Le marché vidéoludique asiatique commence à s'étendre en dehors du Japon et arrive en occident. L’année 2024 a accueilli notamment deux jeux : Stellar Blade et Black Myth : Wukong. Les deux ont reçu un accueil plus élogieux. Il est amusant de les mettre en parallèle : l’un est coréen, l’autre chinois. Ils s’inspirent chacun à leur sauce des codes des actions RPG à la Dark Souls. Pour couronner le tout, Wukong a eu l’honneur d’être parmi les nominés pour le prestigieux titre de Game of the Year aux Games Awards.
Black Myth : Wukong est un mélange entre Souls' Like et Boss Rush. La première catégorie fait débat et pourtant, il emprunte trop de traits à la licence de FromSoftware pour être ignoré. Jeu action, nerveux, exigent, on incarne un personnage qui semble être en bas de la chaine alimentaire, on possède des soins qui se régénèrent quand on se repose à un autel… Difficile de ne pas penser à Dark Souls. Ajoutez à ça le côté Boss Rush. Le jeu ne possède pas loin de 80 boss, pratiquement tous uniques. On les enchaine rapidement entre quelques trash mobs. La difficulté est certes élevée, mais n’est pas au point d’un Dark Souls. Du moins, pas toujours. En effet, si la majorité des boss sont faisables avec quelques tentatives dans le pire des cas, certains sont de vraies plaies. On peut bloquer dessus pendant de longues heures et mettre à l’essai nos nerfs. Généralement, le pique de difficulté se trouve à la fin d’un chapitre, où un boss plus coriace nous attend. Ces piques sont souvent aberrants. Mention spéciale aux boss de fin des chapitres 2, 4 et 5. Enfin, certains sont optionnels. On peut alors progresser dans l’aventure et revenir dessus plus tard. Malheureusement, un boss est indisponible à partir d’un moment. Pour faire apparaitre certains boss, il faut avoir de la chance ou une soluce, autrement, c'est impossible. Le genre de quêtes qui te demandent d’aller à trois lieux aléatoires en activant un objet bidon pour pouvoir accéder à une salle cachée, autrement dit un enfer.
Le gameplay est efficace sur quasiment tous les points. Que ce soit les attaques normales ou les sorts qui sont vraiment puissants et grisants, tout est satisfaisant à jouer. On a l’impression d’être réellement balaise alors qu’on se fait rouler dessus. Là où le jeu est catastrophique au point de rendre l’expérience par moment frustrante, c’est sur l’input lag. Il est abominable d’affronter un ennemi, d’appuyer sur un timing parfait à 100% et de prendre un coup, car la latence est infecte. Ayant joué sur PS5, j’ai cru comprendre que je n’étais pas le seul à avoir râlé sur cet aspect. J’ai donc diminué le nombre de FPS pour avoir un confort de jeu non optimal, mais déjà plus appréciable. Ajoutez à cela les animations qui sont longues comme des vieilles. On lance un move (soin, attaque ou sort), l’ennemi lance son attaque avant et nous bat ainsi. Frustrant. Quand le jeu est exigeant, il doit être irréprochable sur ce genre d’aspects. De ce fait, les combats sont plus durs, mais pas pour les bonnes raisons. Ajoutez à cela encore une fois les saccades d’image intempestives sur certains combats et le jeu peut devenir injouable. C’est extrêmement rare et apparemment propre à la version PS5, mais ça reste honteux. Surtout que la sortie de cette version a plusieurs mois maintenant. La cerise sur le gâteau est cette caméra pétée qui ne suit pas assez vite l’ennemi ou alors ne focus pas au bon endroit.
Néanmoins, on est happé par l’ambiance et l’esthétisme du jeu. C’est beau comme un camion. Malheureusement, le jeu est bourré de murs invisibles désagréables. Pour une raison inconnue, arrivé au chapitre 3, ces murs deviennent occasionnels et on tombe comme un blaireau. Le bestiaire est riche et ne présente quasiment aucun swap color. C’est rafraichissant d’avoir une nouvelle mythologie exploitée ainsi. Les musiques oscillent entre orchestre symphonique et style traditionnel. Mention spéciale au yaoguai sans tête qui chante durant le chapitre 2. La narration est moins nébuleuse qu’un Dark Souls, mais reste parfois avec des zones d’ombres. Le doublage chinois est très immersif et appréciable. Dommage que les sous-titres étaient si petits. Enfin, chaque fin de chapitre est accompagnée d’une saynète animée avec une chanson, c’est réellement génial. Une récompense hyper plaisante.
Bref, Black Myth Wukong est une bonne surprise. Malgré un gameplay entaché par l’optimisation pourrie sur PS5, suivre l’histoire du prédestiné dans une ambiance aussi réussie est remarquable. On est loin du GOTY, mais on peut comprendre pourquoi il fait partie des sélectionnés. Malheureusement, il tutoie la dinguerie dans les deux sens : bon et mauvais. Il me tarde de voir ce que le marché asiatique a à nous proposer à l’avenir.