C'est quand Ghost of Tsushima 2 ??

Alors Ghost of Yotei, hein ? Disons-le tout de suite : j’ai “apprécié” le jeu, dans le sens où on apprécie un plat réchauffé qu’on a déjà mangé cinq fois. C’est sympa, mais on sent bien que le cuistot a oublié le sel. Ce n’est clairement pas le GOTY 2025, et je pense que même les développeurs le savent. Par contre, quel bonheur de revoir Sucker Punch revenir avec une nouvelle aventure — même si, soyons honnêtes, on sent plus le fantôme de Tsushima que le souffle d’un vrai renouveau.

Mais bon, avant de distribuer les bons points, passons rapidement sur les moments où j’ai eu envie d’éteindre la console, histoire d’évacuer ça d’entrée.

Ah, Ghost of Tsushima… ses couchers de soleil, ses champs de fleurs, son sens du cadre. Et puis il y a Ghost of Yotei, où certaines zones semblent avoir été confiées à Kevin, 19 ans, stagiaire en textures. Mention spéciale à la zone de l’Oni, visiblement designée après une coupure de courant. Oui, je comprends, c’est le Nord, il fait froid, c’est sombre… mais de là à nous faire regretter le gris ?

Ça manque de couleur, la verticalité de la map sert à rien à part nous faire rager quand on tombe d’une falaise pour la quinzième fois, et le tout finit par ressembler à un diaporama en 30 fps. Sérieusement, pour un jeu “next-gen”, le downgrade par rapport à la version PC de Tsushima est presque insultant. Je ne sais pas si c’est la console, le moteur, ou juste un mauvais karma, mais visuellement, on dirait un retour en arrière.

Ah, le scénario. Ou devrais-je dire, cette succession d’événements vaguement liés par des dialogues dignes d’un drama de seconde zone. Là où Jin Sakai nous faisait vibrer avec ses dilemmes moraux et son honneur brisé, Ghost of Yotei nous offre Atsu… un personnage principal aussi charismatique qu’un bol de riz froid.

Atsu passe son temps à marmonner sur des sujets existentiels qu’elle ne comprend visiblement pas elle-même, et réussit à être antipathique dans 90 % des scènes. Les cinq premières heures sont un somnifère en mission. Rien ne décolle, rien ne surprend, et quand enfin quelque chose se passe, on se demande encore pourquoi on devrait s’y intéresser.

Et non, faire trois personnages féminins sur quatre ne rend pas l’histoire profonde par magie. Si c’était pour nous offrir cette écriture plate et ces dialogues sans saveur, il valait mieux rester sur Jin. Mais bon, félicitons Sucker Punch : ils ont réussi à créer un personnage principal tellement vide que même les fantômes de Tsushima ont plus de personnalité.

L’open world, parlons-en. Enfin, “open”, c’est vite dit. Entre les montagnes qui t’encerclent et les zones qui te donnent l’impression d’être puni dès que tu t’éloignes de la route principale, on se sent plus prisonnier qu’explorateur. On passe plus de temps à chercher un chemin qu’à profiter du paysage. La verticalité ? Une belle idée sur le papier, mais ici elle sert surtout à tester ta patience et ton seuil de tolérance au glissement de terrain. Bref, Yotei réussit l’exploit d’enfermer le joueur dans un monde ouvert. Bravo.

Bon, je râle, mais il faut reconnaître que parfois, Ghost of Yotei est beau. Très beau, même. Certains panoramas sont à tomber, et il m’est arrivé de poser la manette juste pour admirer la vue — surtout après avoir passé deux heures dans une zone moche. La direction artistique de Sucker Punch reste solide : les couchers de soleil, la brume, la lumière sur la neige… tout ça, c’est maîtrisé. C’est juste dommage que le reste du jeu ne soit pas à la hauteur de ces rares moments de grâce.

Le gameplay, lui, ne change pas grand-chose — et c’est peut-être le meilleur compliment que je puisse lui faire. Les armes sont variées, nombreuses, et plutôt fun à manier. La fameuse mécanique où l’on peut attraper une arme au sol pour la lancer sur un ennemi ? Totalement broken. Et pourtant, tellement satisfaisante.

Soyons honnêtes : c’est littéralement Ghost of Tsushima 1.5. Les postures ont disparu, remplacées par des armes, mais comme c’était déjà la meilleure partie du premier, on va pas s’en plaindre. C’est du réchauffé, mais du bon réchauffé — un peu comme les pâtes de la veille, meilleures que le plat d’aujourd’hui.

Et puis il y a cette fameuse interzone au Nord, avec Huci et son village. Alors là, miracle : un peu de fraîcheur, un peu d’âme, presque un autre jeu. C’est calme, poétique, bien écrit, et ça donne enfin envie de rester. J’y ai passé une heure et demie sans sortir mon katana — ce qui, dans Ghost of Yotei, relève du prodige.

Huci et son peuple sont un bel hommage aux traditions Aïnou, et pour une fois, tout sonne juste. Si seulement le reste du jeu avait eu le même soin, on aurait peut-être tenu quelque chose de grand.

En résumé, Ghost of Yotei, c’est un peu comme un repas dans un restaurant étoilé où le chef a pris sa retraite : les ingrédients sont bons, mais la magie n’y est plus. Techniquement propre, visuellement charmant par moments, mais narrativement creux et porté par un personnage principal aussi attachant qu’un caillou.

Sucker Punch n’a pas livré un mauvais jeu, non. Ils ont juste livré un jeu… vide. Et en 2025, face à des concurrents comme Clair Obscur: Expedition 33, ça ne pardonne pas.

Merci de m’avoir lu jusqu’au bout — vous êtes plus persévérant que moi face à la cinquième heure d’Atsu.