Un peu comme pour Celeste, terminé plus tôt cette année, Hyper Light Drifter a été un jeu qui n'a pas voulu de moi… quoique contrairement à Celeste, j'aurais tout de même à évoquer des défauts plus « objectifs » au titre dont il est question ici.


Hyper Light Drifter se veut plutôt cryptique, mais surtout minimaliste. Pas de voix ni de texte ici, mais des images univoques pour les dialogues (si on oublie le fait qu'une petite poignée ne sont pas bien lisibles). Ce choix, accompagné de ce côté « pixels qui s'assument » n'a pas été sans me rappeler Dropsy, sorti quelques mois avant la production de Heart Machine. Une orientation qui n'est pas pour me déplaire, laissant au joueur le pouvoir de découvrir l'univers par lui-même, se faire sa propre interprétation, sans pour autant tomber dans le piège du trop-plein de lore pour compenser comme a pu le faire une certaine série de From Software. Hyper Light Drifter n'est pas pour autant sans lien avec la série des Souls, chaque zone racontant quelque chose sur son univers, sur les populations qui ont vécu en ces endroits, sur leurs croyances, ainsi que leur disparition. En cela, les 4 zones que nous traversons ont été ingénieusement créées, outre le fait que chacune renvoie à une saison, justifiant en partie les différents biomes, le fait que la disparition de chacune des espèces demeurant auparavant dans ces dites zones soient probablement dues à un facteur différent (une épidémie pour l'ouest et la religion pour le nord par exemple) justifie quant à lui l'état de délitement de ces mêmes zones et la présence de certains ennemis.

Le jeu ne s'épargne pas pour autant de jolis plans, de tableaux qui ne sont pas sans rappeler cette vibe du Voyageur contemplant une mer de nuages… une mode que l'on a beaucoup retrouvée ces dernières années, surtout sur les jaquettes de jeu et autres affiches promotionnelles du monde vidéoludique. Quoi qu'il en soit, il me semble important de noter que le titre a été développé via GameMaker, pas forcément le meilleur outil pour développer un jeu de cet acabit. Le résultat final ne peut alors que devenir plus surprenant.

Pour reprendre sur le côté cryptique, alors certes, ça fait un peu « cache-misère » dans le sens où il n'y a pas à se creuser la tête 107 ans pour se forger une interprétation concernant l'univers d'Hyper Light Drifter, que le tout n'est pas si complexe que ça. Ma théorie quant au rôle du chien (je tiens à préciser que la présence d'un chien dans un jeu se traduit par un +1 sur la note que je lui attribue, c'est comme ça, c'est la règle) est peut-être un peu simpliste, mais il suffit de s'intéresser, ne serait-ce que quelques minutes, au rôle d'Anubis dans la mythologie égyptienne, pour se faire une idée sur la fonction que tient l'animal. Au pire, certains événements trouveront leur écho dans la réalité, Al(e)x Preston souffrant d'une maladie du cœur, retranscrite dans le jeu. Je parlais de Celeste en introduction de cette critique, et force est de constater que, bien que les deux jeux dont il est question ici possèdent des gameplays totalement différents, les deux parlent avant tout de la personne à la tête de ces deux œuvres, de leurs combats respectifs. On y retrouve même certaines thématiques comme le fait de ne pas abandonner (bien plus présente dans Celeste cependant), du fait qu'une partie de leur « combat » respectif s'est déroulé durant le développement. Bon après, face à un Celeste qui était dans l'élévation (dans tous les sens du terme), dans la transformation (dans tous les sens du terme ici aussi), Hyper Light Drifter, lui, est plus dans l'acceptation. Forcément, autant le combat pour la transidentité est difficile, autant il est possible… autant il est bien plus difficile de guérir d'une maladie du cœur du jour au lendemain, quelle que soit l'abnégation de la personne derrière. En cela, Hyper Light Drifter a un côté exutoire bien plus prononcé, la destruction et la maladie ne sont jamais loin, ce qui n'est pas pour me déplaire, le titre d'Alx Preston me parlant davantage que celui de Maddy Thorson.



M'enfin, je disais en introduction que « Hyper Light Drifter a été un jeu qui n'a pas voulu de moi » (j'adore m'autociter) et jusque-là, je n'ai pas l'impression d'avoir montré tant que ça mon « incompatibilité » avec le titre. En fait, cela vient d'un tout petit truc de rien du tout, surtout pour un jeu vidéo : le gameplay.

Je dois l'avouer, je n'ai pas grandement apprécié le gameplay d'Hyper Light Drifter. Je n'ai pas apprécié le fait que ce ne soit pas tout le temps bien lisible, le fait qu'il y ait toujours un léger décalage entre les actions que nous effectuons et leur retranscription à l'écran, le fait que le gameplay ne soit pas adapté tant que ça pour le pad contrairement à ce que l'on pourrait croire (je reviens dessus plus bas). D'un certain point de vue, j'ai trouvé Hyper Light Drifter frustrant… mais attention ! Pas frustrant à la manière d'un Souls (on y revient !), pas dans le sens où j'ai trouvé la difficulté frustrante. Non ! J'ai trouvé Hyper Light Drifter frustrant dans le sens où, sans avoir saisi nombre de ses subtilités de son gameplay, je l'ai quand même terminé sans la moindre difficulté.

Et là, pour le coup, je me dois de fustiger la durée de vie du jeu. Autant j'ai tendance à trouver les jeux trop longs, à préférer les titres qui savent gérer leur rythme, quitte à même préférer les jeux trop courts aux jeux trop longs justement (signe que je vieillis), autant ça n'excuse pas le fait qu'Hyper Light Drifter fasse partie de cette dernière catégorie. Un signe qui ne trompe pas, loin d'imaginer que l'aventure était sur le point de s'achever, j'ai clôturé mon avant-dernière session de jeu juste avant le boss de fin, sans imaginer un seul instant que j'étais précisément devant le boss final. Du coup, il m'a fallu moins de six heures pour terminer Hyper Light Drifter la première fois. Six heures en prenant mon temps, en fouillant un peu. Six heures en étant arrivé à me perdre à un moment donné, n'arrivant pas à trouver un item manquant pour accéder au boss d'une zone. Le problème, c'est qu'Hyper Light Drifter ne renvoie pas à des licences, à des genres, connus pour leur courte durée de vie. Je citais Celeste plus haut, et mis à part lui (qui n'est de toute façon par une référence pour le développeur vu qu'il est sorti après), les inspirations qu'on retrouve pour cet Hyper Light Drifter, à savoir Dark Souls, mais encore, et de l'aveu même d'Alx Preston, Zelda A Link to the Past et Diablo II, sont davantage des titres dont on jauge la durée en dizaines et non en simples unités d'heures. Alors oui, on pourrait aussi y voir dans le titre dont il est question ici du Another World, pour ses cinématiques, et surtout du Shadow of the Colossus, ne serait-ce que pour la présence des colosses. M'enfin, le rythme que distille Hyper Light Drifter, la manière dont il nous parle, nous transmet des informations, rentre en totale contradiction avec la durée de vie finale.


Fort heureusement, deux des défauts sus cités, à savoir la possibilité de terminer le jeu sans maîtriser son gameplay, ainsi que la faible durée de vie, sont en partie corrigés par le contenu annexe, mais essentiellement par la présence d'un mode New Game +. Exactement la même chose que le mode standard, mais avec 2 points de vie au lieu de 5. Là, on parle ! Pour le coup, si on ne maîtrise pas quelques-unes des subtilités du gameplay, c'est mort ! Avec 2 points de vie, certains boss et autres ennemis peuvent nous tuer en un seul coup, quel que ce soit la quantité de potion de soin que l'on possède. On prend enfin le temps d'analyser les patterns des boss, d'apprécier leur variété. Ça ne corrige pas les défauts cités plus haut pour autant, mais ça les adoucit.

Bref, je ne vais pas épiloguer sur ce mode de difficulté, car vous avez compris où je voulais en venir, mais je tiens cependant à aborder un point bien précis. Je parlais plus haut du « fait que le gameplay ne soit pas adapté tant que ça pour le pad », et c'est justement dans ce mode de difficulté que j'ai compris cela. En effet, c'est en jouant à ce mode « difficile » (non parce que disons le franchement, ce NG+ n'est ni plus ni moins qu'un mode difficile) que je me suis enfin décidé de jouer avec les flingues, de jongler plus souvent entre le corps-à-corps et le combat à distance. Le truc, c'est que la visée au pad est juste catastrophique ! Je n'ai pas d'autres mots. Outre le fait que ce soit forcément plus difficile de viser avec un curseur qui dirige qu'un curseur qui pointe (bon ça on a l'habitude à la limite), la visée au pad se fait avec le stick gauche. Je vais le dire autrement : j'ai une manette, avec un stick gauche pour me déplacer, et un stick droit… UN STICK DROIT !… Vous entendez ?!… Qui ne sert absolument à rien… À RIEN !… je n'ai aucune caméra à orienter… et je dois passer par le stick gauche pour viser. Bordel ! Pourquoi ?! En plus de ça, même si on se dit qu'on va y aller en mode YOLO et tirer sans viser (bon courage dans ce cas), ça revient au même puisque le tir se fait en fonction de la direction dans laquelle va notre personnage. Je ne comprends vraiment pas là.


Bref, passons, très franchement, je crois que sans mode New Game +, j'aurais directement lâché le jeu après ma première partie. J'indiquais plus haut que j'ai mis un +1 sur la note grâce au chien, certes, j'exagérais un peu, mais le NG+ a clairement joué au niveau de la notation lui. Du coup, dommage qu'il n'y ait pas un niveau de difficulté intermédiaire : un mode de difficulté avec 3 ou 4 points de vie m'aurait poussé, contraint, à me plonger dans le gameplay dès ma première partie. Dommage qu'il ait fallu attendre le New Game +… quoique… quoique ce mode New Game +, même s'il m'a permis enfin d'apprécier le jeu un minimum, de gonfler sa durée de vie, il a aussi accentué un autre défaut du jeu : son 100 %. Bordel alors là, il faut qu'on en parle ! Autant, je suis quelqu'un qui me fait facilement avoir, qui tombe facilement dans le piège du 100 % et de la chasse à succès (c'est d'ailleurs ça qui m'a motivé à relancer le jeu en New Game +), autant Hyper Light Drifter se ramasse complètement à ce niveau-là. Bon déjà la carte est atroce à lire, tout est indiqué, mais on n'y comprend rien, c'est prodigieux ! Probablement l'une des pires cartes que j'ai pu voir dans un jeu vidéo. Autre problème, une certaine paresse au niveau du level design : bon nombre de zones cachées étant marqué d'un petit carré histoire de guider le joueur. Dans le pire des cas, il suffit de longer les murs… quel ennui ! Quel aveu d'échec ! Ne nous arrêtons pas là, car si vous aimez les allers-retours, Hyper Light Drifter s'en donne à cœur joie avec ses clés à ramasser… clés qui, forcément, ouvrent des portes situées à chaque fois à l'autre bout de la map histoire de bien s'amuser à faire des allers-retours chiants. Mais ce qui m'a définitivement achevé, c'est le défi des 800 dashs : un défi dans lequel il faut faire un combo de 800 dashs sans se gourer une seule fois au niveau du timing ! Bordel, vous avez fumé quoi ?! Ils ont pris de la drogue les développeurs ?! (à prononcer à voix haute avec l'accent perpignanais pour plus de réalisme)… mais vous savez c'est quoi le pire ?! À une époque, je les aurais obtenu ces succès ! L'époque où j'étais accro tel un junkie à tous ces achievements à la con. Alors oui, je suis toujours bonne poire, mais là quand même, ce serait retomber dans mes pires travers de gamer, sombrer de nouveau… et franchement, quand je vois les différents fils de discussions et autres forums qui évoquent ce défi, l'état des joueurs qui en parlent, je suis bien content de ne pas m'être fait avoir !

C'est con ! Pile au moment où j'ai commencé à prendre du plaisir, le jeu est venu me rappeler qu'il n'était pas fait pour moi… dommage… je suppose ?

Pour terminer sur le contenu, on notera la présence d'un mode coop (pas testé, je n'ai pas d'ami, NEXT !), d'un mode boss rush pas vraiment intéressant et qui se boucle en une heure grand max, ou encore la possibilité de faire le jeu avec un autre personnage (sympa quelques dizaines de minutes, mais on se lasse vite). À noter enfin qu'il n'y a pas eu d'update liée à la Special Edition sur Steam, dommage, ça aurait pu faire un peu de contenu en plus. De surcroit, l'update en question ayant été publiée en 2018, je pense que c'est définitivement mort pour la version.



Reste quand même à saluer l'état dans lequel est sorti le jeu. J'ai évoqué à plusieurs reprises la maladie d'Alx Preston, mais ce que je n'ai pas évoqué, c'est que le jeu a été repoussé à plusieurs reprises à cause de sa maladie. On ne peut que saluer l'abnégation du bonhomme. En outre, si les plus de 600.000 $ obtenus via le kickstarter, pour une somme demandée de « seulement » 27.000$, peuvent impressionner, il aurait pu facilement tomber dans le piège qui aurait été d'en faire trop, de dévier complétement du projet qu'il souhaitait livrer à l'origine. Finalement, on a obtenu un titre proche de ce que voulait le développeur à l'origine, un (énième) hommage aux jeux SNES. Plus sérieusement, ce « surplus » nous a surtout permis de retrouver quelques programmes et autres artistes sympas sur le jeu final, notamment Beau Blyth, connu pour son très sympathique Tormentor X Punisher, ou encore Disasterpeace pour la BO, qu'on ne présente plus. Et ça tombe bien, cette partie-là est irréprochable.



J'ai dressé quelques parallèles avec Celeste au cours de cette critique. Encore une fois, ce dernier et Hyper Light Drifter n'ont pas énormément de choses à voir, cela n'empêche que j'ai énormément pensé à l'œuvre de Maddy Thorson durant les quelques heures que j'ai passées devant Hyper Light Drifter, comme si je ne pouvais pas m'empêcher de dressers des liens entre les deux productions. Reste qu'autant j'aurai plus de reproches à faire à Hyper Light Drifter, qu'il a objectivement plus de défauts, autant je l'ai justement préféré à la production de Maddy Makes Games : le gameplay m'ayant davantage plu (pas difficile quand on déteste les jeux de plateformes), l'univers davantage parlé. Reste que, que ce soit dans un cas ou dans l'autre, j'ai fini par me sentir rejeté du titre, comme si Alx Preston n'avait pas voulu que je profite du gameplay, et encore moins du endgame de son jeu, en en proposant un vraiment pas intéressant.

Cela ne m'empêchera pas de probablement me procurer Solar Ash un jour et de jeter un œil aux différentes actualités liées à Hyper Light Breaker… et avec un peu de chance, ce sera la série télé qui viendra donner des nouvelles. M'enfin, concernant cette dernière, je crois qu'on peut encore attendre un peu.

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le 11 août 2024

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MacCAM

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