’affronter maintenant. Mais, le combat doit se dérouler autre part. Mélissanne disparaît.


Je jette un dernier coup d’œil à mes compagnons. Ils connaissent tous notre prochaine destination.


VII- Le Trône de Bhaal


Lorsque le groupe pénètre dans le plan abyssal, la première chose qui les frappe est un environnement totalement étranger. Un vent glacial balaye le néant, hurlant dans les oreilles de chaque compagnon qu’ils ne sont pas le bienvenu ici. D’étranges constructions très hautes sont suspendues dans le vide, maintenues en lévitation par une force inconnue. Mais les sens d’immortels du héros lui disent que l’essence de son père défunt est tout près d’ici, et que cet endroit ne peut être que… le Trône de Bhaal.


Mélissanne accueille le groupe. D’un sourire en coin, elle m’annonce qu’il est trop tard. Je ne partage pas cet avis.
Un premier combat s’engage alors. Le temps pour moi de goûter aux capacités de mon adversaire. Elles sont terrifiantes. Mais, après un court échange, Mélissanne reprend la parole. Elle compte absorber le reste des essences.


Commence alors une course contre la montre, où je vais devoir désactiver des bassins (de l’air, du froid et des démons). Chaque bassin est lourdement gardé et je commence à puiser dans mes réserves de potions, de parchemins et de sorts afin de rivaliser avec les adversaires qui me font face. Mais, chaque compagnon possède des compétences martiales et des savoirs dignes d’une divinité.
Petit à petit tous les adversaires tombent, et il ne reste plus que Mélissanne et ses derniers sbires. Il est temps d’en finir. Mélissanne comprend elle aussi l’importance de ce moment : « Ta force est supérieure à ce que j’imaginais. Le sort en est jeté. Ton destin contre le mien… finissons-en une bonne fois pour toutes. La récompense ira au vainqueur. »


Tandis que les dernières paroles sortent de la bouche de l’ancienne prêtresse de Bhaal, les compagnons du héros se précipitent contre les derniers alliés de celle-ci. Se sachant couvert par ses alliés, mon personnage se lance dans la bataille la plus importante de son existence. Dans un tourbillon de lames, de magies et d’encouragements, l’arme du protagoniste principal de la saga Baldur’s Gate lacère l’armure de Mélissane, la faisant petit à petit reculer. Et tandis que les yeux de la traîtresse commencent à montrer des signes de peur, mon héros lui dégage une aura d’invincibilité, qu’aucun mortel n’a pu atteindre jusque-là.
Autour de lui, ses camarades viennent d’abattre leur cible. Leurs yeux sont rivés sur le duel qui l’oppose à l’antagoniste de Throne of Bhaal. Ils savent quel sera le dénouement de ce combat.


Alors que l’arme s’abat encore une fois sur Mélissanne, celle-ci met un genou à terre…


VIII- La fin du combat


Solaire surgit alors, le combat est terminé. Mélissanne hurle de désespoir. Son ambition s’arrête ici. Définitivement.
Solaire se retourne vers moi. Elle me parle alors de la suite des événements. Une fois l’âme de Mélissanne détruite et l’essence libérée, je pourrais la prendre et régner sur le Trône de Bhaal. Impressionnée par mes exploits, elle souhaite rester avec moi pour combattre les dieux qui s’opposeront à mon ascension. Mon avenir s’annonce glorieux.


Mais, ce n’est pas la seule solution. Je peux choisir d’abandonner l’essence qui m’imprègne. Elle sera transmise à Mélissanne qui ne pourra supporter toute la puissance de Bhaal et son âme sera réduite en poussière. L’abandon de mon essence permettra aux dieux d’effacer toute trace maléfique qu’elle comportait et de l’enfuir au plus profond du Mont Céleste, l’empêchant à jamais de souiller d’autres âmes. Je deviendrai mortel, libre de vivre ma vie et de suivre mon destin, loin des manipulations divines.


Alors on y est. Devant moi, se joue la fin de Baldur’s Gate. Maintenant une seule question se pose.


Que faire ?


Je ne sais pas. Putain je n’en sais rien…


Mes compagnons se tiennent près de moi. J’ai besoin de les écouter avant de prendre une décision.


Keldorn, noble paladin qui a toujours fait front avec le héros :


« Devenir une telle puissance capable d’explorer les plans à volonté… je ne peux m’imaginer faisant un tel choix. Je ne t’envie pas. Mais si le choix était mien… je n’abandonnerais pas ma bien-aimée Maria et mes enfants. Je ne pourrais le supporter. Et rien qu’à l’idée de frayer avec la souillure du Mal comme tu le fais… non, ce n’est pas pour moi. »


Sarevok, dont le comportement a considérablement changé grâce aux échanges avec mon personnage :


« Je t’exhorte à ne pas accepter la souillure, il y a trop de folie dans un tel pouvoir, comme tu me l'as moi-même appris. Ne commets pas cette erreur… refuses-la et vis la vie que tu souhaites. »


Edwin, puissant magicien et en même temps complètement mégalomane :


« Quoi? Pourquoi me regardes-tu? Prends le pouvoir. N'est-ce pas pour cela que tu es venu ici? (Je n'ai pas suivi ce singe insupportable pour voir toute sa divinité perdue! Que pourrais-je en retirer?) »


Imoen, l’amie d’enfance du héros :


« Alors… c'est finalement ce qui se passe, n'est-ce pas? Après tout ce que nous avons traversé, depuis Château-Suif et Baldur’s Gate, en passant par Irenicus et Bodhi et leurs machinations…. Je me demande ce que Gorion dirait maintenant?
Moi… je… tu vas me manquer, si tu y vas. Tu es plus qu’un frère pour moi… je te dois tout. Mais qui ne voudrait pas voir les avions? Qui ne voudrait pas voir cela jusqu'au bout ? »


Je recule mon siège, laisse l’ordinateur allumé et je sors quelques instants dehors pour réfléchir. Nous sommes en début d’après-midi et le soleil cogne déjà fort. L’été est déjà bien entamé.


Au début je pense que ma balade va durer quelques minutes. Elle durera 3 heures. 3 heures au cours desquelles je vais ressasser tous mes souvenirs sur l’aventure : les rencontres, les affrontements, les découvertes et les lieux que j’ai pu découvrir tout au long de la saga.


Pour la première et dernière fois de ma vie de joueur, je vais hésiter très longtemps avant de prendre une décision.


Je reviens trempé de sueur, mais avec les idées claires.


Je vais devenir le nouveau Dieu du Meurtre. Mais, un Dieu à l’écoute et bon. À l’image de mon héros durant l’aventure.


Solaire attend toujours ma réponse.


Je commence à rapprocher ma souris. Je m’apprête à ouvrir la bouche et à achever mon odyssée.


Je me retiens.


Je ressens une présence bien supérieure à tout ce que pu rencontrer durant mon aventure. Elle m’observe intensément. Mais ses intentions sont loin d’être hostiles :


« Avant que tu ne rendes ta décision, je souhaiterais te dire quelque chose. »


Doucement, je me retourne. Je sais à qui cette voix appartient. Alors que je commence à me retourner, un flot de souvenirs surgit dans mon esprit.


IX- Viconia


Toujours présente dans le groupe, Viconia suit les traces de mon héros depuis que celui-ci l’a sauvée du bûcher dans la cité d’Athkatla durant Baldur’s Gate II. C’est un personnage marquant à la fois pour son histoire et ses souvenirs, mais également pour sa personnalité et les discussions qu’elle a pu avoir avec mon personnage.


C’est une elfe noire, une race haïe par la majorité des races de l’univers de Baldur’s Gate. Elle a un caractère volcanique et semble détester les hommes, mais cache en elle un profond malaise lié à son passé.


Throne of Bhaal poursuit la romance entamée durant Baldur’s Gate II.
À la fin de l’épisode, Viconia laissait un maigre espoir au héros concernant leur relation.


À la suite des événements de l’épisode précédent, le groupe se retrouve à Suldenessalar. Viconia se rapproche de mon héros et entame la conversation :


« J'étais stupide et naïve, une waela jalil (une femelle ignorante). J'aurais dû partir quand j'en ai eu l'occasion.
— Quel est le problème maintenant, Viconia ?
— Je parle de ma tentative de quitter ta présence quand j'ai réalisé que notre… attirance… sera un problème. Je t'ai permis de me convaincre de rester alors que j’ai toujours su que ce n’était pas une bonne idée.
— J’ai besoin de toi Viconia.
— Tu as peut-être besoin de mes compétences, mais je doute vraiment que tu sois si faible pour que tu es réellement besoin de moi. Tu peux avoir un attachement, mais c'est tout.
Avant de descendre en enfer, je t’ai parlé de mes ... sentiments pour toi, de mes doutes qu'un avenir entre nous soit possible. J'ai dit que nous pourrions peut-être en parler à nouveau une fois que tu auras retrouvé ton âme. Et tu l’as fait ... Irenicus est mort et tu es de nouveau entier. Mais ta quête n'est jamais vraiment terminée, n'est-ce pas? Ton avenir est constamment remis en question, tout comme le nôtre. Il est peut-être temps pour moi de partir.
— Non ne pars pas, Viconia. Je t’aime trop pour te perdre pour toujours.
— Cette attitude est exactement la raison pour laquelle je devrais partir. Plus je voyage avec toi, plus il est difficile de se souvenir des raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas être ensemble ... il semble que je suis la seule à pouvoir le faire, avant qu’il ne soit trop tard.
Je trouve ... qu’il est de plus en plus difficile de voyager à tes côtés, et je parviens difficilement à me souvenir encore des raisons pour lesquelles nous ne devons pas être ensemble. J'aspire à te toucher, même si je ne devrais pas. C'est une faiblesse en moi. Une faiblesse qui pourrait nous tuer tous les deux. Je devrais donc partir maintenant.
— Je ne pense pas que ce soit une faiblesse, Viconia.
— Bien sûr je savais que tu dirais ça. Dis-moi alors, pourquoi devrions-nous être ensemble ? Je t’ai déjà présentée tous mes arguments. »


Je peux comprendre les raisons de sa peur. Elle a toujours connu la haine autour d’elle. Elle est poursuivie constamment par l’ancienne déesse qu’elle a jadis représentée : Lolth, une entité cruelle et terrifiante.
Mais elle commet une erreur : celle de croire que le destin est tracé :


« Aucun de nous ne peut contrôler le futur, Viconia. Mais nous pouvons contrôler notre présent.
— Alors … malgré l’idiotie de ce geste, je … j’aimerais être à nouveau avec toi. Tu me manques. Il me manque d’être près de toi et de sentir ta peau contre la mienne. Faisons donc preuve de prudence face à la tempête qui s’annonce, si c’est ce que tu souhaites. Tu n’es pas un homme ordinaire … et je supporterai les conséquences si ce que tu veux.
— Tu es loin d’être une femme ordinaire, Viconia. Et j’aimerais que nous soyons de nouveau ensemble.
— Poursuivons alors le voyage vers notre destinée mon mrann d’sinss (mon amant). Il sera bien pour nous deux d’être à nouveau ensemble, luttant en symbiose contre tes ennemis ! »


Au cours du scénario, mon héros est victime d’une vision qui affecte l’ensemble du groupe. Devant lui, apparaît Gorion, son père adoptif, disparu au cours des événements de Baldur’s Gate I. Une voix irréelle s’adresse au héros et à Viconia :


« Pourquoi comptes-tu infliger une peine inévitable, à la personne que tu aimes ? La femme elfe noire que tu nommes Viconia.
— Je n’ai pas peur d’une telle douleur, imbécile. Je me tiendrais toujours à ses côtés.
— Tu ne sais pas de quoi tu parles. Tu es lié à mon cher protégé, toi, qui est une meurtrière. »


L’apparition change alors de forme. Elle prend la forme du petit frère de Viconia, Valas. Valas a permis à Viconia de fuir son ancien foyer après qu’elle est refusée de sacrifier un enfant à la déesse Lolth. Valas, s’est sacrifié et Lolth la transformé en drider, une créature monstrueuse avec le corps supérieur d’un elfe noir et d’une araignée pour la partie inférieure :


« Viconia… ? Ma sœur ?
— C’est une tentative de manipulation ? Amener une image de mon frère devant moi ?
— Je… je suis mort Viconia. Enfin, après l’agonie d’être un dride répugnant pendant tant d’années. Je… ne pouvais plus supporter cette torture, je ne pouvais pas !
— Dalninuk… mon petit frère. Tu n’étais pas comme les autres elfes noirs. Je me suis précipité pour… Non… non, tu ne peux pas être lui. C’est un mensonge.
— J’ai essayé de te sauver, Viconia. J’ai empêché la mère matrone de te tuer, mais tu as fui ! Tu m’as laissé mourir, quand je voulais que nous fuyions tous les deux ! Tu m’as assassiné, dalninil (petite sœur).
— Non ! Non ! Valas… je… nous étions encerclés. Je n’avais pas le choix…
— Tu savais ! Je t’aimais… tu étais le centre de mon monde dalnil. Je me souciais de toi, comme jamais je ne me suis soucié d’un elfe noir. Et… tu m’as utilisé pour t’échapper. Je suis devenu un drider, Viconia ! Tu m’as assassiné !
— Non ! Assez ! Ssussun pholor dos (que la Lumière te sauve !) Je ne peux pas le supporter ! Dis-lui de s’arrêter ! »


Je décide d’intervenir et d’affronter l’illusion qui hante Viconia. Après le combat, elle reprend immédiatement la parole :


« Je… ne savais pas que la vue de mon frère … aurait cet effet sur moi. J’ai honte d’avoir montré une telle faiblesse ! Quelle femme détestable et sotte je suis devenue !
— Ne sois pas si dur envers toi-même, Viconia.
— Ne me dorlote pas ! J’aurais dû voir venir cette attaque aussi flagrante !
— J’aurais dû savoir mieux que quiconque que cela pourrait arriver ! Mais au lieu de cela, je me suis rendu vulnérable ! Je suis devenu douce à cause de toi, et maintenant nous en payons le prix !!
— Pour ma part, je suis heureux d’avoir vu tes sentiments.
— Je ne suis pas une femme minaudée. Je n’ai aucun désir d’étaler mes sentiments devant mon partenaire. Je suis forte parce que je suis une elfe noire … parce que je suis en acier trempé, aiguisée par les lames les plus affûtées.
— Ta réaction envers ton frère n’est pas une forme de faiblesse, Viconia.
— C’était… si difficile de le revoir. Je n’ai pas oublié comment il m’a sauvé la vie. Je n’ai pas oublié les moments que nous avons partagés. Quand je pense qu’il a autant souffert à cause de moi…
— Mais, ce n’était pas la vérité ! Pas plus que l’apparition de Gorion !
— Je… n'ai jamais eu à compter sur les autres. Je n'ai jamais voulu non plus.
— Je pense qu’il est temps que tu franchisses ce cap, Viconia.
— Peut-être. Peut-être dis-tu la vérité. Je t’ai avoué que je connaissais peu la vraie proximité avec les autres, n’est-ce pas ? J’aurai besoin que tu me montres le chemin. Allons-y. Rester ici me fait mal à l’estomac. »


J’ai toujours été persuadé que les personnes en charge du personnage avaient tout donné. Cet échange en est la preuve !


Bien des journées passent. Après une longue bataille, le groupe reprend la route et Viconia profite de ce moment pour réengager la conversation :


« Puisque tu nous as arrêtés pour la soirée, le moment est peut-être venu de nous redécouvrir… physiquement. Tu m’as manqué. Et c’est, au moins, un domaine dans lequel je me sens à l’aise.


J’ai toujours combattu ce trait de personnalité chez Viconia. Ce n’est pas ça qui m’intéresse :


— Es-tu sûr, Viconia ?
— Que veux-tu dire par "es-tu sûr" ? Tu sais bien que pour moi ce genre de relation ne représente pas un moment aussi spécial, comme cela pourrait l’être pour toi ou les habitants de la surface.
— C’est juste que… peut-être que le moment n’est pas propice pour le faire.
— Maintenant, je suis confus jaluk (mâle). Je suis fatigué et je suis prêt à m’allonger ici, prêt à ne faire qu’un avec toi, comme tu le désires si souvent, et pourtant ici tu choisis de me repousser. Pourquoi ?
— Je pense que nous le ferions pour de mauvaises raisons.
(Soupir) Très bien, je ne discuterai pas avec toi, idiot, même si je ne comprends pas bien pourquoi. Si je ne te connaissais pas autant, je jurerais que tu es plus volage qu’un chat domestique trop choyé. »


La conversation ne va pas s’arrêter là :


« J’ai… une question… à laquelle je souhaiterais que tu me donnes une réponse. Pourquoi continues-tu à t’accrocher ? Je suis une elfe noir. Je t’ai mal traité et je ne connais pas bien tes coutumes. Tu continues à t’intéresser à moi, malgré le fait que je ne sois pas une créature que l’on peut aimer.


C’est une question très profonde. Bien que je sois jeune à l’époque, j’avais déjà un avis plutôt tranché sur ce genre de choses. Je me suis toujours fié à mon ressenti plutôt qu’à mes yeux.
Je lui réponds donc la phrase qui résume le mieux ma façon de penser :


— Je ne suis pas amoureux d’une elfe noir, je suis amoureux de toi, Viconia.
— Hmm. Une réponse intéressante, mâle. Tu es plein de surprises.
Dors seul alors, comme tu sembles le désirer. Je ne te comprendrai jamais. »


J’ai cru apercevoir un léger sourire derrière ce visage d’habitude si impassible.


Viconia, va plus tard arrêter le héros. Elle souhaite se confier :


« Je pense à tous les êtres que j’ai tués, et je ne pense pas avoir ressenti de remords pour aucun d’entre eux ? Pourquoi devrais-je ? Ils méritaient ce qu’ils ont reçu, étaient sur mon chemin ou étaient tout simplement faibles. Une seule fois, l’appel du sang a échoué, et cela me laisse encore perplexe aujourd’hui. Le bébé humain que j’ai refusé à la gloutonnerie de Lolth. Celui que j’ai épargné, me perdant aux yeux de la reine araignée pour toujours. Celui-là me confond toujours. Où était mon impitoyabilité ? Étais-je simplement trop faible, et est-ce pour cela que je suis ici aujourd’hui ?
— J’aimerais penser que c’est un signe qu’il y a une étincelle de bien en toi, malgré ce que tu peux prétendre.
— Un point de vue éclairé. Que je ne suis pas sûr de partager. Mais… il est peut-être temps que j’y réfléchisse. Continuons pour le moment. »


Je mettrais plusieurs minutes à me remettre de ses dernières paroles. Ces lignes étaient loin d’être anodines !


Les jours passent et mon groupe est sur le point d’affronter Balthazar. Viconia sent que quelque chose va arriver :


« Je t’ai demandé une fois, il y a bien longtemps, comment tu imaginais ton avenir. Maintenant que nous nous rapprochons de ta destinée, as-tu changé d’avis ? En vois-tu un pour toi, pour nous ?
— Je ne veux pas de ce destin. Si je peux retourner à une vie normale, je le ferai.
— Je vois. Je me demande si une telle décision pourra être prise. Peut-être arrivera-t-il un moment où il y aura une telle différence entre nous que rester ensemble deviendra impossible. »


Elle se tourne vers moi. Son regard est intense. Les mots qui vont suivre vont rester gravés dans ma mémoire :


« Si tu deviens un être d’une puissance supérieure, nul doute que tu auras des ennemis de la même ampleur. Je ne souhaite pas être la femme tu dois trainer avec toi et que tu sois obligée de protéger. Je te vois changer chaque jour, maintenant. Chaque jour tu deviens de plus en plus puissant et tu t’éloignes de plus en plus. Cette transformation… m’inquiète. Je me demande… pour te suivre, je devrais aussi être capable de changer. Me vois-tu capable d’un tel changement ?
— Quel genre de changement ?
— Je ne sais pas. Peut-être changer, dans le sens laisser derrière-moi ce qui fait de moi une elfe noire. Respecter la vie comme la plupart des habitants de la surface, devenir… une meilleure personne.
— J’aimerais voir ça, Viconia.
— Alors… alors je vais essayer. J’essaierai d’être une meilleure personne. Pour toi. Allons… continuons de l’avant avant que je change d’avis. »


Alors que je regarde la fiche de personnage de Viconia, je remarque deux mots.


Deux mots parmi les centaines de milliers que j’ai pu lire. Mais ces deux mots me marqueront à jamais et vont m’obliger à faire une parenthèse dans mon récit :


Neutre Strict.


a) L’alignement


La saga Baldur’s Gate introduit une mécanique issue du jeu de rôle papier : l’alignement. L’alignement dicte en quelque sorte, la conduite du personnage tout au long de sa vie. L’alignement se détermine en fonction de deux critères distincts : la bonté et le respect de l’ordre.
La bonté se décline en trois variantes : Bon, Neutre, Mauvais. L’ordre se décline également en trois variantes : Loyal, Neutre, Chaotique. L’alignement a une conséquence majeure : en fonction des actions du groupe durant l’aventure, des points de réputation lui seront attribués. Allant de 1 à 20, la réputation agit sur la façon dont le groupe est perçu par son environnement (par exemple plus la réputation est haute, plus le prix des marchandises est bas, car le groupe est aimé).L’alignement est également lié à la réputation du groupe. Des personnages mauvais ne supporteront pas d’être dans des groupes avec une excellente réputation et inversement des bons personnages ne voudront jamais venir dans un groupe où l’appât du gain, la violence et l’individualisme prédominent.


Viconia est d’alignement Neutre Mauvais. Les personnages neutres mauvais sont principalement préoccupés par leur personne et leur propre progression. La seule chose qui les intéresse est d’avancer. S’il existe un moyen rapide et facile d’obtenir des avantages, que ce soit légal, douteux ou de toute évidence illégal, ils y auront recours. Bien que les personnages neutres mauvais n’aient pas l’attitude individualiste des personnages chaotiques mauvais, ils n’ont aucun scrupule à trahir leurs amis et compagnons pour des intérêts personnels. Ils fondent généralement leur allégeance sur le pouvoir et l’argent, c’est pourquoi il est si facile de les soudoyer.


Ce texte résume parfaitement Viconia. C’est une elfe noire, une race où l’individualisme prime sur le groupe pour survivre. Elle rejoint le héros pour être proche d’un immense pouvoir.


Voici maintenant le texte de son nouvel alignement, Neutre Strict : Les personnages strictement neutres croient en l’équilibre suprême des forces et refusent de considérer les actions comme bonnes ou mauvaises. Les neutres stricts s’efforcent d’éviter de se ranger du côté des forces du bien ou du mal, de la loi ou du chaos. Leur devoir consiste à veiller à ce que toutes ces forces s’équilibrent. Les personnages strictement neutres se trouvent parfois entraînés involontairement dans des alliances assez particulières. Dans une large mesure, ils prennent parti pour l’opprimé, changeant parfois de camp lorsque le perdant précédent devient gagnant.


Jamais Viconia au début de l’aventure n’aurait prêté attention aux complaintes d’un mendiant, d’un orphelin ou d’un vieillard. Mais si on en croit son nouvel alignement, c’est maintenant le cas.


Dans la saga, il est très facile de changer son alignement en passant d’un être bon à maléfique. Mais il est impossible pour le joueur de regagner un alignement bon après avoir sombré dans le mal.


Dans le jeu, deux personnages seulement arriveront à réaliser cet exploit : Sarevok grâce aux discussions qu’il a pu avoir avec le personnage principal (qui mériterait une analyse complète) et Viconia. Là où Viconia se distingue de Sarevok, c’est que ce changement intervient après trois épisodes, grâce à l’amour du héros. C’est ce qui rend d’ailleurs, la romance avec Viconia aussi mémorable : le personnage principal a su faire changer la femme qu’il aime sans la contraindre de changer. Elle a décidé seule de changer, pour lui.


Mais pourquoi faire toute une analyse sur ce minuscule point dans le récit ?


b) Voir au-delà des apparences


Ce changement d’alignement est l’aboutissement de centaines d’heures de jeu avec Viconia. Tout au long du récit, les développeurs ont fait en sorte que le joueur abandonne cette romance, car Viconia n’a de cesse de rabaisser le héros. Elle ne montre que très rarement des signes d’amour pour lui. Le joueur lui, veut se divertir et éventuellement "s’attacher" à un personnage. Mais, encore faut-il que ce personnage soit appréciable pour le joueur.


Dans la réalité, on se rapproche davantage d’une personne qui nous montre des signes d’affection quelle que soit la forme : des mots, des gestes ou des regards. Il est difficile de se rapprocher d’une personne qui nous paraît désagréable, surtout si elle montre des signes d’hostilité.


Viconia balaye ce principe d’un revers de main. La construction du personnage est centrée sur un thème : l’apparence.
L’apparence à la fois physique et à la fois morale. Si on s’arrête à ce que l’on lit sur le personnage, elle est simple à définir : c’est une très belle femme, avec un caractère volcanique qui pourrait paraître xénophobe. La plupart des personnages ont des avis tranchés sur Viconia : c’est une elfe noire donc c’est une personne maléfique et/ou un objet de désir. Mais personne n’a cherché à réellement la comprendre. À comprendre pourquoi elle agit ainsi. À écouter son histoire.


Dans nos sociétés modernes, on juge les personnes sur l’apparence et les faits. Combien de fois j’ai pu entendre : « Tu as X, il a fait ça, donc il est comme ça » ou « tu as vu à quoi ressemble Y, c’est forcément tel genre de personne ».


Viconia est le parfait exemple de ce mode de pensée. Une personne mise dans une case, qui a pourtant beaucoup de choses à raconter.


C’est un personnage qui résume un proverbe japonais que j’applique tous les jours : si tu crois tout ce que tu lis, tu ferais mieux de ne pas lire. Ce proverbe paraît simple à comprendre : si tu te laisses influencer par les écrits d’une personne, sans chercher à faire des efforts et à mener ta propre réflexion, alors tu fais fausse route.
Mais on peut voir une autre interprétation : si tu penses connaître et comprendre quelqu’un en te basant uniquement sur des rumeurs, son apparence et sur les mots que tu peux entendre (en "lisant" une personne), tu risques de lourdement te tromper. C’est un proverbe qui invite à l’auto-réflexion et à cerner les individus en essayant de cerner les véritables sentiments qui habitent une personne.


Viconia a consolidée ma vision personnelle sur l’être humain. Pour moi, chaque individu possède une histoire complexe, fruit de son environnement et de ses expériences. Juger quelqu’un sans comprendre les tenants et les aboutissants de son histoire n’a selon moi, pas de sens. Et peut faire passer à côté de beaucoup de choses.


À l’époque lorsque j’ai lu pour la première fois ces mots, je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. J’ai mis des années à comprendre pourquoi. Aujourd’hui je pense avoir réussi à mettre des mots sur mon geste.
C’était un geste d’un jeune adolescent en train de mûrir et de grandir, content d’avoir été "récompensé" pour avoir cru en ses convictions.
Je pense que si j’avais réussi à l’époque à articuler une phrase, j’aurais certainement dit : « Ça en valait vraiment la peine. »


c) Retour au récit


Peu avant d’affronter Mélissanne, le groupe décide de se reposer. Viconia n’arrive pas à dormir :


« Avant de dormir, j’ai une question qui requiert ton indulgence.
— Très bien, je t’écoute.
— Très bien. Que penses-tu de "l’amour" ? C’est un concept étranger pour moi. Je souhaite le comprendre davantage.
— L’amour, c’est quand quelqu’un d’autre est plus important pour toi, que ta propre vie.
— Je me demande … est-ce que je t’aime ? Je ne sais pas. Il est difficile de me placer dans un tel état d’esprit. Tout ce que j’ai connu, c’est la cruauté, la haine et le fanatisme pendant presque toute ma vie.
Mais tu m’as fait tellement me questionner. Je me suis demandais s’il y avait quelqu’un d’autre que toi auquel j’ai tenu plus que moi dans ma vie, si j’ai toujours été une elfe noire ou pas. Le seul auquel je pense est… Valas. Mon pauvre frère. Il m’a sauvé la vie pour me permettre de m’échapper. Ses plaisanteries et ses farces me manquent. Les moments où nous pouvions nous échapper de notre vie, en échangeant des histoires. Je n’ai jamais pensé à lui quand j’ai fui. J’ai simplement vu son sacrifice comme bénéfique pour moi. Mais je… il me manque. J’aimerais qu’il ait vécu. C’est de l’amour selon toi ?
— Oui.
— Avec toi c’est différent. J’ai mal quand tu es en danger. J’ai hâte d’être avec toi, et ça m’attriste quand tu n’es pas à mes côtés. Ce sont des sentiments égoïstes et faibles que je veux chasser de mon cœur à certains moments.
— Je t’aime aussi, Viconia.
— Penses-tu qu’il est possible d’avoir des sentiments comme ça pour beaucoup de personnes ? Que d’autres, beaucoup d’autres sont plus importants que toi ? Penses-tu que c’est ainsi que les darthiir, les elfes de la surface, se sentent toujours ?
— Viconia… tu pleures…
— Je sens… je sens… je ne peux pas mettre des mots sur ce sentiment. Mais cette douleur me fait du bien. Je ne veux pas la perdre. Quelle est la prochaine étape ? Y a-t-il seulement la compagnie ? Y a-t-il plus qu’un simple sentiment ?
— Que se passe-t-il après ? Un mariage. Des enfants. Tout est possible.
— Un mariage ? L’union de ton peuple de deux compagnons. Une promesse de rester ensemble. J’aime ce concept. Peut-être… une fois que tout sera fini…
— Peut-être. Nous devrions attendre et voir.
— Bien. Attendons de voir. Serre-moi fort. Je… ne pense pas pouvoir dormir, ce soir. Je veux juste te sentir proche de moi. »


X- La décision


Alors que je me retourne, je m’aperçois que Viconia me regarde fixement d’un étrange regard.


Un regard qu’on ne voit qu’une fois dans sa vie :


« Nous approchons… de la fin. N’est-ce pas ? Très bientôt, maintenant, ton destin sera entre tes mains.
— Oui, très proche maintenant.
— Bien. Alors je n’ai qu’une chose à te dire, mon amant. C’est… quelque chose que je ne t’ai jamais dit auparavant, parce que je n’étais pas sûr si je ressentais vraiment "ça".
Je t’ai appelé m’rann dssinnss… amant… de mon ssinssrigg… cœur… mais ce sont des mots d’elfes noirs. Dire une telle chose en elfe noir est une froideur, une injustice envers le vrai mot. Et je… je pense qu’il est important que je te le dise. Au moins une fois. Avant que tout ne se termine, d’une manière ou d’une autre.
Je t’aime. Et si c’est la dernière fois que je te vois, sache que je serai éternellement reconnaissante pour tout ce que tu as fait. Je me souviendrai toujours de toi.
— Je t’aime aussi, Viconia. Maintenant et pour toujours.
— Ce n’est pas un au revoir. C’est juste … laisse-moi t’enlacer un instant. Embrassons-nous comme si c’était la dernière fois, afin que je m’en souvienne même s’il ne reste plus rien après… là. Maintenant ma merveilleuse terreur… maintenant nous allons finir ça. »


Solaire attend toujours :


« L’heure est venue de faire ton choix enfant de Bhaal. Que désires-tu ? »


Derrière mon écran d’ordinateur, je comprends quelle décision doit être prise.


Je décide d’abandonner l’essence divine est de redevenir un mortel. La liberté sera ma récompense.


Viconia semble vraiment surprise par ma décision : « Je pense que c’est une erreur, mon amour, d’abandonner un tel pouvoir. Mais… j’ai hâte avec toi. Peut-être que nous serons une bonne chose, toi et moi. »


XI- Épilogue


Tandis que Mélissanne hurle de colère, l’énergie de l’essence divine du héros fait s’effondrer la structure du trône de Bhaal. Le symbole de Bhaal, explose. Le livre se referme. La destinée de chacun de mes compagnons apparaît sous la forme d’un texte défilant à droite, tandis que leur portrait me fixe à gauche de l’écran. Ces textes peuvent se retrouver facilement sur Internet, je vous laisse le soin d’y jeter un coup d’œil.


Le texte de Viconia, apparaît en dernier :


Le héros et Viconia poursuivirent leur vie aventureuse après les évènements du Téthyr. Il devint par la suite une figure importante des Royaumes, grâce aux conseils avisés de Viconia. Elle donna le jour à un enfant peu de temps après, et sa vie en fut bouleversée. Elle se retira de la vie publique pour se consacrer à l'éducation de son fils, lui inculquant les principes des deux cultures, celle des elfes noirs et celle du peuple du héros. Viconia n'eut malheureusement pas le temps de voir grandir son fils : un adepte de Lolth la retrouva et, déterminé à lui faire payer son revirement, l'empoisonna. La légende dit que les derniers mots de Viconia furent pour son aimé, celui pour lequel elle avait décidé de changer le cours de sa vie. Le héros, écrasé de chagrin, éleva l'enfant seul, à l'écart du monde. Certains prétendent que lui et son fils partirent en croisade contre les elfes noirs, mais tous s'accordent à dire que l'ancien enfant de Bhaal ne se remit jamais de la perte de son amour.


XII- Retour à la réalité


Je quitte le jeu et j’éteins l’ordinateur. Je vais prendre l’air. Je ne pense à rien. Je viens de prendre une claque. Je suis incapable d’expliquer ce qu’il vient de se passer.


Dix ans plus tard, je pose enfin des mots sur les sentiments que j’ai pu ressentir à la lecture de ce dernier texte.


Je ne crois pas qu’on puisse tomber amoureux d’un personnage de fiction. Je respecte bien sûr les personnes à qui cela a pu arriver. Mais, personnellement, j’ai appris très vite à faire abstraction de ce genre de sentiment durant mes parties. Je pense que tomber amoureux nécessite une alchimie qui ne peut pas se passer devant un écran fixe, surtout pour un personnage modélisé par ordinateur. Un portrait ne suffit pas.


Tout au long de mes critiques, j’ai expliqué mes émotions concernant l’évolution du comportement de Viconia. Mais, jamais sur Viconia, elle-même.


L’émotion que j’ai pu ressentir il y a près de dix ans, concerne la conclusion du récit entre le héros et Viconia. Elle est tragique. Belle mais tragique. Elle a enfin pu trouver la paix, après des années d’errance et a réussi à apaiser sa conscience. Elle se croit suffisamment en sécurité pour envisager de créer une famille avec le héros. Fonder une famille est un acte unique dans la vie d’une personne. L’éducation qu’elle donne à l’enfant montre combien le personnage a changé. Elle transmet les coutumes, les rites de son peuple à son fils. Mais, elle n’oublie pas de lui transmettre les coutumes et les rites du peuple de son compagnon. Ce n’est pas rien, quand on connaît son personnage au début du récit. Mais, ce bonheur est éphémère. Viconia a toujours averti le héros de ses peurs, concernant Lolth, qui essayerait un jour où l’autre de se venger. Mais penser, que cela arriverait au moment où les deux personnages pensent que leur passé d’aventurier est derrière eux …


Ce n’est pas une conclusion écrite par une personne qui effectue un travail alimentaire. Je n’y crois pas un seul instant. À l’image de l’écriture du personnage, ces dernières phrases ont été écrites par une personne passionnée par son travail et qui voulait transmettre cette passion aux joueurs.
J’aimerais un jour rencontrer cette personne, pour lui poser une seule question : « Comment avez-vous réussi à écrire de tels dialogues ? »


XIII- Conclusion


Au moment où j’écris ces lignes, je ne peux m’empêcher de penser que j’ai effleuré une partie de la saga Baldur’s Gate. D’ailleurs Sens Critique m’empêche de vous proposer mon travail en totalité (j’ai dû faire des coupures pour chaque critique). Mais, je pense qu’il est temps de refermer définitivement le livre.


J’aurais pu parler plus en détail de la modélisation du jeu, pour vous montrer que la série est encore à mes yeux magnifique. J’aurais pu vous parler du système de spécialisations concernant les armes. J’aurais pu vous parler en profondeur du système de combat. J’aurais pu vous parler de l’éventail des objets récupérés (armes, armures, potions, parchemins…). J’aurais pu parler de la richesse des environnements et de la direction artistique. J’aurais pu vous parler en détail de chaque compagnon. J’aurais pu parler en particulier de Sarevok. J’aurais pu parler de la Tour de Garde, un lieu complètement optionnel dans lequel se déroule pourtant les combats les plus difficiles de l’aventure.


J’aurais dû vous parler des musiques de la saga : https://www.youtube.com/watch?v=g8wwo7gpC3I (Baldur’s Gate I)
https://www.youtube.com/watch?v=W80tmfVcQCo (Baldur’s Gate II)
https://www.youtube.com/watch?v=F6SAKigP0Uk (Throne of Bhaal)


J’ai choisi de retranscrire par écrit, les émotions que j’ai pu ressentir il y a 10 ans, lorsque j’étais un jeune adolescent. Pas parce que j’ai eu envie de me démarquer des excellentes critiques que j’ai pu lire sur Internet ou dans des livres, ni par volonté artistique.
Depuis le début de l’année une sensation très étrange s’est emparée de moi. Une sensation que j’arrive difficilement à comprendre. J’ai envie d’écrire. Non, j’ai besoin d’écrire sur cette saga.
Pourquoi ? Honnêtement je ne sais pas. Je me retrouve comme il y a dix ans, incapable de comprendre.
Peut-être que j’y arriverai, dans dix ans.


La saga Baldur’s Gate est arrivée dans un carrefour entre le jeu vidéo et ma vie personnelle. Lorsque je débute la saga, je rentre à peine dans mes années de collège. Une période pleine d’expériences, où je n’ai cessé de me questionner sur le monde qui m’entourait. C’est aussi une période où j’ai dû prendre rapidement en maturité. Baldur’s Gate y a un peu contribué grâce à son récit et ses personnages.
Comme beaucoup d’enfants nés dans les années 90, j’ai beaucoup joué à ce média. Entre deux parties de football ou d’une balade en vélo.
Aujourd’hui je ne joue presque plus aux jeux vidéo. Deux titres par an grand maximum.
Je suis passé à autre chose. J’ai découvert d’autres passions et je me suis tourné vers d’autres formes d’art.
Oui, je considère le jeu vidéo comme un art. Un art qui mélange presque tous les autres : littérature, cinéma, musique, dessin, architecture, sculpture, animation…
Baldur’s Gate représente pour moi, l’apothéose du jeu vidéo. La fin de l’aventure de l’enfant de Bhaal marqua en quelque sorte, la fin de mon aventure avec ce média.


Alors que je commençais déjà à écrire la critique de Baldur’s Gate, le 6 juin 2019, Larian, studio de développement réputé pour la série des Divinity, a dévoilé une première bande d’annonce sur Baldur’s Gate III. Le jeu sortira certainement pour les 20 ans de Throne of Bhaal. L’annonce m’a pris un peu au dépourvu. Le hasard fait parfois bien les choses. Je regarderai le projet de loin. Le temps a passé et je ne suis désormais plus un joueur de jeu vidéo.
Après la déception des versions des titres remis au goût du jour, par Beamdog, Larian n’a pas le droit à l’erreur. Je pense que le studio sait et gèrera la pression qui pèse sur ses épaules. Je souhaite sincèrement que le studio accouche d’un excellent titre. Un titre qui je l’espère restera dans l’histoire du jeu vidéo pour faire honneur à son glorieux ainé. Ce serait le plus beau cadeau que Larian pourrait faire aux fans de la première heure de cette saga. J’espère que Baldur’s Gate III marquera les joueurs autant que la saga originale a pu me marquer.


Ma critique est bientôt terminée. Je souhaite sincèrement remercier toutes les personnes qui m’ont inspiré pour la faire. La liste va être longue, mais je ne souhaite oublier personne.


Merci à toute la communauté française pour avoir proposé à travers ses forums et ses sites, des discussions et des solutions sur la saga. J’ai commencé à faire mes premiers pas assurés sur Internet grâce à Baldur’s Gate. Il est donc normal que je pense à vous. Je me rappelle du forum de la Couronne de Cuivre (Isaya, Mornagest, Lothringen, Thot, Akadis, Bat, Morgul, Galathée, Althéa, Taliesin, Kasumi, Voyageuse, Le Marquis, Guigui), à celui de Jeux Online (Xor de Xirius), au forum Canard PC, au site de Melusane et de Kelek. Mais s’il ne devait en restait qu’un, ce serait le site L’Expérience Baldur’s Gate où j’ai découvert pour la première fois les pages Internet qui saccadent. Merci à toi LordTry, je garde avec ton site de précieux souvenirs !


Merci à toutes les personnes qui ont critiqué la saga. Avec vous j’ai aussi construit ma critique.
Je pense au départ au site Jeuxvideo.com. À la_redaction pour son retour sur Baldur’s Gate. À ce contributeur qui a aujourd’hui supprimé son pseudo pour la critique de Baldur’s Gate II. À Romendil pour Throne of Bhaal.
Je pense aussi à Sens Critique. À Karrie, Aramis, Geoffroy18, Makks, Morki pour le premier opus. À LeChiendeSinope, Karrie, Hypérion, CaliKen, Aramis, leo03emu, Tirpaud, Morki pour le deuxième. À Karrie, Grim, Aramis, Hypérion pour le dernier.
Je pense enfin au site du Serpent Retrogamer pour la qualité de l’article !


Merci à toutes les chaines sur Youtube qui ont posté des vidéos sur la saga : Akwartz pour avoir été un excellent testeur : https://www.youtube.com/watch?v=vMKW96zrNIs
Bibi300 pour sa critique acide des Enhanced Edition : https://www.youtube.com/watch?v=WSPn0afTjGw
KOKOStern pour son let’s play et sa personnalité :
https://www.youtube.com/watch?v=vzYN5ZJxyOM&list=PL4g_Nh4yhk-9KGs159_6hnFsg17BFru3U
Hth pour son obsession pour le moine :
https://www.youtube.com/watch?v=Dgw5MTDgrBc&list=PL1zpaSbWKCdV2iWIFweZiyE08sCaVEJoH
mistermv pour sa bonne humeur et sa tentative de commenter deux speedruns sur le jeu :

https://www.youtube.com/watch?v=3nhr_ARNTtg
Noah Caldwell-Gervais pour son retour sur toute la saga originale : https://www.youtube.com/watch?v=DjWWuUDtSaE
Et Chris Davis pour proposer des vidéos sur d’anciens jeux vidéos en vue isométrique dont Baldur’s Gate :
https://www.youtube.com/watch?v=OW_B03P6Xv0&list=PLG48nr_Xumx33H7uI2NxMNz_7Tu-jhRxY


Merci à toutes les équipes de développement et les éditeurs de la saga Baldur’s Gate : Bioware, Black Isle Studios, Interplay Entertainment. Je sais que le jeu vidéo est devenu une industrie et un business. Mais ce projet est aussi une preuve éclatante que la passion est le principal moteur pour créer des œuvres éternelles.


Merci à toutes les personnes qui ont travaillé directement ou indirectement sur la saga. Merci d’avoir laissé beaucoup de sueurs et certainement des larmes pour que les jeux puissent sortir à temps. Merci d’avoir sacrifié votre vie personnelle pour pouvoir boucler à temps le planning. Merci pour avoir transmis votre passion à des millions de personnes. Merci pour m’avoir fait grandir, réfléchir et mûrir tout en me divertissant.
Merci d’avoir laissé un supplément d’âme.


Merci aux personnes qui ont travaillé sur Viconia.


Enfin, merci sincèrement à toutes les personnes qui ont pu lire cette critique. Que vous ayez suivi cette histoire depuis le départ ou que vous l’ayez prise en route parce que vous êtes planté en cliquant par inadvertance sur votre téléphone, merci. Merci d’avoir pris le temps de la lire. Merci d’avoir supporté mon style d’écriture. Désolé pour les fautes, mes maladresses, mes élans d’émotion et la longueur de mes trois critiques. J’espère que vous avez pris un peu de plaisir à les lire.


Avant de partir, je souhaite vous parler d’une dernière chose.
À la deuxième page du livret de Baldur’s Gate II, il existe une dédicace faite par monsieur Ray Mizuka alors vice-président de Bioware Corp. Cette dédicace m’a mis une claque. Aujourd’hui encore je me souviens encore de ma réaction après avoir terminé de la lire :


« Est-ce que je suis vraiment en train de lire un livret d’un jeu vidéo ? »


Voici les mots qu’il a adressés à son ancien employé, Daniel Walker. Cette critique lui est dédiée.


DÉDICACE À DANIEL WALKER


Dan Walker a été le second employé de BioWare, ayant commencé à travailler fin 1995. Il est décédé le 6 juin 1999, de mort naturelle, en raison d’un problème physique qu’il avait depuis la naissance. Nous lui dédions Baldur’s Gate II: Shadows of Amn. Il est assez difficile de trouver les mots pour dire ce que nous pensions tous de lui mais c’est à moi d’essayer, alors je ferai de mon mieux. Dan était un géant, qui s’est battu contre une anomalie physique congénitale avec patience et stoïcisme. Je ne me souviens pas l’avoir jamais entendu se plaindre à propos de rien, bien qu’il aurait eu plus de raisons de le faire que bien d’autres. À de nombreuses reprises sa patience et son calme vis-à-vis de tout, ont été pour moi de véritables leçons de vie. Il était, et est encore, une source d’inspiration pour moi et bien d’autres à BioWare. Dan était un artiste au sens le plus strict du terme. Il appréciait plus que tout que les gens puissent voir et prendre plaisir à ce qu’il créait. Et ce qu’il faisait était très, très bon. Il a vécu sa vie comme si c’était une œuvre d’art. En y réfléchissant, il a certainement été un des piliers autour desquels BioWare s’est développé. Il nous manque terriblement.


Dr Ray Muzyka CEO adjoint, BioWare Corp.

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le 25 déc. 2019

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