Encore un drôle de livre !

Trop light dans l'explicite pour s'adresser à un public habitué des productions horrifiques, trop sombre dans ses thèmes abordés pour s'adresser à des enfants, mais à qui donc s'adresse Gylt ?

L'intrépide et courageuse Sally tente de retrouver sa petite cousine Emily disparue depuis des semaines sans laisser de traces. La ville entière semble s'être désintéressée de cette cause mais pas elle.

Lors d'une énième session de collage d'affiches dans la ville, Sally se retrouve malgré elle embarquée dans une sorte de version détruite et cauchemardesque de l'ancienne ville minière de Bethelwood.

Elle aperçoit soudainement Emily aux abords de son école et décide de s'enfoncer dans les ténèbres en espérant la sauver mais aussi comprendre pourquoi toute la ville semble avoir transitionné en une version Silent Hillesque d'elle-même.

La narration se suit au travers du prisme de l'isolement et du harcèlement (scolaire en l’occurrence) et bien que visuellement rien ne pourrait perturber un habitué du genre, sur l'implicite c'est tout une autre histoire, une histoire qui me rappelle un peu Rule of Rose et qui pourrait rouvrir certaines cicatrices chez un public non-averti qui se serait laissé abuser par ses graphismes enfantins à la Tim Burton. Le ton est donc relativement mature, la morale est indiscutable et je n'ai rien à reprocher au scénario de Gylt qui reste pertinent ET cohérent du début à la fin.

Côté gameplay, il s'agirait d'une porte d'entrée pour quiconque voudrait s'essayer au genre Survival Horror ou Infiltration mais les habitués du genre auront vite fait le tour. Si on le décortique un peu ça donne à peu près ça:

- Se cacher du cône de vision des ennemis (sneaking)

- Utiliser sa lampe torche pour en vaincre certains ou résoudre de petits puzzles

- Résoudre de petites casses-têtes sympas mais qui ne provoque aucun grattage de crâne

- Vaincre des boss façon puzzle (plutôt sympa mais encore une fois très light)

- Fouiller chaque pièce pour atteindre le 100% et débloquer la bonne fin (ce qui ajoute 3 bonne heures de jeu)

Sally n'aura pas que sa lampe pour progresser et vaincre les ennemis, elle pourra compte sur une poignée d'autres objets que je ne citerai pas pour ne pas spoiler.

Côté Survival: Le jeu a le bon goût de ne pas en faire trop sur les jumpscare mais les habitués du genre n'auront pas leur dose, c'est un fait certain. Si vous n'êtes pas familier du genre alors quelques moments de stress seront sans doute de la partie.

Le côté enfantins des visuels n'est pas seul responsable, le level design est extrêmement généreux en terme d'items de soin et de ressources pour vos "armes" de fortune. L'impossibilité de stocker les piles dans votre inventaire (elles s'ajoutent automatiquement à la lampe quand vous les ramassez) ajoute un soupçon de stratégie dans le sens où vous laisserez souvent un objet à sa place pour l'utiliser si vous en avez besoin plus tard lors d'un évident back tracking.

Pas d'inventaire limité ici, vous trouverez les objets clés un à un et les cumulables ne concernent que les puffs de Sally et ne peuvent être cumulés que jusqu'à cinq à la fois.

Côté Infiltration: Même critique, c'est très light, bien fait, mais light. Détourner l'attention des ennemis, les faire tomber dans des pièges ou taper votre meilleur sneaking pour venir à bout d'une créature d'un seul coup en la choppant par derrière.

Là aussi les habitués du genre verront le chemin se dessiner devant eux avant même qu'ils n'aient commencé à analyser la situation, c'est encore une fois une bonne porte d'entrée mais trop light pour contenter un fana MGS ou de Deus Ex ^^

Disons que si vous avez aimé A Plague Tale, c'est plus ou moins le même niveau... Non, en fait c'est mieux fait, moins dirigiste.

Sally possède une jauge de stamina qui se vide littéralement en cinq secondes mais on lui pardonne car d'une part il n'est généralement pas nécessaire de courir plus longtemps pour fuir une situation difficile et de l'autre, le personnage est, pour le coup, vraiment asthmatique...

J'ai trouvé le jeu assez touchant et percutant, j'ai apprécié le bestiaire qui est plus que généreux pour un jeu qui se termine en cinq heures (en ligne droite, comptez trois de plus pour le 100% et débloquer la bonne fin). La mise en scène est surtout disséminée un peu partout dans les assets qui traînent ci et là, dans les conduit d'aération, sur les murs à la craie... Mais également dans les divers documents que vous trouverez tout au long de l'aventure. Les quelques cinématiques de présentation des monstres du bestiaire se font avec le moteur du jeu et sont assez réussies, les cinématiques concernant la trame principale sont remplacées par des pages de BD plus ou moins animées (ce qui n'enlève rien à l’atmosphère du jeu, finalement).

C'est beau visuellement, les animations sont convaincantes, les assets utilisés ont le bon goût de ne pas avoir déjà été vu mille fois dans mille autres productions mid-budget et le soin apporté aux effets de lumières et d'ombres participe très bien à la fois au Gameplay et à l'immersion par les visuels.

Malheureusement le jeu semble ne pas être très bien optimisé, je n'ai pas eu de lags ni de chute de framerate mais si vous n'avez pas un meilleur GPU que le mien (GTX 1660-S) vous allez entendre tourner les ventilos, croyez-moi !

Côté musiques et Sound Design, c'est très convainquant, ça ne cherche pas à en faire des tonnes sans non plus être trop en retrait. Par contre, quelques bugs du genre "superposition des dialogues" surgiront de derrière les buissons si vous avez tendance à jouer un peu trop vite parfois et la musique de course-poursuite à tendance à continuer à jouer encore quelques secondes même quand la menace est écartée mais très franchement, je pinaille, c'est tout à fait correct.

Gylt est un jeu, pas un récit interactif et à ce titre, il m'est difficile de lui donner meilleure note que 7/10 et pourtant j'aimerais beaucoup car j'ai senti l'envie de bien faire des développeurs du début à la fin, l'histoire est touchante et les décors se renouvellent tout de même pas mal en seulement cinq ou six heures de temps de jeu.

(D'ailleurs j'ai très envie d'y retourner pour trouver les quelques éléments manquants lors de ma découverte du jeu, c'est pour moi la preuve qu'une production est sympa et que son ambiance est suffisamment immersive pour mériter qu'on y retourne).