La formule Mother en bien mieux !

Il y a dix ans je m'étais donné pour but de finir la plupart des RPG connus (notamment les Final Fantasy). Un des derniers jeux que j'avais fait avant d'abandonner cette quête impossible, c'était Mother sur NES (maintenant connu sous le nom de Earthbound Beginning.) J'en garde le souvenir d'un jeu très chouette, qui s'amusait avec les codes des RPG de l'époque pour les transposer dans un milieu où l'on est un petit gamin et où l'on doit lutter contre des objets qui prennent vie. J'avais le souvenir d'un scénario difficile à comprendre où à la fin le héros bat l'extra-terrestre qui en lui jouant la musique qu'il écoutait enfant... car celui-ci aurait été élevé par des humains. C'était pas très clair et je me souviens surtout que le RPG partait sur quelque chose d'assez ésotérique et qu'on y trouvait des gens qui vivaient dans les nuages.

Earthbound (ou Mother II) quant à lui est disponible depuis le 10 février sur Switch pour les utilisateurs du Nitnendo Switch Online, je me suis donc pas fait prié pour le faire. Et effectivement si le jeu pouvait ressembler à un remake du premier (on suit de nouveau un personnage nommé NESS ou NINTEN qui va parcourir le monde à la recherche d'un moyen de battre des extra-terrestres qui transforment les gens et les objets en ennemis et qui va au fur et à mesure rencontrer des alliés) il est une version améliorée de l'opus sortie sur la console 8 bit de Nintendo.

Une parodie avant tout :

Déjà, j'avais pas souvenir que c'était si drôle. Ne serait-ce que dans ses dialogues.... et à vrai dire ça devait être le cas. Faut se souvenir que la SNES était une révolution au japon parce que l'on pouvait enfin inclure tous les caractères japonais et pas simplement une version simplifiées de l'alphabet. Du coup, ils pouvaient se permettre d'être bavard et de donner beaucoup plus de vies aux dialogues et aux personnages.

Et là, ils se sont donnés à fond dans la parodie : personnages idiots, parodies des RPG, brisage du 4ème mur, sans parler des tas de situations où le jeu a su se montrer particulièrement créatif notamment dans le concept de ses donjons (notamment deux créé par un amateur de créations de donjons qui met des panneaux partout pour expliquer sa création, ou celui où il faut passer son temps à échanger des objets avec des singes pour espérer aller à la fin.) Sans parler d'un très grand nombre de clins d'oeils à l'univers de la pop culture, notamment tout ce qui est musique rock (la musique des ennemis ressemble à Johnny B Goode, on trouve un sous-marin jaune et un chien de diamant... etc...) La première partie du jeu assume sa redondance : NES et ses potes arrivent dans une ville et ne pourront en repartir que s'ils ont résolu les problèmes qui s'y trouvent. Et d'une part, toutes ces villes sont numérotées (Onett, Twoson, Threed, Fourside ) mais en plus les problèmes sont souvent des mini-histoires absurdes : à Twoson un charpentier est devenu le gourou d'une secte qui repaint tout en bleu, à Threed la ville est envahi par des zombies qui squattent le cimetière etc...

Sans parler que le jeu sais se montrer créatif sur plein d'aspect : les checkpoints sont des coups de fils donné à notre père (et on trouve des téléphones dans des endroits totalement inattendus) les hôtels proposent en plus la lecture du journal (permettant de raconter nos exploits de la veille) , le système de monnaie se fait via des distributeur automatique placé à droite et à gauche et on trouve même un gars qui vend des indices et des dialogues absurdes. Sans oublier que par deux fois, le jeu va changer de point de vues et par deux fois le joueur sera amené à jouer un protagoniste avant qu'il ne rejoigne l'équipe. (Ce qui m'a rappelé Dragon Quest 4 dans sa manière de présenter les personnages en les faisant jouer de manière préventive.)

Un RPG qui propose du neuff :

Quitte à faire la comparaison avec d'autres RPG, autant le dire, enchainer Earthbound après avoir fini FF4 fut une sorte de bouffé d'air pur.

A l'époque, les deux RPG n'ont que trois ans de différence, mais on sent qu'il y a une volonté de battre en brèche le côté punitif de certains RPG et au contraire de faire un jeu où la progression est plutôt équilibrée. Contrairement à un copain sur Discord, j'ai jamais senti l'obligation de farmer plus que de raison. Alors, c'est peut-être moi qui ai fait pas mal d'aller et retour mais j'ai justement trouvé que le jeu ne me mettait jamais face à un mur : les niveaux ne sont jamais très long, les ennemis ont pas mal de faiblesses que l'on peut exploiter (la magie permettant de geler les adversaires étant devenu ma préférée) et nos personnages ont assez de ressorts pour permettre au joueur de s'en sortir. Une mécanique que j'ai trouvé sympathique est que lors d'un coup, les personnages perdent de la vie progressivement, ce qui fait qu'en cas de coup fatal, il est toujours possible si on se dépêche, de sauver nos persos en les soignant ou en gagnant le combat, ce qui arrête l'hémorragie de PV.

Le jeu facilite la progression du joueur : on revient à la maison avec nos niveaux gagnés en cas de morts, et surtout lorsqu'on est trop fort pour les ennemis, non seulement ils nous fuient mais en plus on les bats en un coup, ce qui permet de gratter un peu d'XP sans peine et d'éviter les combats trop longs et inutile lorsqu'on doit retourner dans une zone précédemment visitée (un principe que POKEMON n'a toujours pas compris en 25 ans.) L'équipe suit une configuration assez classique : aventurier (NES) – Mage Noire (Paula) – Guerrier/voleur (Jeff) – Mage Rouge/Blanc (Poo) On sent que le jeu voulait montrer que ce qui était vraiment important, c'était son histoire et pas sa mécanique de gameplay, en veut pour preuve qu'il existe littéralement des personnages dans les villes que l'on paye pour qu'ils nous expliquent où aller si on a perdu le fil.

Ces choses qui fâchent.

Après, le jeu n'est pas sans défauts, et le principal reste son système d'inventaire. L'idée était pourtant pas mauvaise : on a un inventaire limité à 14 objets par personnages mais on peut appeler via cabines téléphoniques, un livreur pour qu'il stocke. L'idée est de pousser les joueurs conserver ce qui est vraiment important et éviter d'enquiller des tonnes d'objets dont ils ne se serviront que sur le boss final (et échoueront à l'utiliser.)

Sauf que ça fait pas mal de va-et-viens et si c'est rigolo de voir un mec débarquer dans la jungle pour nous apporter nos affaires (encore mieux avec le panneau "à vendre" qui fait débarquer un acheteur venu littéralement de nulle part) ça devient vite redondant et un peu gonflant. Et ça rend certaines autres idées impraticables : ainsi on peut rajouter des ingrédients dans la bouffe qui avalés rendent booste leur effet... sauf que quitte à prendre deux place autant acheter deux fois la même bouffe. En fait, on passe notre temps à jeter des trucs car les 14 espaces de stockage sont vite vide (notamment pour des objets dont on ne peut se séparer.)

Et puis sur les derniers niveaux ça devient un peu injuste notamment tout le côté aléatoire des combats qui fait que j'ai parfois joué avec les savestates sur le dernier niveau du jeu. Le dernier niveau du jeu est abusement long, dur et sans point de sauvegarde et j'étais BIEN CONTENT d'y jouer sur émulateur. Idem pour le dernier boss que j'ai battu au deuxième essai mais dont j'ai découvert la façon de le tuer en faisant une recherche sur internet.

Hé oui, le Boss qui est mythique pour pas mal de raison très justifiée.

Après, il reste aussi ma propre connerie, comme le fait que je joue pendant plusieurs heures avec mon personnage principal qui rate ses tirs les trois quart du temps au point que je finisse par me reposer sur mes trois autres personnages. Et de m'apercevoir que je l'avais équipé avec la "Casey Bat" un objet puissant mais qui a une chance sur 10 de fonctionner ... et que c'était indiqué dans le jeu quand on se renseignait sur l'objet. Bravo !

Bilan :

Bref, j'ai mis 40 heures pour le finir, soit 12 heures de plus que ne l'indique "How Long To Beat" alors que je n'ai même pas cherché à avoir les meilleurs objets du jeu (ceux qui peuvent tomber 1 fois sur 132 dans les combats.) J'aurais pu aussi lire les dialogues de tous les PNJ après la mort du méchant du jeu (là encore une tradition piquée à Dragon Quest) mais j'avais un peu la flemme.

Non, faut croire que je suis juste un joueur lent, qui prend son temps, mais au final, j'ai vraiment apprécié l'expérience et ça reste vraiment un jeu culte pour de très bonnes raisons.

PS : Et non, Undertale n'est pas "exactement la même chose que Earthbound" achetez-vous des lunettes.