Bomb Chicken
6.5
Bomb Chicken

Jeu de Nitrome (2018PC)

Temps de jeu : 10 heures
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#16]

Ce n’est un secret pour personne, Octopath Traveler est un rouleau-compresseur dans le monde entier. Même le portage de Captain Toad : Treasure Tracker semble difficilement rivaliser (au Japon, tout du moins). Que dire alors de tous ces petits titres indépendants, dont fait partie Bomb Chicken, eux aussi sortis dans l’ombre du colosse nippon ? Développé et édité par Nitrome, que les habitués de jeux flash connaissent certainement, le jeu invite les joueurs à incarner une poule pondeuse de bombes et devant s’échapper de la terrible usine de BFC. Ni une bombe latine, ni une bombe platine (DJ !), le soft anglais est disponible depuis le 12 juillet dernier sur le Nintendo eShop. Ce platformer aux accents de réflexion et de casse-tête parviendra-t-il à faire succomber le plus grand nombre, ou au contraire y laissera-t-il des plumes ? Éléments de réponse dans ce test explosif.

T’es une bombe, ma poule

BFC, géant suprême des chaînes de fast-food, règne sans partage sur le marché de la malbouffe. Le secret de leur formidable domination ? Une étrange et pimentée sauce bleue, dont la provenance ne vient de nulle autre part que des poules elles-mêmes. Malheureusement pour BFC et ses employés, un terrible accident provenant de leur abattoir a donné naissance au héros le plus fantasque qui soit : une gallinacée pondeuse non pas d’œufs, mais de bombes ! Bien décidée à survivre coûte que coûte et à libérer les siennes, l’héroïne de ce titre haut en couleur se voit néanmoins dépossédée d’une aptitude pourtant essentielle dans un jeu de plates-formes. Bien plus dodue que ses consœurs, la poule mutante ne pourra en effet jamais sauter et encore moins voler. Son truc à elle, c’est de poser quelques bombes ici et là, de les empiler tout en les chevauchant pour traverser obstacles, pièges et ennemis, ou encore de les projeter d’un coup d’épaule à en faire frémir le gracieux Wario.

Dit comme ça, Bomb Chicken pourrait sembler chiche et peu novateur dans le genre surexploité du platformer. Pourtant, bien que très limitée, sa palette de mouvements n’empêche pas le jeu de proposer un tas de situations diverses et variées. Le level design, pensé et réfléchi en amont, ne cesse jamais de se renouveler pour exploiter au mieux toutes les subtilités de la pose de bombes. Certes, il y a bien quelques passages un poil trop convenu ici et là, mais rien de bien méchant, surtout en comparaison des chouettes trouvailles qui parsèment l’aventure du début à la fin. Passer au-dessus d’un piège demandera de pondre une pile de bombes pour se laisser tomber de l’autre côté. Activer un interrupteur placé après un étroit tuyau – inaccessible pour la grosse poule – obligera le joueur à pondre une bombe et taper dedans pour la faire rouler-bouler. Parfois, il faudra user des panneaux rebondissants pour faire voyager le fruit de ses pontes explosives, ou encore gérer correctement le timing de leur détonation afin d’accéder à des lieux secrets.

Saucé comme jamais

Les bombes permettent en outre de se protéger de projectiles ennemis, de détruire des murs bourrés de gemmes bleues à collecter, de détruire des portes, d’annihiler des ennemis ou encore de brûler des surfaces inflammables. Malgré ses mécaniques de jeu épurées, Bomb Chicken propose une variété folle quant à leur utilisation. S’il fallait avoir un regret, ce serait que peu d’entre elles soient vraiment exploitées à fond. Mis à part les tours de bombes, la majeure partie ne se verra réutiliser que lors de deux ou trois niveaux, sur les vingt-neuf qui composent l’aventure. C’est évidemment trop peu, et même si le joueur ne s’ennuiera jamais durant son périple, tout ça laisse un sentiment d’inachevé. En parlant de chiffres, le joueur pourra boucler le jeu en cinq petites heures en ligne droite, six pour le 100 % ; la complétion du titre n’est pas difficile, puisque demandant seulement de récupérer les deux cent cinquante gemmes bleues, toutes échangeables contre des cœurs supplémentaires.

Une fois le premier tableau d’un niveau passé, chaque mort s’ensuivra d’une perte de cœur. Une fois arrivée à zéro, la poule dodue devra recommencer le stage en question. N’ayez crainte, tant que le joueur ne quitte pas la zone traversée ou le jeu, la progression de la collecte des gemmes du niveau ne sera pas perdue. C’est assez utile, puisque la mort peut subvenir facilement. Complété ou pas, Bomb Chicken n’offre pas de fins différentes ou un quelconque autre bonus. Parfaitement adapté en mode portable, le soft n’est pas non plus désagréable en mode téléviseur, surtout qu’il a l’avantage de ne pas souffrir d’un bug rare propre au jeu nomade. En effet, durant une longue session d’utilisation, Bomb Chicken a commencé à ralentir de plus en plus, jusqu’à en devenir injouable. Le framerate ne reviendra à la normale qu’en relançant le soft ; qu’importe s’il s’agit du tableau final de l’avant-dernier niveau du jeu, lequel se révèle particulièrement corsé, alors que jusqu’ici, Bomb Chicken se dessinait comme une véritable ballade de santé.

Nitrome et pas assez

En dépit d’un souci pouvant ternir l’impression finale du joueur, ce dernier s’émerveillera surtout de l’enrobage du titre, notamment visuel. Là encore, le mode portable aura la préférence de bon nombre, tant le pixel-art y gagne en finesse. Les personnages sont rondouillards et mignons, leurs couleurs chatoyantes, a contrario des décors, plus sombres. Trois mondes, trois ambiances (l’usine, la jungle et les souterrains magmatiques) donneront le ton du jeu, chacun comportant des variétés d’ennemis qui leur sont propres ou non. Outre un bestiaire varié, Bomb Chicken brille surtout dans ses animations, particulièrement soignées et fluides, et ses environnements destructibles ; jarres, caisses, nids, tout y passe et peu importe si aucun ne renferme de secrets. Le joueur sera néanmoins bien moins enclin à apprécier la bande-son, finalement très pauvre et peu mémorable une fois le premier monde passé. C’est d’autant plus dommage que ce dernier possédait des sonorités similaires à un Wario Land 4, assez unique dans son genre.

Les bruitages s’en sortent quant à eux bien mieux, notamment dans la retranscription sonore des explosions et des caquètements. Bomb Chicken perd également parfois en lisibilité, surtout lorsque le joueur tend à pondre des tas de bombes ; l’écran tremble, l’image se dédouble, et lorsqu’il faut éviter deux ou trois projectiles en même temps, la fin se montre rarement heureuse. Le scénario, pourtant très en retrait, ne répond jamais vraiment aux questionnements du joueur, et encore moins à sa propre réflexion : qui de la poule ou de la bombe est arrivée en premier ? Le jeu aux Joy-Cons frustrera les moins patients d’entre vous, souffrant parfois d’un manque de précision propre à ce genre de jeu, comme ils peuvent déjà l’être sur un Super Meat Boy ou un Celeste. Enfin, les vibrations HD sont dosées avec parcimonie et se montrent finalement agréables, quoique trop légères quant à leurs retranscriptions des actions en jeu. Il aurait été plus sympathique de vraiment sentir la sensation d’une bombe rouler au sol, ou la ponte de l’une d’entre elles. Le titre coûte actuellement 13,49 € ; un peu cher compte tenu de la durée de vie et du contenu.

Verdict : Oui !

Bomb Chicken n’est certainement pas le jeu de l’année et encore moins de la décennie, mais à bien des égards, il ne mérite qu’amour et tendresse. Il est beau, délicieusement barré et fun à parcourir, quoiqu’un peu avare en contenu et dans sa bande-son. Parvenant à se réinventer tout le long de ses vingt-neuf niveaux, allant même jusqu’à offrir trois boss inattendus, le titre de Nitrome se présente bien plus comme un jeu de réflexion et de casse-tête qu’un platformer pur et dur (comme un certain Captain Toad : Treasure Tracker) ; ce qui n’empêche pas notre poule bien dodue d’éclater quelques monstres et de traverser des pièges par dizaines. Le flow continu et l’intérêt qu’il parvient à garder, couplé à un level design carré et un gameplay épuré, mais pas dénué de variances, font qu’il est impossible de ne pas recommander ce petit jeu tout simplement fun et adorable.

Créée

le 3 juil. 2022

Critique lue 217 fois

Kalimari

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