Dans mon imaginaire, MediEvil était un classique de la PS1 qu’il fallait que je fasse un jour. C’est désormais chose faite, et je n’avais pas totalement tort : c’est effectivement un jeu PS1 très classique.
Après des années de jeux de plateforme 2D à mascotte, cette première génération de plateformers 3D cherchait elle aussi à capitaliser sur le phénomène Mario 64, mais, pour reprendre un terme à la mode en game design, rares sont ceux qui atteignaient le même niveau de craftsmanship — difficile à traduire en français : la qualité du produit fini ? l’artisanat ? Bref, vous voyez l’idée — que Nintendo.
MediEvil n’est pas, en soi, un mauvais jeu. Son univers évoque une sorte d’Étrange Noël de Monsieur Jack qui rencontrerait Ghosts’n Goblins (quand Fortesque lance des couteaux, j’ai tout de suite pensé à Arthur). La musique est appropriée, les personnages sont amusants et variés. C’est un peu cliché, certes, mais ce n’est pas bien grave au final. Le jeu a clairement une âme sur le plan esthétique.
Non, le vrai problème de MediEvil, c’est son manque de polish au niveau du gameplay. En quelques mots : tout m’a semblé approximatif. Les combats sont globalement peu intéressants. On ne sait jamais vraiment quand on reçoit des dégâts — détail tout bête, mais il n’y a aucun son quand on en prend, seulement quand on est proche de la mort. La difficulté, elle, manque totalement de progressivité : elle oscille sans cesse entre le beaucoup trop facile et le beaucoup trop dur.
Je passe sur l’aspect plateforme, qui est une catastrophe, ainsi que sur la gestion de la caméra, totalement hasardeuse — un mal récurrent à l’époque. Pour le dire rapidement : quand on veut la contrôler, on ne peut pas, et quand on peut, on finit toujours par s’obstruer la vue.
Autre défaut : un manque de lisibilité. Il est souvent difficile de savoir où l’on peut sauter ou avec quels objets interagir. Pour donner un exemple (petit spoil) : à un moment, on se retrouve dans une forteresse où trois gars sont pendus par les bras au-dessus d’un feu. Que faire ? Casser la corde les fait tomber dans le feu et mourir. On cherche donc une solution pour éteindre le feu. J’ai fouillé le niveau à la recherche d’eau, ou de quelque chose d’équivalent. Rien. J’ai alors essayé mes armes : l’épée ? Rien. La hache ? Rien. La masse ? Toujours rien. Dépité, j’ai fini par consulter un guide, qui indiquait qu’il fallait donner trois coups de masse pour éteindre le feu. Ce genre de déconvenue ne serait jamais arrivé dans un jeu Nintendo, où la solution aurait été immédiatement comprise.
À cela s’ajoutent l’absence totale de checkpoints dans les niveaux et le fait qu’on ne regagne pas de vie à la fin d’un stage. Je me suis donc souvent retrouvé à farmer des niveaux faciles. MediEvil ne manque pas de bonnes idées, mais elles restent malheureusement trop diluées dans cette approximation générale.
La version PS1 me provoquant instantanément une cinétose des enfers, je me suis rabattu sur la version remasterisée PS4, qui est, franchement, minimaliste. Autant je pardonne à un jeu PS1 d’être « un jeu PS1 », autant un jeu PS4 avec un gameplay de PS1 rend l’expérience difficilement satisfaisante. On est d’autant plus surpris de se heurter encore à des limitations de gameplay.
Il y aurait eu matière à un vrai travail de refonte (un remake, en somme), qui n’a clairement pas eu lieu. Ce remaster ne risque pas d’attirer de nouveaux joueurs. MediEvil, comme Sir Fortesque, risque de rejoindre son cercueil : celui des licences mortes et enterrées.