Discworld
7.5
Discworld

Jeu de Perfect Entertainment, TWG et Psygnosis (1996PC)

Tout ce qu'un point and click ne doit pas faire est là, ou presque.


Plutôt joli, pas très bien animé (mais pardonnable), le personnage principal Rincewind est doublé par Eric Idle qui reprend son rôle des Monty Python, et ça c'est super. On retrouve d'ailleurs pas mal de références au Flying Circus comme le bibliothécaire simiesque et bien d'autres (qui sont peut-être tirées des œuvres de Pratchett, mais le Flying Circus les précède de 10 ans au moins), alors pour les fans des Pythons comme moi, ce sont des clins d'œil amusants.
Mais alors le jeu est une telle tannée…


Je suis plutôt patient (habitué des point and click, je suis du genre à tout observer, épuiser chaque ligne de dialogue pour le plaisir), mais en fait, tout vient du game design. J'avais des souvenirs d'ado où ce jeu m'avait rapidement bloqué sans que j'aie même envie d'imprimer une soluce de l'ETAJV. Et maintenant je me souviens pourquoi.


Le jeu est en anglais (la VF a des sous-titres français). Les dialogues sont remplis d'humour britannique absurde (dont je suis client), mais ça ne fonctionne pas bien, car il est pratiquement impossible de trier le grain de l'ivraie, de savoir si c'est un indice détourné ou juste une blague absurde. Et comme les dialogues sont très longs, on se retrouve submergé d'information (et d'objets, d'ailleurs), non seulement ce qu'on doit faire n'est jamais clair, mais en plus l'ennui guette car on a l'impression d'être mené en bateau et de perdre son temps. Et même quand j'ai une idée, le jeu passe son temps à redéfinir les règles. Il y a du pixel hunting, des énigmes qui demandent un timing très précis (donc à moins d'être certain de ce qu'il faut faire, on se dit que c'est pas ça), des trucs qui apparaissent dans des lieux déjà visités à différents moments du jeu, des actions logiques impossibles à réaliser mais qui le deviennent plus tard, des mécanismes qui n'apparaissent qu'une fois (genre utiliser un objet dans l'inventaire, on ne peut jamais le faire, sauf une fois et sans raison particulière) et des énigmes tout simplement incompréhensibles (


genre ligoter une pieuvre puis la mettre dans les toilettes et ensuite la recouvrir de crème pâtissière, comme ça quand le poissonnier va aux toilettes, on sait pas trop ce qu'il se passe mais on peut récupérer sa ceinture, voilà, comme ça tu sais


). Si on ajoute à ça que l'on va au cours du jeu revisiter les mêmes lieux accessibles dès le début, en boucle, qui sont parfois grands, dont on ne peut pas sortir en invoquant une carte ou en double cliquant (il faut attendre patiemment que Rincewind se déplace pour faire bouger la caméra et cliquer encore et encore, et si on double clique sur une porte… elle s'ouvre, mais on y entre pas), on se retrouve avec une expérience qui devient très vite lassante. Seul bon point, ce n'est pas un jeu où l'on risque de mourir à chaque action, mais il y a quand même une énigme avec un "softlock" (en gros si on ne fait pas exactement ce qu'il faut faire, on ne peut plus avancer, il faut revenir à une ancienne sauvegarde).


Bref, un véritable cliché des erreurs du jeu d'aventure de son époque, très loin d'un Curse of Monkey Island (1997), Day of the Tentacle (1993), Sam&Max (1993) ou Broken Sword (1996). Je m'y suis replongé avec une soluce, mais je n'y ai pris aucun plaisir, puisque l'on a à aucun moment la satisfaction de faire avancer l'histoire par soi-même. Ça rappelle à quel point faire un bon jeu d'aventure est difficile. Et à ceux qui pensent que c'est normal de jouer à un jeu d'aventure avec une soluce, non, ça ne devrait pas l'être. Mais celui-ci n'est pas faisable sans.

Yohmi
3
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le 25 avr. 2022

Critique lue 81 fois

Yohmi

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