Unusual Suspect

Her Story prouve une fois de plus que l'on n'a pas encore exploré toutes les possibilités en matière de vidéoludisme, et de nouveau ce vent de fraicheur nous vient de la scène indépendante.

L'idée : vous êtes un "enquêteur" qui consultez une base de donnée liée à une enquête criminelle. Cette BDD contient les enregistrements de divers interrogatoires, seulement accessibles si vous trouvez les bons mots clés. C'est tout con, mais c'est brillant. On se retrouve à prendre des notes dans un carnet pour être sûr de ne laisser passer aucune piste, on s’immerge, on s'investit...

Graphiquement on revient à Windows 95 et au magnétoscope, et ce parti pris fonctionne à merveille. L'interface rappellera des souvenirs à plus d'un.

L'histoire se tient parfaitement et est captivante, digne d'un petit thriller. Seifert joue très bien, et il faut être attentif autant à ses paroles qu'à ses gestes. Il faut aussi remettre dans l'ordre les vidéos qui nous sont livrées en vrac ; fans de puzzles, vous serez comblés.

L'inconvénient, c'est qu'il n'y a qu'un seul twist véritablement majeur dans ce scénario, et qu'un "éclair" de génie peut l'éventer très rapidement. Dès lors, il n'y a plus vraiment de retournements de situation mais seulement des zones d'ombres à combler pour saisir parfaitement toute la timeline des événements.

De plus j'ai regretté l'absence de véritable conclusion. En gros, une fois qu'on a toutes les cartes en main pour reconstituer le crime, le jeu nous demande si "on pense avoir compris ce qui s'était passé". Et si on répond oui, en gros on nous dit "ok. Dans ce cas le jeu est fini". Je pense qu'une petite cinématique pour boucler le tout aurait permis de ressentir un meilleur aboutissement pour pouvoir vraiment tourner la page.

Enfin, une dernière chose : j'ai joué à Her Story en coopération avec ma copine, et nous avons ressenti quelque chose qui est assez peu mentionné dans les critiques et que j'aimerais partager... ce jeu nous a littéralement terrifiés ! D'une part l'ambiance devient vite très flippante dès lors qu'un piano commence à égrener ses notes en fond sonore. Pendant tout le début du jeu on n'entend que le grésillement des néons et l'atmosphère était rassurante et cozy ; le piano a changé cela du tout au tout, et on s'attendait de plus en plus à être la cible de jump scares ou de phénomènes paranormaux.
Secundo, renforçant ce sentiment, l'histoire en elle-même s'avère vite super sombre et les ressorts narratifs sont proches de ces histoires horrifiques que l'on peut se raconter au coin du feu en colonie de vacances. SPOILER (ceci dévoile LE PLOT TWIST) :

Enfin, tercio : la première fois que l'on a eu le droit à notre "reflet" dans l'écran, que l'on a pris pour une apparition, on a littéralement sursauté et poussé un cri. Il faut dire que pour un "reflet", c'est assez mal fait, et à ce moment là on a cru que le jeu allait virer à l'aventure d'horreur. On a même hésité à arrêter notre session pour la soirée ; on s'est accrochés et on a fini par comprendre que le but n'était pas de nous faire peur, mais difficile de dissiper cette première impression qui nous a accompagné tout le long.

Là où je veux en venir, c'est que Her Story s'est un peu planté dans l'ambiance qu'il voulait instaurer, par contre cela met en lumière le potentiel de foldingo pour un jeu de ce type qui jouerait à fond la carte de l'horreur et du mindfuck (à la Eternal Darkness).

Bref, qui sait ? Her Story a peut-être tout simplement donné naissance à un genre entièrement nouveau.

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