Grow Home
6.3
Grow Home

Jeu de Ubisoft Reflections et Ubisoft (2015PlayStation 4)

Pas facile la vie de petit robot explorateur. B.U.D., c’est un peu le Felix Baumgartner du monde des robots, il s’est tapé une chute libre depuis l’atmosphère d’une planète. À la différence de l’autrichien susnommé, il n’avait pas de parachute.


Sa mission, qu’on ne lui a pas demandé d’accepter, consiste à explorer la planète inconnue autour de laquelle stationne le vaisseau qui le transportait et de se débrouiller pour ramener au vaisseau une graine étoile. Kezako ? Apparemment, il s’agit d’une graine que libère une plante un peu particulière lorsqu’elle atteint l’altitude de 2000 mètres. Alors il va falloir la faire grandir jusqu’à cette hauteur. Voilà, ça, c’est pour justifier la petite promenade qui attend le joueur. Pour quoi ? Pour qui ? On s'en fout !


Immédiatement, la maniabilité surprend au double motif que la très faible gravité offre à notre robot des moments de flottement nécessitant un apprentissage et ledit robot répond étrangement aux directions imprimées par le joueur. Son corps réagit en premier en prenant la direction souhaitée puis seulement ses jambes. Bien sûr ça se joue en quelques dixièmes de seconde et ne présenterait aucun souci s’il n’y avait pas cette gravité singulière. Ces deux circonstances conjuguées donnent l’impression de déplacements hasardeux. Après quelques ratés, on commence à dompter ce personnage un brin récalcitrant. Pour ceux qui ne supportent pas qu’un personnage de jeu vidéo ne leur réponde pas au doigt et à l’œil, fuyez !


Les graphismes minimalistes ne permettent pas d’effet Waouh. Toutefois, le côté coloré et mignon rend agréable la découverte. Et il faut voir la tronche des quelques animaux qui résident sur cette planète...
À noter qu’il n’y aura pas de grande variété dans les décors. L’aventure se circonscrit en effet en un seul lieu et est d’ailleurs très courte puisqu’il est possible en deux petites heures de rejoindre le point d’arrivée. Mais ce serait passer à côté de tout ce qui rend le jeu agréable et remarquablement imaginé.


Il faut déjà se mettre en tête que Grow Home offre une progression intelligente, en ce sens qu’il va récompenser le joueur curieux en lui donnant des outils pour contrebalancer les difficultés de mouvement précitées. Il y a cent gemmes à ramasser dans le jeu. Chaque palier franchi dans cette collecte débloque une nouvelle aptitude (sauter, se propulser en l’air, dézoomer) ou une amélioration d’aptitude. Ces aptitudes facilitent considérablement les déplacements dans le jeu. Ce choix de game design induit que les zozos qui auront rushé le jeu ne retiendront que l’apparente mauvaise maniabilité alors que la progression de celle-ci est le cœur du jeu.


Il y a par ailleurs un véritable sentiment de plaisir à faire grandir cette plante en dirigeant ses bourgeons vers des sources de nutriments.
Atteindre la hauteur de 2000 mètres offre un vrai sentiment d’accomplissement tant cette escalade, simpliste sur son concept, procure d’excellentes sensations. Il est bien sûr frustrant de se louper, de chuter, mourir et devoir recommencer l’ascension mais, en gérant bien les check-points à activer, ça n’arrive que peu de fois.


Il n’y a d’ailleurs pas vraiment de difficulté. C’est l’empressement du joueur qui entraîne le plus souvent la chute, même si quelques approximations sont à relever. Terminer le jeu à cent pour cent demande à peine une dizaine d’heures en traînant. À noter qu’une deuxième (courte) quête se débloque une fois revenu au vaisseau avec la graine étoile.


Pour un jeu qui n’était à la base qu’un petit projet test, Grow Home s’avère être particulièrement grisant.
Sauter d’un vaisseau à plus de 2000 mètres, descendre en chute libre, slalomer entre les branches énormes de la plante que l’on a fait grandir puis se servir d’une feuille pour planer et se servir des courants et de la vitesse pour reprendre la hauteur, pour à nouveau chuter jusqu’à la plage en bas et se poser en douceur grâce aux propulseurs fait partie de ces petites séquences « plaisir » que l’on peut s’offrir en fin de jeu quand on veut profiter une dernière fois avant de le désinstaller.


Rappelant la grande heure des jeux d’aventure/plate-formes qui invitaient à l’exploration, Grow Home séduit sur la durée après quelques dizaines de minutes assez pénibles en tout début de partie.
Justifiant son imprécision de départ par un système de progression qui l’atténue au fur et à mesure, Grow Home est indubitablement une jolie surprise. Avec son univers à mi-chemin entre Wall-E et Jack et le haricot magique, le voyage laisse un souvenir particulièrement appréciable. L’éditeur Ubisoft est définitivement capable du meilleur lorsqu'il s’y emploie.

Flibustier_Grivois
7

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Créée

le 17 nov. 2015

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