Kenshi est un objet très curieux, un très grand bac à sable à mi-chemin entre le RPG et le RTS, qui vous propose, comme de nombreux autres jeux du genre, de mettre en place des villes, des systèmes, et de vous laisser faire le reste. Vous débutez donc la partie dans une ville à moitié détruite, avec une épée à la main et quelques maigres deniers en poche, un peu confus par ce monde étrange et grotesque, et vous vous demandez ce que vous allez bien pouvoir y foutre.
Kenshi n'impose pas de but à proprement parler, ni de système de quêtes, mais il y a des arbres de dialogue, du troc, des primes à récolter, de la construction de bases, et surtout, un système de combat particulièrement poussé.
Et c'est sur ce dernier point que Kenshi est très original. Ici, la défaite n'est que partie remise. Se faire botter le cul par une horde de 25 bandits, c'est la routine, j'oserais même dire la coutume, et ce n'est pas synonyme de fin de partie. Vous vous relèverez, un peu plus fort et un peu plus endurant qu'avant. Plus rapide, aussi. A force de courir, vous finirez par dépasser Forest Gump, et les hordes ne vous ennuieront plus.
Heureusement d'ailleurs, parce que les patrouilles peuvent vous suivre sur des kilomètres avant de faire demi-tour.
Bref, une fois revenu à vous, vous pourrez vous soigner discrètement, ou faire le mort et attendre que vos ennemis ne s'éloignent davantage, et reprendre votre route, recruter des compagnons, miner des ressources, préparer votre base ou votre prochaine exploration de ruines. Vous avez perdu un bras ? C'est chiant, mais ce sera une bonne occasion de vous faire installer une prothèse, peut-être même meilleure que votre membre naturel.
Le monde de Kenshi est immense, et même s'il est représenté avec le fleuron de la technologie open source de 2006 qu'est Ogre3D, il s'en tire plutôt bien pour un titre développé par... une seule personne. On reste malgré tout sur une technique complètement dépassée, et pas juste esthétiquement : le jeu galère comme un dingue pour charger certaines zones. Si vous séparez votre groupe, par exemple pour explorer d'un côté et gérer une base de l'autre, le jeu n'appréciera pas du tout le basculement entre les deux, et il vous laissera parfois planté pendant 15 bonnes secondes (j'ai compté) sur un écran de chargement.
Mais pour autant, on a quand même envie d'y rester, d'expérimenter de nouvelles choses, de fouiller plus de ruines, et de construire son petit avant-poste au bout du monde. La narration est parsemée ici et là façon Miyazaki, les dialogues sont simples et directs, avec des banters façon Fallout premier du nom. La "charactérisation" des personnages est réussie, et les vieux barbus s'écharpent sur Reddit pour savoir qui est le plus badass entre Cat-Lon et Tinfist.
Et il y a vraiment quelque chose de plaisant à explorer, à se faire courser par 40 bandits cannibales (tout en incarnant un robot), de se faire mettre à terre, de penser "ah ah" et de se soigner pour repartir dans leur dos, ou d'essyer de ramener tout ce petit monde dans une ville alliée (ou ennemie).
C'est une reco, mais elle ne s'adressera pas à tout le monde. C'est un bac à sable un peu bizarre, qui relève davantage du RTS que du RPG, qui ravira les curieux et les game designers en herbe.