Retour à l’adolescence pour moi avec ce F.E.A.R. (2005) puisque la dernière fois que j’ai mis les mains sur ce titre incroyable de Monolith Productions je devais être au lycée. Je l’avais terminé d’une traite chez un ami, un certain Bernard H. A l’époque, le jeu était clairement flippant surtout quand vous avez 16-17 ans. Aujourd’hui F.E.A.R. ne fait pas aussi peur que l’on pourrait l’espérer mais demeure un excellent FPS mêlant combats intenses avec un peu d’horreur psychologique émanant de ces bureaux et autres laboratoires souterrains. Le synopsis est simple. Vous appartenez à une unité d’élite paramilitaire, la fameuse First Encounter Assault Recon, dont l’objectif est d’agir sur les sites jugés paranormaux et d’éliminer les potentielles menaces. Pas plus d’explication dans le prologue du titre, vous serez directement projeté dans des hangars portuaires à l’assaut d’agissements mystérieux. C’est ainsi que vous ferez la rencontre malencontreuse (?) de notre chère Alma, une petite fille à la robe rouge, le protagoniste iconique de la franchise.

La plus grande force du titre réside dans l’intensité des combats, même encore aujourd’hui en 2024. En difficile, les échanges de tirs avec les ennemis gérés par l’IA sont incroyables. Cela va faire cliché mais oui, l’IA de F.E.A.R. est impressionnante au regard ce que faisait la concurrence à l’époque et même au regard de l’évolution nulle et non avenue de celle-ci dans le monde du jeu vidéo ces quinze dernières années. Parfois j’ai sursauté non pas du fait des apparitions surnaturelles mais des ennemis qui me contournaient ou se cachaient dans l’ombre en attendant de me tirer dessus au corps à corps. Les soldats ennemis sont suffisamment intelligents pour rester à couvert et attendre que vous vous montriez, ils peuvent renverser des éléments de décors pour s’abriter derrière, ils peuvent vous déloger avec des grenades, ils ne se mettront jamais en première ligne si une unité de « tank » se trouve dans leur escouade, ils communiquent, entendent vos pas et voient les sources de lumière. Mais surtout… ils se déplacent sans arrêt pour vous déstabiliser ou pour vous tendre une embuscade. Bref, vous l’avez compris le cœur du gameplay de ce F.E.A.R. reste la bagarre et vous allez être servi. Ne vous fiez pas à la mention « horreur psychologique » car souvent les FPS classés « horreur » de ces dernières années ont systématiquement adoptés le parti pris de faire des jeux narratifs, d’exploration où l’objectif est davantage porté sur la compréhension de l’histoire que sur le gameplay. Avec F.E.A.R. vous jouez à un FPS old-school et nerveux à la Half-Life dont l’inspiration se fait vraiment sentir. Pour neutraliser vos ennemis, une petite dizaine d’armes sont à votre disposition, de l’arme classique rappelant du véritable matériel militaire jusqu’aux armes futuristes inventées pour l’occasion. Dans l’ensemble la sensation de tirs des armes est excellente, on a un sentiment de satisfaction et de puissance quand on neutralise les ennemis. Toujours dans le chapitre sur l’intensité des combats, notez qu’il est possible de ralentir le temps. En effet, vous êtes dotés d’une jauge de « bullet time » qui ne sera pas de trop tant certaines situations s’avèreront tendues. Au cours de votre périple, il sera d’ailleurs possible de dénicher des augmentations pour votre barre de vie et la jauge de « bullet time ».

Côté scénario, l’histoire tourne autour d’un laboratoire secret d’une grande entreprise Armacham Technologie Corporation (ATC) située dans une ville fictive des Etats-Unis. Vous êtes à la poursuite d’un certain Paxton Fettel, un homme à la tête du projet Origin développé par ladite entreprise. Ce projet concentre ses recherches sur le développement de pouvoirs télépathiques mais comme vous pouvez l’imaginer, tout ceci est parti en cacahuète d’où l’intervention de l’unité F.E.A.R. sur place. Sur votre chemin dans les différents niveaux qui composent l’aventure, vous serez amenés à croiser le chemin angoissant d’une petite fille en robe rouge. Quels sont les liens entre elle et vous ? Quel rapport avec l’entreprise ATC ? Je vous laisse le soin de le découvrir. L’histoire est loin d’être nanardesque et m’a particulièrement plu. FPS des années 2000 oblige, pas ou peu de cinématiques. Vous allez devoir vous fader des retranscriptions téléphoniques pour comprendre peu à peu l’histoire tragique ou tout simplement suivre les conversations et autres apparitions…

En ce qui concerne les aspects négatifs, je relèverai une trop grande similarité dans les décors. On passe son temps à explorer des bureaux immenses qui se ressemblent invariablement. L’environnement aurait clairement gagné à varier un peu. Ensuite, il est inadmissible qu’il n’y ait pas la version française du jeu sur Steam. Obligé d’aller télécharger un patch FR sur internet et de l’implanter soi-même dans le dossier source du jeu. Alors, cela m’a pris 10 minutes maximum mais ça fait chier. Enfin, et ce n’est pas la faute du titre en soi, il est impératif de trouver un fichier .dll sur internet pour éviter que le jeu tourne en 5 images par seconde. Malheureusement un gros problème d’optimisation se fait sentir sur les nouvelles générations de PC/Windows et vous ne pourrez pas accuser les développeurs puisque Monolith n'existe plus aujourd'hui. Une fois ces deux problèmes résolus, on passe un excellent moment sur ce titre pendant environ 7-8 heures.

La redécouverte de F.E.A.R. plus de 20 ans après a été un véritable plaisir. Le jeu n’a pas tant vieilli que cela, en tout cas pas dans ses mécaniques. Oui, graphiquement ça commence à sentir la naphtaline (surtout les environnements) mais dans les sensations, l’immersion et le gameplay le jeu de Monolith reste une franche réussite le tout accompagné par une bande originale surprenante. On regrettera une optimisation aux fraises et l’absence de VF ainsi qu’un copier-coller trop important des décors. Sinon, pour moi F.E.A.R. rempli avec brio toutes les cases des divers aspects d’un jeu de tir à la première personne et il vous donnera, en prime, quelques sueurs froides. Allez faire un câlin à Alma, plus vite que ça !

silaxe
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le 23 janv. 2024

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