Probablement l’épisode principal le plus controversé avec Three Houses, Fire Emblem Fates (ou If au Japon) illustre l’histoire d’une licence qui a pris la grosse tête après le succès commercial de Fire Emblem Awakening. Le jeu propose trois routes différentes correspondant à trois philosophies de jeu bien distinctes. Mais chacune d’elles se cache derrière un paywall : sauf si vous aviez pris la version collector déjà onéreuse, vous faisiez votre choix à la caisse du magasin, Hoshido ou Nohr. Si vous vouliez profiter de l’expérience complète, il fallait ressortir le portefeuille pour acheter le reste sur l’eShop. Autre point noir, ce FE impose en Europe un doublage uniquement anglais alors que son prédécesseur proposait le choix avec la VO. À cela s’ajoute une localisation douteuse avec de nombreux changements de noms de personnages : Kamui, notre protagoniste, devient Corrin, Harold devient Arthur (à ne pas confondre avec Arthur de FE4 ou Artur de FE8), Suzukaze et Kazahana sont raccourcis en Kaze et Hana… de quoi semer la confusion lors de discussions avec des joueurs japonais.
Mais oublions ces aspects mercantiles et jugeons le jeu pour ce qu’il est réellement. Partons du principe que vous disposez du jeu complet avec ses trois routes.
D’abord, les points positifs communs aux trois routes : la direction artistique est sublime et, à mon avis, surpasse celle d’Awakening. Le character design réussit un équilibre entre tradition et modernité, et la bande-son est spectaculaire, probablement la meilleure de la saga. Fates reprend aussi les qualités d’Awakening et les amplifie : sur la carte, les sprites 2D sont magnifiques, et en combat comme en cinématiques, les modèles 3D bénéficient d’animations très réussies, avec une transition encore plus naturelle qu’auparavant grâce à un zoom fondu impressionnant. À cela s’ajoute un système de combat solide, enrichi par l’introduction du système de duo, plus profond, plus complet et plus intéressant que celui d’Awakening.
Ensuite, les défauts communs : le scénario est tout simplement mauvais. Certes, il suffit d’appuyer sur Start pour l’ignorer, mais il est parfois tellement bancal qu’il en devient drôle. On finit par l’apprécier comme un nanar : maladroit, mais attachant grâce aux autres qualités du jeu qui donnent envie d’être indulgent.
Les routes, en revanche, sont très inégales. Héritage se veut l’héritier d’Awakening, proposant des escarmouches pour grinder, mais cela entraîne une perte de tension. On a toujours l’impression de pouvoir surmonter les défis, les ressources sont abondantes et certains personnages comme Ryoma sont pratiquement intouchables. Globalement, les cartes y sont trop génériques pour maintenir l’intérêt.
Conquête, à l’inverse, s’adresse clairement aux fans hardcore avec des ressources limitées et aucun moyen de grinder entre les chapitres. Et c’est une vraie réussite. L’équipe de départ est bien pensée, avec suffisamment de possibilités de reclasser les unités pour varier les expériences de jeu sans tomber dans l’excès. Parmi ses cartes se trouvent certaines de mes préférées de toute la saga, notamment celle où l’on doit défendre une zone portuaire pendant un certain nombre de tours. Chaque unité y trouve son utilité grâce à un map design soigné, riche en stratégies possibles et en objectifs secondaires. La difficulté s’intensifie fortement en fin de parcours, mais le jeu reste plaisant si l’on planifie correctement.
Enfin, Révélation mise surtout sur des gimmicks de map design : ascenseurs, blocs de glace à casser, lave à éviter, etc. Malheureusement, cette route s’avère vite ennuyeuse. Comme dans Héritage, les ressources sont trop abondantes, la difficulté trop faible, et l’accès à quasiment toutes les unités du jeu rend le tout déséquilibré. Les écarts de niveaux sont parfois si importants que vouloir utiliser des unités plus faibles force à grinder, ou bien à les abandonner si vous n’aimez pas perdre votre temps à éliminer des mauviettes.
Au final, Fates/If est un Fire Emblem à la fois bourré de qualités et de défauts. Mais en se concentrant sur ses points les plus positifs, il reste pour moi l’un des meilleurs épisodes de la saga.
Fun fact : Conquête a été mon premier Fire Emblem, et il garde une place spéciale dans mon cœur car il m’a immédiatement fait apprécier la richesse du gameplay de la série.