Après un premier épisode ayant déjà posé de très solides bases à la saga de Kratos si l’on fait abstraction de son scénario, ce n’est pas tant sur la qualité de God of War II que je m’interrogeais avant d’y jouer que sur la manière dont il allait bien pouvoir placer la barre encore plus haut que son grand frère. C’est pourtant bel et bien comme cela que le jeu a été conçu et vendu, une suite directe et spirituelle qui fait tout en mieux, voyons si c’est bien le cas. La critique étant longue, je vous propose d’écouter le thème principal du jeu pendant la lecture.



RÉALISATION / ESTHÉTISME : ★★★★★★★★★★



Sans surprise, on retrouve une nouvelle fois les grandes qualités techniques et esthétiques de God of War I qui étaient déjà très grandes. Nous sommes en 2007 mais la Playstation 2 n’entend pas laisser à sa nouvelle petite sœur, tout juste née, l’exclusivité d’en mettre plein la vue (au grand regret d’Heavenly Sword), God of War 2 est l’un des plus beaux jeux de sa génération. Normal me direz-vous vu que nous sommes face à un AAA exclusif à une console en fin de vie, c’est effectivement normal mais ça n’en est pas moins très impressionnant et l’un des gros points forts de ce titre.


Les flammes d’un rouge vif en contraste avec de somptueux effets magiques bleutés, les effets d’eau avec toutes les petites bulles qui en remontent et par dessus les vapeurs via de fins effets de brouillard, l’effet de lumière du soleil à travers des nuages aux teintes sombres avant l’orage à venir... sont autant d’exemples d’une technique exemplaire au service d’un esthétisme divin dont je me suis fait la remarque dès les toutes premières heures de jeu et ce ne furent pas les dernières, loin de là. Tout ça sans que la fluidité ne soit sacrifié, que ce soit par des chutes de framerate ou des temps de chargement intempestifs.


Le seul aspect purement technique qui fait un peu tâche c’est l’aliasing très prononcée sur les cinématiques réalisées avec le moteur de jeu, non corrigées dans la version HD officielle bien entendu, mais d’une part ce n’est pas si grave et d’autre part certaines cinématiques en images de synthèse sont très propres et parfois très ambitieuses dans leur mise en scène. C’est d’autant plus un point fort de par la pertinence des cinématiques choisies pour faire l’objet de ce soin, donc même en cherchant la petite bête, il y a rien de problématique du côté de ces cinématiques.


Les animations sont toujours aussi réussies, peut-être un peu trop repris du premier épisode mais comme on est sur la même console à deux ans d’intervalle je trouve ça logique. Les mises à mort sont plus nombreuses et toujours aussi jouissives, pour pinailler je dirai que c’est tout de même dommage que ça ne prenne pas en compte l’arme équipée mais uniquement les chaînes, ceci étant dit ça aurait vraiment fait beaucoup de boulot pour pas grand chose et comme les chaînes restent considérées comme l’arme principale de Kratos c’est pas incohérent.


Le design des ennemis, des boss, des personnages inédits sont tous plus impeccables les uns que les autres, les environnements sont à tomber par terre avec ces angles de caméra bien choisis pour pleinement en profiter, les musiques sont toujours aussi capables de donner tout leur épicness à un combat... Ce n’est pas un bilan parfait mais ça pousse tellement la console dans ses retranchements pour proposer un rendu d’une telle qualité que je lui accorde la sous-note maximale et j’affirme que rien que pour sa réalisation et son esthétisme le jeu est un incontournable.



GAMEPLAY / CONTENU : ★★★★★★★★★☆



La formule de base est la même que son prédécesseur, un postulat de départ qui ne me dérange en rien puisque nous sommes sur une suite directe sur le même support de jeu par les mêmes développeurs (mais nouveau game director avec Cory Barlog qui reprendra également en main la série avec le reboot de la 8ème gen), je ne vois pas pourquoi un changement profond s’imposait. Repris ne voulant pas dire par ailleurs égal puisque le gameplay a été amélioré par petites touches, comme le masque de collision qui a été peaufiné j’ai bien l’impression pour y gommer ses quelques petits écueils qui pouvaient frustrer un peu inutilement.


Le maniement enrichi au fil de l’aventure l’est encore plus que pour God of War I avec la possibilité de planer après le double saut pour de meilleures phases de plate-forme voire même pour offrir d’autres possibilités en plein combat ou de déclencher un ralenti pour certaines énigmes ou affrontements bien spécifiques. Le contre qui impose une première pression juste à temps et une seconde différente selon s’il s’agit d’une attaque au corps-à-corps ou d’un projectile est une excellente idée à elle-seule.


Des armes inédites sont au menu et au maniement bien sympa, j’aime beaucoup la lance du destin par exemple, leurs combos et évolution sont moins complets que les chaînes mais ça enrichit quand même le jeu. De nouvelles séquences de jeu originales sont au programme en plus des variations dans les affrontements en eux-même qui réinvestissent fréquemment les compétences acquises jusque-là, à l’image de son ancêtre c’est très efficace pour que l’aventure un peu plus généreuse soit également variée.


Le level-design est toujours aussi réussi également avec ces grandes salles qui sont le centre de zones permettant d’assembler une à une les pièces du puzzle pour se débloquer, ces bonus à trouver que l’on voit de loin sans pouvoir les prendre et qui nous incite à explorer à tel moment pour les trouver. Cette suite comprend beaucoup plus de boss que son prédécesseur en revanche et ils sont vraiment sources d’un gros challenge avec des mécaniques de jeux originales et bien pensées pour la plupart, les sœurs du destin sont pour moi le meilleur affrontement de boss de toute la saga.


La difficulté a été revu à la hausse de façon générale, ce qui est tout ce qu’il y a de plus logique quand on part du principe que le joueur de God of War 2 a probablement déjà affûter ses chaînes sur le premier opus. L’ajout du New Game + est bonne à prendre, même si j’aurais aimé qu’elle soit valide avec n’importe quel mode difficulté et pas seulement celui dans lequel t’as fini le jeu une première fois, c’est un parti pris quant à l’équilibrage que je ne remet pas en cause qu’on s’entende bien, j’aurais simplement préféré qu’ils laissent cette option.


Le seul véritable écueil en fait c’est l’absence total de réflexion sur le système de QTE repris à l’identique, dans ses forces comme dans ses faiblesses avec toujours des QTE frustrants où l’on doit massacrer une touche de sa manette pour ne pas mourir bêtement à la fin d’un boss, y compris le boss final, ça m’énerve toujours autant il y a rien à faire. En dehors de ce petit reproche, la qualité du gameplay de base et les nouveautés pertinentes pour l’améliorer et l’enrichir me laissent parfaitement convaincu que nous tenons là l’un des meilleurs Beat Them All 3D de l’histoire vidéoludique.



SCENARIO / PERSONNAGE : ★★★★★★☆☆☆☆



Le pitch de départ ne vend pas vraiment du rêve, Kratos provoque plein de morts gratuites et donc Athéna cherche à le calmer, ce qui fait que j’ai plus tendance à être du côté d’Athéna et d’avoir envie d’incarner son champion face à Kratos que l’inverse. S’il est clairement établi que les dieux méprisent Kratos, ce dernier leur fait confiance en utilisant une arme dont il n’a spécialement pas besoin et qu’il continue d’utiliser même quand il voit que ça draine drastiquement ses forces, ce qui de façon incroyable était un piège ! Antipathique et idiot, Kratos peine toujours autant, si ce n’est plus à me convaincre de son charisme en dehors de son côté badass indéniable. Comme le dit Atlas, « Kratos, toujours le même guerrier arrogant et stupide, tu n’as pas changé ! »


Heureusement, j’ai été beaucoup plus convaincu par la suite du jeu sur le plan scénaristique puisque l’histoire de Kratos est clairement mise au second plan en dehors de quelques clins d’œil au premier épisode, pour se concentrer sur une relecture de mythes en lien avec le récit. C’est clairement jouissif de vivre ces grands moments à la sauce ultra violente de God of War et les passages sont vraiment très bien choisis : Prométhée qui permet de diaboliser l’antagoniste Zeus, Phénix qui amène un double sens avec la quête de Kratos, Icare qui appuie le mépris de Kratos envers le danger d’abuser de ses pouvoirs...


La violence systématique de notre personnage est parfois bien utilisée en fonction de la séquence de jeu. Là où le premier God of War récompensait maladroitement la mort de civils innocents et créait des incohérences bêtement, ce deuxième épisode va par exemple nous faire escorter un traducteur qui va vite nous gonfler d’un point de vue ludique et du coup la fin de la quête se solde par sa mort brutale qui passe beaucoup mieux que si c’est juste comme ça pour le fun, sans aucune raison pour qu’on s’y implique a minima.


La fin est très réussie à ma grande surprise, trop ouverte explicitement sur la suite qui ne viendra que 3 ans plus tard, mais très réussie à mon sens en terme de retournement de situation, d’intensité dramatique... C’est peut-être bien la meilleure fin pour un God of War mais comme elle n’en est pas vraiment une, tellement elle amorce God of War III, et qu’elle est comparée à des fins vraiment moyennes, c’est pas non plus un coup de génie, c’est juste une petite réussite qui fait d’autant plus plaisir que c’était très mal parti au début.


Par contre, il n’y a toujours pas de VOSTFR, bien regrettable vu la qualité nettement supérieure de la VO, et quelques soucis de mixage audio avec des dialogues subitement très bas en volume par rapport aux musiques sans aucune raison, du coup vu qu’il y a pas de sous-titres pas moyen d’entendre la discussion entre Kratos et le boss final entre deux phases de jeu, c’est un peu risible tout de même. Encore un point sur lequel la remasterisation HD officielle du jeu ne fait aucun effort bien évidemment mais on ne s’en étonnera même plus.



CONCLUSION : ★★★★★★★★☆☆



God of War II est l’un des plus beaux jeux de sa génération, God of War II est l’un des meilleurs Beat Them All 3D de l’histoire vidéoludique mais God of War II a toujours ce petit soucis de scénario comprenant de gros écueils qui l’empêchent de parfaitement briller dans mon estime. Ça reste un excellent jeu que je considère comme incontournable et un illustre exemple de suite réussie tout en étant très fidèle à son modèle.

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le 2 févr. 2018

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damon8671

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