Fini à 100 %, et même 103 % si on inclut les 1000 bananes et les quelques 110 disques à collecter.
Que dire que mon expérience fut intense sur ce Donkey Kong Bananza. Déjà par rapport à mon affect à licence Donkey Kong, que j'attendais de voir revenir sur le devant de la scène depuis tant d'années déjà. Et pour un retour en fanfare, c'était un virage il faut dire assez risqué : exit la plateforme exigeante des épisodes Country, place aux joies de l'exploration dans la destruction de décors : promesse qui au départ soulevait beaucoup de questions dans mon esprit après un premier contact brouillon au Grand Palais. Des craintes heureusement rapidement envolées après les premières heures suivant le véritable début du jeu, sans parler de la dernière ligne droite qui devrait rester dans les mémoires collectives.
Ce qui frappe d'emblée c'est la limpidité dans la synchronisation des séquences de jeu. Si ingurgiter toute l'étendue de la panoplie de Donkey et de ses transformations peut demander une phase d'adaptation, le tout fait très rapidement sens, et diriger notre gorille n'a jamais été aussi jouissif. Encore plus quand on comprend l'intérêt de l'interactivité avec l'environnement. Chaque partie du décor étant un élément servant à la progression, le joueur fera d'un morceau de rocher un projectile explosif, ou encore une planche de surf de fortune. Le grès se brisera au moindre coup de poing, à l'inverse du fer. La neige tombera sous votre poids, le roche arc-en-ciel vous fera gagner de l'altitude, tant d'exemples qui offrent un renouvellement constant dans la façon d'atteindre un objectif, et qui contribuent au game-feeling nouveau du jeu.
J'ai aussi beaucoup aimé la dynamique entre "Diké" et la jeune Pauline. Si l'histoire est finalement assez en filigrane d'une aventure qui incite avant tout à l'errement dans ces strates qui mèneront nos héros jusqu'au coeur de la planète, le jeu a l'intelligence de développer leur alchimie par des détails, qu'il s'agisse de discussions nocturnes à chaque nuit passée dans un foyer, ou d'animations mignonnettes. En ce qui concerne la cohérence de l'univers, et sans trop en dire, le jeu tente de justifier sa logique, qui pourra faire sens si tant est que vous ne prenez pas trop au sérieux le réalisme dans les franchises Nintendo, jamais très avares avec les adeptes de fan-service, qui tireront à coup sûr leur larmichette une fois arrivés aux crédits et à la chanson de fin.
Pour autant je vois bien que la formule, aussi captivante fût-elle pour moi, n'est pas sans fausse note : boss sans relief jusqu'au dernier tiers, challenge tardif, phases de collecte qui, bien que davantage justifiées que dans Mario Odyssey, ne réconcilieront pas les plus allergiques, phases de destruction parfois éreintantes visuellement avec une lisibilité pas toujours évidente dans les endroits exigus... C'est plus personnel, mais je trouve aussi que les zones auraient gagné à être davantage homogènes au niveau du soin apporté à l'ambiance. Bien que je comprenne la volonté d'amener des intermèdes entre chaque grosse zone, c'est un pari à moitié réussi à mon sens au vu de la nature "bruyante" d'un jeu où l'action laisse peu place aux moments de pause.
Cela ne vient pas entacher l'expérience globale que j'ai eu avec le jeu qui m'aura scotché pad en main des dizaines d'heures durant, à tel point que ce n'est plus la recherche des objectifs post-game qui me retenait, mais simplement le fait de jouer. Un jeu imparfait certes, mais un jeu majeur, incroyablement généreux, et surtout une véritable lettre d'amour envoyée à l'adresse des aficionados du grand singe, en espérant un Bananza 2 qui creusera dans le sillon de son prédécesseur pour l'emmener toujours plus loin, vers des strates inconnues.