Hades II
8.3
Hades II

Jeu de Supergiant Games (2025PC)

"Hhhrrauuugh Naaauggh" [Titre de critique par Charon]

Avant de devenir un super géant du jeu vidéo indépendant, Supergiant Games était surtout habitué aux succès disons plus modestes. D’abord Bastion, Transistor puis Pyre, une chose ressortait pourtant déjà : cette direction artistique unique et hyper soignée. La suite on la connait, Hadès débarque et propulse Supergiant au rang des studios indépendants les plus en vue à l’instar d’une certaine Team Cherry (Hollow Knight) dont le hasard de calendrier a voulu que leurs suites respectives se succèdent à 15 jours d’intervalle. Sur le papier, la proposition d’Hadès était celle d’un rogue like prenant place au sein de la mythologie grecque. Manette en main le jeu offre une proposition aux accents hack-n-slash, un peu comme si Diablo avait pris de la redbull (ou de l’ambroisie). Le tout est axé sur des parties d’environ 30 minutes dans lesquelles la construction des builds via les bienfaits octroyés par tout le panthéon grecque oriente notre personnage. Si déjà le jeu brillait par sa proposition et les sensations offertes, le vrai coup de génie aura été d’avoir bâti toute une narration qui épousait parfaitement l’aspect cyclique et caractéristique du rogue like. Chaque nouvelle partie intégrait nos actions précédentes et chaque retour au point de départ offrait de nouvelles répliques aux personnages de notre base. Au fil des tentatives nous débloquions autant d’avantages concrets pour nos parties futures que nous développions nos liens avec cette galerie de dieux hyper charismatique (ce chara design et ces doublages bordel !). Même l’auteur de ces lignes, souvent déçu et donc peu intéressé par la narration dans le jeu vidéo, s’est complètement fait happer par ces dialogues finement écrits. Car le cadre mythologique n’etait finalement qu’un prétexte pour parler de familles dysfonctionnelles et de rapports conflictuels. Chaque dieu pouvait facilement être rattaché à un archétype d’un membre d’une famille lambda ce qui explique que nous fumes nombreux à y trouver un écho. En soignant autant la forme que le fond, Supergiant offrait alors une proposition bien au dessus des standards du genre (foutant par la même occasion une pression énorme aux autres studios indépendants qui craignaient alors que de tels jeux deviennent un nouveau standard pour les joueurs).


5 ans plus tard et au terme d’un early access qui s’est vu massivement étoffer aux fils des mises à jour, la 1.0 d’Hadès II débarque sur Switch, Switch 2 et PC (exclue temporaire). En ce qui me concerne j’ai complètement fait l’impasse sur l’early (je ne joue de toute façon pas sur PC) et j’ai même évité tout stream ou vidéos pour me garder le plaisir de la sortie définitive intact.


Dans cette suite nous incarnons Mélinoé, fille d’Hadès et sœur de Zagreus le protagoniste du premier opus. Cachée à la croisée des chemins avec sa mentor Hécate à qui elle fut confiée, Mélinoé termine son initiation aux arts de la sorcellerie afin de reconquérir les enfers. Il semblerait en effet que papy Cronos ait envahis les lieux gardant captif Hadès, Perséphone, Zagreus, Nyx et tous les habitants que nous avions connus lors de notre première aventure.

Ainsi il sera ici question d’investir les enfers pour en atteindre le cœur au contraire d’un Zagreus qui lui commençait du cœur en vu de s’en extraire. Fort heureusement il ne sera pas nécessaire de retraverser le Tartare, Asphodel et l’Elysium en sens inverse. De nouveaux biomes font leur apparition et ce sont l’Erebe, Oceanos puis les Champs des Pleurs qui seront le théâtre de nos multiples tentatives de reprendre ce qui nous appartient.


Qui dit nouvelle protagoniste dit aussi nouvelle philosophie de jeu. Ainsi par son statut de sorcière, Mélinoé utilisera un arsenal différent de celui de son frère. On laisse la lame du Styx, le bouclier du Chaos ou encore le canon Adamantin (tiens mais je l’avais posé la, qui a bien pu le prendre ?...) et on choppe le sceptre de sorcière les torches Plutoniennes ou encore le loufoque (mais génial) manteau des ombres pour n’en citer qu’une moitié. Une fois encore l’arsenal est extrêmement réussi et assez varié pour renouveler le plaisir, à fortiori avec 4 aspects par armes. On est d’ailleurs toujours vivement encouragé à les utiliser toutes puisqu’un bonus de ressource est octroyé aléatoirement à l’une d’elle à chaque run comme dans le premier. On aura évidemment nos préférées et probablement une avec laquelle on a moins d’aisance mais aucune n’est inenvisageable ou en dessous des autres. On sent que le feeling et l’équilibrage ont du être beaucoup retouchés et calibrés tant tout est au poil. Mais l’une des grandes particularités de la palette de mouvement c’est le glyphe, un symbole magique de forme circulaire que l’on pose au sol et qui peut conférer toutes sortes d’effets aux adversaires se trouvant à l'intérieur. Des dégâts de feu, un ralentissement glacé ou un bonus de dégâts subis ne sont la que quelques exemples rudimentaires des possibilités offertes selon nos bienfaits. Car comme toujours ce sont les synergies qui feront la différence et ce n’est pas nos olympiens et leurs bienfaits en duo qui diront le contraire. Une des nouveautés réside également dans l’apparition d’une jauge de mana. Notre sorcière bien aimée (coucou les vieux) devra composer avec cette jauge limitée (mais qui se recharge à chaque nouveau fight) lui permettant de booster à peu prêt toute ses attaques. Pour cela une simple pression prolongée sur la touche d’attaque, de pouvoir ou de glyphe provoque une version énervée de sa version de base moyennant un peu de mana. Si au début j’avais tendance à jouer un peu trop à la Hades 1 sans trop y prêter attention, le fait de mettre mon nez dedans m’a fait prendre conscience à quel point toute la philosophie du jeu est basé dessus. J’en veux pour preuve les bienfaits de Séléné nous offrant une « attaque ultime » se remplissant lorsque l’on utilise notre mana. En résulte des affrontements un poil moins bourrin qui nécessitent parfois de nous éloigner de l’action, ce qui tombe bien puisque Mélinoé possède plus d’attaques à distances justement. On s’écarte, on observe le moment propice, on pose ses glyphes stratégiquement et on apprend les patterns. Ni meilleure ni moins bonne que le premier jeu, la nouvelle palette de mouvement est au global différente mais tout aussi jouissive. Pari réussi.


On retrouve donc cette boucle diaboliquement addictive qui alterne entre tentatives d’atteindre le dernier boss et retour au hub à discuter. On




Que serait une sorcière sans un jeu de tarot ? Avant de partir afin de tenter de concrétiser l’adage « Mort à Cronos », Mélinoé pourra activer les arcanes de ses cartes. Chaque carte est associée à un bonus de départ: un peu plus de vie, ralentissement du temps lorsque l’on s’apprête à lancer une attaque chargée, augmenter les chances d’avoir des bienfaits rare etc… les effets sont assez nombreux. Chaque carte possède un cout allant de 1 à 5 et nous avons un nombre limité de points dédiés à leur activation. Vous l’imaginez bien ce maximum peut être augmenté moyennant certaines ressources que l’on débloque au fil des parties afin de pouvoir activer toujours plus de cartes et donc d’atouts dans notre manche. Il y a aussi des cartes ayant un cout de 0 mais qui elles demandent des conditions particulières telles que « activer une carte adjacente ou activer seulement 2 cartes de même valeur ». Une excellente idée et ce sera probablement votre priorité dans un premier temps.


Maintenant imaginez qu’il y ait plus. Imaginez qu’il n’y ai pas une route mais deux, doublant ainsi le nombre de biomes, de boss, d’ennemis et de récompenses du jeu ; doublant presque le contenu du premier Hadès. Je ne vous dirai rien de plus car il faut toujours garder un peu de surprise. Enfin à moins que vous ne me donniez un peu de Nectar afin de me délier la langue bien entendu… Auquel cas le spoiler suivant est à votre disposition.


Le jeu propose une route alternative permettant de se rendre vers le mont Olympe pris d’assaut par le monstrueux Typhon. Une route plus complexe ayant ses propres mécaniques, permettant un peu de dépaysement et de variété. Certains boss y sont particulièrement retors à l’instar de Prométhée et son fucking piaf puis Typhon le sac à PV…. La doublette de l’enfer (enfin de l’Olympe en l’occurrence) ! Je gère beaucoup mieux Prométhée désormais mais Typhon je l’ai vaincu à chaque fois à l’usure et à grands renforts de Refus de la Mort en abondance. Il me faudra encore quelques runs pour me défaire de cette sensation de victoire sale à base de bourrage. Cette route n’a rien d’optionnelle et est une étape obligatoire dans l’avancement du scénario et l’accès à la fin du jeu.


Si d’un point de vu difficulté j’avais la sensation que le jeu était plus facile que son ainé (surtout avec 100 heures du 1 dans les doigts), la deuxième route m’a vite remis au pas et en voir le bout aura été une autre paire de manches. J’ai désormais presque rempli les conditions pour voir la fin, mais je n’ai pas encore touché au pacte pour des runs plus corsées. Le end-game me tend les bras alors que la partie histoire semble arriver à son terme. Encore tellement d’armes et d’arcanes à augmenter, de runs à contraintes, de défis de chaos… Techniquement le jeu est magnifique et je n’ai jamais eu aucun ralentissement peu importe que les dieux se déchainent de toutes leurs forces à l’écran. 120 Fps promis sur Switch 2 mais je ne vous le confirmerai pas. Autant la différence 30 et 60fps me parait évidente, autant au delà mon œil de vieillard ne constate plus rien !


Deux petits regrets : le fait d’avoir réussi plutôt rapidement à boucler mes runs a du me faire sauter pas mal de dialogues de l’early game où l’on est censé ramer un peu plus. Rien de bien grave cependant car comme pour le premier je n’ai encore jamais eu deux fois la même ligne de texte. Le second est pour la bande son un poil moins marquante que son ainé.


J’évoquais le changement dans la continuité dans ma critique de Silksong et Hadès II en suit peu ou prou le même chemin. Le jeu donne tout de suite la sensation de quelque chose de familier et on se sent immédiatement comme dans des chaussons (ou dans un slip léopard moule burne comme Dionysos). Puis couche après couche la philosophie en devient autre, comme si l’on passait d’un chevalier à un mage. D’une tentative de fugue un peu triviale avec Hades 1 vers des enjeux plus sérieux avec cette suite, la narration en est devenue plus premier degré mais tout autant ciselée, pleine d’esprit et de punchlines en tout genre. J'ai cependant eu moins d'attachement au cast de ce second opus, surtout nos alliés du Hub. Quand un second opus a été annoncé j’étais partagé entre l’excitation et le doute. Apres tout Hadès avait-il réellement besoin d’un second épisode ? La réponse est majoritairement oui car Hadès II incarne la preuve que la formule avait plus à proposer, de la marge pour s’améliorer et encore beaucoup à raconter. Il serait cependant malhonnête de ma part d'occulter un sentiment de déjà joué en dépit des nouveautés. On est totalement dans une suite à l'américaine à la fois plus grande, plus vaste et avec plus de contenus. Et en cela le coup de cœur vaut surtout pour des retrouvailles avec une formule qui date de 5 ans. La surprise, quant à elle, est restée en 2020. Il est désormais temps de lui rendre le statut qui lui sied le mieux, à savoir celui d’un jeu dont on fait une partie quand on a besoin d’un truc court et réconfortant. Ça ou un câlin de Cerbère s'il le veut bien…


Mort à Cronos.


Maj : 3éme petit bémol, la fin est assez décevante avec un gros coté "tout ça pour ça". Ce qui ne change rien au fait que la narration était toujours aussi bonne mais la chute laisse vraiment perplexe... Le moment de ressortir ce vieux dicton à base de chemin et de destination ?


Créée

le 2 oct. 2025

Critique lue 231 fois

13 j'aime

Joo-Hwan

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