Fidèle à la réputation de la série, Europa Universalis IV est un monstre de complexité pour quiconque s'y plonge pour la première fois.
Confronté à une masse d'informations gigantesque, le nouveau venu dans le monde de la Grande Stratégie risque fort de paniquer durant les premières heures de jeu. Et pourtant, petit à petit, grâce à son interface intuitive et ses indications contextuelles, le brouillard se lève et les actions finissent par s'enchaîner d'elles-même, au fur et à mesure d'une partie qui ne se passe finalement pas si mal que ça. En plus, et c'est un détail non-négligeable pour un titre de cette catégorie : le jeu est JOLI. La carte est détaillée et vivante (on peut voir la neige gagner du terrain et reculer entre l'automne et le printemps), les unités militaires sont détaillées et clairement distinctinctes les unes des autres en fonction de la nation jouée, et mouettes, aigles, vautours, condors et autres volatiles survolent le terrain tandis que les navires marchands circulent sur les grands axes commerciaux.

Paradox a fait des progrès énormes en terme d'Interface Utilisateur et de lisibilité. Les leçons apportées par (le magnifique) Crusader Kings II ont porté leurs fruits, et le titre gagne en accessibilité sans pour autant sacrifier son héritage sur l'autel du jeu casual.

Permettant de jouer de 1444 à 1821, EU4 offre au joueur de diriger le destin d'une nation, de la Renaissance aux grandes Révolutions. Trois ressources essentielles formeront la base du gameplay de ce nouvel épisode : l'administration, la diplomatie et le pouvoir militaire. Ces ressources sont générées automatiquement chaque mois, en fonction des statistiques du dirigeant de la nation. Par leur biais, il est possible de gérer les actions du quotidien (déclarer la guerre, négocier la paix, construire un bâtiment, convertir une province), mais également de permettre à son pays de réaliser des avancées technologiques importantes.
Selon que le dirigeant est doué en administration ou rompu à l'art militaire, il faudra tirer au mieux parti de ses statistiques. Certaines périodes du jeu seront donc plus belliqueuses, tandis que d'autres seront plus tournées vers la diplomatie et les progrès sociaux ou techniques. Par ce biais, le joueur se retrouve donc à guider sa nation avec les cartes qu'il a en main, à l'image des souverains qu'il incarne. Une très grande réussite.

Les choses pourraient s'arrêter là, mais il y a encore tellement de facteurs à prendre en compte pour maintenir la stabilité de votre état : sa santé économique, son pouvoir marchand, son unité religieuse, sa diversité culturelle, son prestige, la légitimité de son dirigeant...
De très nombreux paragraphes pourraient encore être écrits sur ce titre fabuleux, dont la densité nécessiterait l'édition reliée d'une critique de 150 pages pour être vraiment exhaustive.

Europa Universalis IV est le jeu le plus complexe, le plus exigeant et le plus intimidant de cette année 2013. Et pourtant il est également l'un des plus funs pour peu que l'on se donne la peine d'y plonger, quitte à se prendre de méchantes roustes de la part d'une IA cruelle (mais juste) lors des premières parties.

Les plus sérieux s'y attelleront en mode Ironman : le jeu sauvegarde à chaque étape qu'il considère importante, et le joueur ne pourra pas utiliser la méthode ancestrale du "je quitte et je recharge". Il faut calculer les risques à chaque décision, et assumer ses actes en cas d'échec.
Et les plus courageux se lanceront en multijoueurs.
Dans tous les cas, attention aux nuits blanches.
Invock
9
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Créée

le 16 août 2013

Modifiée

le 10 sept. 2013

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Invock

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