L'expérience repose d'abord sur une atmosphère singulière, mêlant humour macabre, ton décalé et décor funèbre. Cette identité visuelle et narrative donne un charme indéniable à l'ensemble, suffisamment rare pour se démarquer au premier coup d'œil. On sent une vraie volonté de proposer quelque chose d'atypique, d'assumer le contraste entre gestion minutieuse et comédie noire. Cet équilibre, même s'il ne fonctionne pas toujours de manière uniforme, crée une ambiance qui marque.
Le contenu, lui, ne manque pas d'ambition. Entre les systèmes de craft, la gestion au long cours, l'alchimie, l'agriculture, les améliorations à débloquer, les installations à optimiser et les nombreuses petites tâches quotidiennes, il y a de quoi s'investir pendant des dizaines d'heures. Ceux qui aiment dérouler patiemment des chaînes de production, rationaliser leur espace, planifier sur le long terme ou perfectionner les moindres détails y trouveront un terrain de jeu dense, parfois même addictif. La progression, lorsqu'elle s'enclenche bien, donne cette satisfaction d'empiler de petites victoires tout en construisant progressivement un ensemble cohérent.
Mais cette générosité de contenu a un revers notable : la lourdeur. Le rythme repose largement sur des actions répétitives. Transporter des matériaux, récolter encore et toujours, crafter par séries entières, refaire des allers-retours… Sur la durée, cela finit par peser. La boucle de gameplay, malgré sa richesse systémique, peut créer une impression de travail répétitif plus que d'aventure vivante. Certains moments donnent le sentiment de pousser une mécanique un peu trop rigide, parfois plus pénible que gratifiante.
L'interface et les menus n'aident pas vraiment à alléger ce ressenti. Peu intuitifs, parfois encombrants, ils exigent une familiarisation qui ne vient pas naturellement. On a régulièrement l'impression de devoir lutter un peu contre l'ergonomie pour accomplir des actions simples, ce qui amplifie la sensation de friction dans les tâches du quotidien. Pour un joueur occasionnel ou quelqu'un cherchant une expérience fluide et détendue, ces obstacles peuvent vite devenir épuisants.
Il reste toutefois une cohérence globale et un univers suffisamment fort pour retenir l'attention. L'excentricité de l'ambiance, la noirceur assumée, les dialogues souvent décalés et la direction artistique en pixel-art apportent une personnalité qui ne laisse pas indifférent. On sent que tout cela a été conçu avec une vision claire, même si l'exécution demande parfois un peu trop de patience.
Au final, c'est un jeu qui sait plaire lorsqu'on adhère à son mélange de gestion exigeante, de grind assumé et d'humour sombre. Il offre beaucoup à faire, beaucoup à optimiser, et un ton qu'on ne croise pas partout. Mais il souffre également de répétitivité, de lourdeur et d'une interface qui complique inutilement la progression. Ceux qui aiment le management dense et les atmosphères atypiques pourront s'y plonger durablement ; ceux qui recherchent une expérience plus légère ou plus intuitive risquent de lever le pied assez vite.