Drag x Drive
5.2
Drag x Drive

Jeu de Nintendo (2025Nintendo Switch 2)

Temps de jeu : 10 heures
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#120]

Disponible le 14 août prochain pour un peu moins de vingt euros, Drag x Drive est annoncée comme une nouvelle expérience multijoueur, mêlant motion gaming et utilisation du mode souris. Un projet au scope réduit qui a la lourde tâche (avec Kirby et le monde oublié – Nintendo Switch 2 Edition + Le pays des étoiles filantes) d’occuper le planning des productions Nintendo jusqu’au 16 octobre avec Légendes Pokémon : Z-A. Si le titre s’était déjà dévoilé explicitement au grand public avec l’événement Global Jam le temps de quelques heures, nous avons pu profiter d’un accès total au jeu pour l’exploiter à fond dans le cadre de ce test (que l’on promet sans référence à un quelconque hashtag de Gradur). Basketball et handisport forment une recette rarement exploitée dans le média du jeu vidéo, qu’il convient encore de faire fonctionner à la perfection. Et ça, c’est pas gagné…

Cinquante Nuances de Gris

À notre arrivée dans le tutoriel, un premier constat, glacial, s’impose forcément : Drag x Drive est un titre austère, dont la direction artistique ne ressemble en rien ou presque aux productions du petit artisan. Il suffit de repenser à ARMS et ses personnages haut-en-couleur, à Splatoon et son excentricité assumée ou encore à Ring Fit Adventure et sa manière grisante d’aborder l’exercice physique. Drag x Drive lui, se sent obligé de refréner ses ardeurs en gommant un quelconque éclat ou motif de couleur. La faute de son approche du handicap peut-être, évitant soigneusement de rendre « cool » la situation d’une personne à mobilité réduite ? Toujours est-il que l’ambiance, morose, reste un véritable obstacle à la découverte du titre ou même de son potentiel achat. Plus encore quand le hub du jeu, un parc disposant de deux terrains de basketball et de multiples annexes dédiées à des épreuves et autres mini jeux, censé invité à l’amusement, semble plongé dans un manteau grisâtre particulièrement triste.

Ce même hub, dans lequel jusqu’à douze joueurs peuvent se rejoindre, dispose également d’un accès aux tutoriels basiques du titre et d’un mode spectateur. Ces modes, au même titre que les mini-jeux et l’accès aux terrains, sont disposés à des endroits précis du hub, auxquels il faut se rendre en roulant. Les Joy-Con 2 disposés en mode souris, il faut les faire glisser vers l’avant ou l’arrière pour avancer ou reculer, de manière plus ou moins ample selon la vitesse recherchée. Ne faire glisser qu’une des deux manettes permet de tourner à gauche ou à droite. Les gâchettes ZR et ZL servent de freins, mais donnent également accès à la réalisation de figures, comme se tenir sur une roue ou effectuer un petit saut, particulièrement pratiques pour défendre ou tirer au panier. Sur le papier, Drag x Drive a tout ce qu’il faut pour proposer un gameplay simple à appréhender, mais difficile à maîtriser. Dans les faits, si cette idée n’est pas totalement fausse, force est de constater que tout n’y est pas parfait…

Des Bâtons de Joie dans les roues

ARMS proposait une emphase sur le jeu au motion gaming, mimant la boxe tant bien que mal, tout en proposant un jeu plus classique aux sticks et autres boutons. Drag x Drive lui, ne fait aucune concession, ne proposant ainsi aucune autre alternative aux contrôles de base. Impossible donc de changer le mapping en jeu, contrairement aux options de caméra et autres indicateurs (ballon, adversaires, alliés, score…). On comprend évidemment la démarche du studio, assumant jusqu’au bout son parti pris et la volonté de faire du titre une vitrine technologique des Joy-Con 2, mais on ne peut s’empêcher de grimacer quant à la possibilité de rendre le titre pleinement précis. Car, vous vous en doutiez, allier les errances du motion gaming à la position particulière du mode souris engendre inévitablement une maniabilité particulièrement pénible.

Il faut se montrer rigoureux dans l’exécution des gestes, laquelle s’ajoute à la maniabilité toute aussi particulière d’un fauteuil roulant, afin de marquer son panier à trois points (ou plus, selon si on effectue un Bunny Hop, le fameux petit saut). C’est ici que les meilleurs se démarqueront des moins bons, pour sûr, mais après plusieurs parties contre des IA ou des joueurs bien réels, le niveau de jeu éprouvé s’apparente davantage à une confrontation d’U7 pleine de maladresses que d’une finale de NBA. En ressort alors bien plus de frustration que de réel plaisir, pour peu qu’on n’écourte pas notre session de jeu suite à des douleurs au niveau des avant-bras. L’auteur de ces lignes s’est pourtant essayé à tout un tas d’installations diverses et variées, de la plus classique à la plus étrange : sur un bureau en mode « sur table », avec et sans tapis de souris, les Joy-Con 2 sur les cuisses en s’asseyant sur le canapé… Rien n’y fait, après une quinzaine de minutes à frotter la surface plane du moment, il nous a fallu faire une pause pour soulager le corps (et l’esprit).

La Drag ne fonctionne pas

Techniquement, Drag x Drive s’en sort avec les honneurs. Pas particulièrement impressionnant, il n’en demeure pas moins intouchable quand on se penche sur son framerate. Sur téléviseur ou en nomade, le titre est propre et se joue sans accroc de performance ; un point positif indispensable pour un jeu en multi qui se veut un tant soit peu compétitif. Le netcode semble lui aussi maîtrisé, mais le panel de joueurs avec lequel nous avons joué était limité. Ce faible nombre de participants n’a en rien empêché la présence de mauvaises connexions internet, certainement via un Wi-Fi dégradé, mais même là, aucun lag ou freeze n’est venu ternir la qualité de nos matchs. Enfin, une ultime note sur le hub : en plus de pouvoir rejoindre une salle aléatoire, il est également possible d’en créer une pour n’être qu’avec des amis. De quoi rendre l’expérience plus agréable, notamment via GameChat.

Seul, on finira par faire rapidement le tour de Drag x Drive. Il y a bien quelques médailles à collecter via les différents mini-jeux et autres matchs contre l’IA, lesquelles débloqueront des variantes de casque pour notre avatar, mais rien d’assez folichon pour nous tenir en haleine des dizaines d’heures durant. Et bien que l’on puisse personnaliser les couleurs de nos équipements, fauteuil roulant compris, ou encore choisir un archétype de joueur (Meneur pour la vitesse, Pivot pour la récupération de balle et Ailier pour un entre-deux), on peine à imaginer le jeu en ligne rester populaire assez longtemps pour ne pas devenir un « dead game ». Rien qui n’empêchera de trouver des parties dans un temps acceptable, mais la communauté risque de se réduire drastiquement au fil du temps, tout en proposant un niveau de jeu trop homogène et élevé pour de futurs vrais débutants. À ce titre, la qualité du matchmaking reste encore à prouver. Finalement, le véritable candidat capable de faire durer le plaisir sur la durée reste les mini jeux (concours de tirs, courses, attrape-balle…).

Conclusion

À l’image de sa direction artistique maussade, Drag x Drive ne nous a pas franchement inspiré confiance, sans toutefois nous avoir déplu. S’il possède de chouettes idées et un concept aussi peu banal, son manque d’identité visuelle et de précision dans son gameplay a des chances d’annihiler toute envie de relancer le jeu, une fois la phase de découverte passée. Pour vingt euros, on ne s’attendait pas à bien plus qu’une petite expérience unique en son genre, mais en la comparant à des jeux complets pour – parfois – moins cher, on ne peut que difficilement recommander l’acquisition du titre au plus grand nombre, surtout si l’on est allergique au motion gaming. Pour le reste (c’est-à-dire les curieux, ceux qui ont suffisamment d’amis motivés pour former une ou deux équipes, ou ceux qui sont suffisamment précis à la souris et au motion control pour passer outre les potentielles frustration de la maniabilité), Drag x Drive aura de quoi occuper quelques soirées. Comme Nintendo Switch 2 Welcome Tour, la dernière production de Nintendo aurait davantage bénéficié à être intégrée à la console comme démo technique.

Créée

le 12 août 2025

Modifiée

le 12 août 2025

Critique lue 14 fois

Kalimari

Écrit par

Critique lue 14 fois

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