Comment peut-on placer un jeu de mot pareil dans un jeu qui se veut si propre et onirique? Kojima si t'étais mon pote j'aurais trinqué kampai avec toi et tapé dans ton dos en disant "mec t'es trop con".


Hors de ça, ma critique est rédigée en écoutant BB's theme, donc si vous y avez joué, n'hésitez pas à vous plonger dans l'ambiance avec ça. Sinon, et si vous comptez y jouer, ne vous gâchez pas la surprise d'entendre ce morceau pour la première fois dans son contexte.


Critique super riche en divulgâchage à partir du titre sur l'histoire. Ne pas lire cette partie si vous comptez y jouer. Jusqu'à là, par contre, c'est bon.



Chronopost simulator



Avant d'entamer le gros morceau, voici le ludème principal du jeu: livreur de colis post-apo. Que vous soyez de l'équipe Chronopost à vous faire martyriser par le jeu ou de l'équipe Fedex à toujours être à l'heure avec des colis nickel, il y en a pour tous les goûts et, si vous choisissez le bon mode de difficulté, vous allez morfler par moments.


Y'a qu'à se balader dans l'univers impitoyable du jeu: la pluie est en fait mortelle et on peut dire que l'infrastructure pour le transport de biens est inexistante. A Sam, le héros, de braver rivières, cîmes enneigés, PNJ paranoïaques qui en veulent à votre cargaison - voire à votre vie -, cratères, canyons et les fameux ectoplasmes qui font le sel du jeu.


Le jeu est extrêmement poussé sur cette presque unique mécanique: les colis ont des points de vie, des points d'intégrité du conteneur, parfois des instructions spécifiques (garder à plat (la pizza), ne pas submerger (les asticots du turfu), garder au froid (les produits périssables), ne pas cogner (la dame qu'on porte sur son dos??), ne pas secouer (la bombe à antimatière????) etc etc... Il y a d'ailleurs souvent un délai pour certaines missions qu'on doit réussir dans un temps imparti, souvent ridiculement élevé d'ailleurs.


Il y a tellement de conseils dans le jeu que même après avoir terminé le jeu j'en reçois encore, il doit y en avoir plus d'une centaine, c'est dire le nombre de mécaniques.


Pour corser le tout, le jeu permet de faire les missions en mode "légendaire" et corser bien comme il faut la difficulté. Essentiel en fin de partie lorsqu'on maîtrise les mécaniques et qu'on s'ennuie.


Le gros point noir de la partie jeu concerne les combats. Parce que ce n'est pas juste un simulateur de balades, tous les "boss" ne sont pas des partenaires logistiques de la SNCF: ce sont des gens ou choses à zigouiller et franchement, que c'est laborieux. Pour moi ce n'était absolument pas nécessaire d'avoir à tirer dessus pour les flinguer, c'est dommage d'avoir créé cette mécanique.


Parmi les autres missions, il y a également de quoi aller chercher des objets volés dans des camps de méchants, rébarbatif parce que eh, l'infiltration est totalement aux fraises et que, comme je viens de le dire, la partie tir est complètement naze. J'ai eu beaucoup d'énorme flemme de réaliser ces missions, contrairement aux autres.


En gros, attendez-vous à crapahuter. Puis en milieu de partie, à chevaucher des motos et des petits transporteurs antigrav et en fin de partie, à réellement endosser le livreur en vous avec le fourgon aux capacités de franchissement hors du commun ou encore de jouer à tarzan avec un réseau de tyroliennes qui permet de dire adieu à toute difficulté.



9ème art - un archétype



Quel casting, j'ai joué à un film. Plus de deux heures de cinématiques, des graphismes magnifiques, des expressions faciales crédibles, des animations presques parfaites (Léa Seydoux me paraissait... Etrange? Non mais plus que d'habitude). C'est beau à en chialer bordel.


Quelle claque artistique. Le jeu a beau représenter des terres désolées et vides, c'est beau. C'est fait avec minutie, soin, amour. La bande son, créée avec une dizaines de grands artistes est superbe. Elle sait se faire petite et efficace par moments, théâtrale et grandiose dans d'autres. Ça sonne juste.


Ne vous laissez pas berner: le jeu a une grande dimension cinématograpghique. Et de toutes façons, tous les jeux qui ont une histoire à raconter ont leur proportion de cinéma. Ici, on recoupe les deux media, sans subtilité. C'est une fusion réussie et pas un simple jeu FMV.


Les protagonistes et antagonistes sont travaillés, l'histoire se déroule sans accroc, pfiou heureusement que j'ai un bel écran et une bonne bécane pour en profiter.


Rien que pour ça, il faut tester Death Stranding.


Divulgâchage à partir de ce point.



Guillermo del Toro, dans le rôle de Frankenstein



Mais bordel Kojima t'as pris quoi avant d'écrire le script? Des mecs qui ont des surnoms (Die-Hardman? Franchement?), des dauphins ectoplasmiques qui t'attaquent dans une marée de goudron quand tu te fais choper un pied par un spectre volant en laisse par un cordon ombilical de l'espace? Des bébés pas vraiment vivants mais pas morts non plus qui détectent les morts dans le monde des vivants par un sonar d'outre-monde? Des archéologues qui creusent à coup de bombes à antimatière? De la pluie qui fait vieillir mais pas le reste de l'eau parce que ha y'a touche chat perché? Une plage islandaise pour représenter l'antichambre des morts? Des morts qui transportent de l'antimatière et qui tuent les vivants par leur contact? Un héros qui meurt mais revient à la vie avec son matos s'il meurt? Un réseau internet qui passe par l'antichambre des morts pour éviter le lag???


Quoi la baise Kojima.


J'ai suivi l'histoire jusqu'au bout, sans problème. Franchement punaise parfois ça ne fait aucun sens. Si Sam est le BB du début, qui est le BB de Sam dans ce cas? Pourquoi Bridget se fait-elle si chier dans son antichambre mortuaire et qu'elle veut provoquer la fin du monde? Elle n'aurait pas pu le dire plutôt que de tout faire péter? Et Sam qui se barre en foutant un gros vent à Fragile à la fin de l'histoire, mais mec tu t'es fait de super potos, arrête d'être si taciturne et grincheux merde!


Et c'est quoi le vog? Pourquoi avoir ajouté cette mécanique juste pour cette petite crevasse nulle? Pourquoi le monde est goudron? C'est quoi ces routes qui tiennent dans le vide? Comment ça marche cette capuche quand y'a du vent? C'est le bazar.


Franchement quoiqu'on en dise, même si l'histoire tente de son mieux pour se rendre crédible, les protagonistes sont trop naïfs pour qu'on s'y attache (sauf Sam, mais lui c'est l'excès inverse) et les explications "scientifiques" du phénomène de "l'échouage mortel" (c'est beau en français, hein?) sont beaucoup trop bordéliques pour convaincre. Et merde d'ailleurs, pourquoi ne relier que les Etats-Unis? Le Canada et le Mexique boudent? Et pourquoi est-ce impossible de balancer un bateau transatlantique/transpacifique pour voir ce que font les voisins? Non franchement l'américano-centrisme du jeu le dessert. Ce qui est con pour un jeu Kojima.



Con-conclusion



Le jeu vaut le détour. Pour ses mécanismes à vous fair haïr toute quête FedEx dans les autres jeu, sa direction artistique léchée. Mais accrochez-vous pour l'histoire, ça secoue.

Oulumor
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les jeux sur lesquels vous avez passé le plus de temps en 2022

Créée

le 10 févr. 2022

Critique lue 31 fois

Oulumor

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