Après un deuxième épisode qui avait su corriger les quelques problèmes techniques du premier opus en y amenant au passage une meilleure gestion de la difficulté, une meilleure durée de vie, de meilleures musiques, de plus beaux décors… bref en étant meilleur sur à peu près tout. Mega Man 3 avait fort à faire pour placer la barre encore plus haut que son prédécesseur ou même l’égaler alors que les délais de développement ne sont pas rallongés, cette fois-ci pour capitaliser au plus vite sur la saga et cela malgré qu’une partie de l’équipe de développement a tourné.
RÉALISATION / ESTHÉTISME : ★★★★★★☆☆☆☆
Exit la petite intro scénarisée de Mega Man 2, ce troisième épisode nous propulse immédiatement sur l’écran titre, montrant peut-être une envie de renouer avec la pure plate-forme dénué de scénario ou presque mais personnellement je trouve que le petit effort fourni par Mega Man 2 pour contextualiser le tout était appréciable et c’est un peu dommage d’être revenu là-dessus, d’autant que la fin est scénarisée mais du coup n’a pas beaucoup de sens sans l’intro. Certes, on n’attend pas les Mega Man sur la richesse de leur scénario et la subtilité de leur narration, encore moins les épisodes 8 bits, mais là ça se ressemble à un travail commencé mais fini alors que l’épisode précédent le faisait complètement, ça la fout mal.
Dès les premiers niveaux parcourus, décors et animations sont clairement plus détaillés avec beaucoup d’éléments en mouvement et de jolies couleurs au premier plan, des dégradés de couleur plutôt que des couleurs unies en fond... ça fait plaisir à voir mais j’ai aussi vite remarqué que ça fout un peu en l’air la fluidité du titre qui accuse à certains moments de très brutales chutes de framerate, plusieurs ennemis qui attaquent dans un décor un peu trop surchargé en détails et en animations et c’est le mode diapositive ou presque. Ça se vérifie également sur les boss quand ils lancent plusieurs attaques en même temps à l’écran par exemple, tant qu’il y a plusieurs éléments qui bougent à l’écran, ça va se mettre à ramer brutalement.
Ayant eu le même temps de développement que le deuxième épisode, je pense que c’est la volonté de faire mieux que le 2, en l’occurrence plus beau, qui a conduit à ce pépin qui sonne malheureusement plus comme une régression qu’autre chose puisque le problème de la fluidité semblait résolu. Ça illustre très bien le débat que l’on peut avoir entre joli graphismes VS fluidité permanente, mais pour un jeu de plate-forme 2D exigeant, la fluidité me semble vraiment plus pertinente que les jolis graphismes et elle aurait pu être atteinte si on avait laissé à la nouvelle équipe le temps de peaufiner les choses.
Sur le plan artistique, Mega Man 3 continue de proposer une tonne de designs originaux tout en respectant le cahier des charges robotique et mignon de la saga, mention spéciale au chien robot pour les plates-formes, on se demande un peu d’où il sort mais c’est marrant d’avoir affublé des items à ce chien que j’étais bien content d’avoir en situation délicate. C’est aussi la première apparition de Proto Man, ou Blues, dont le design est aussi iconique que réussi tandis que le nom original de Blues est très bien trouvé pour poursuivre la référence musicale intelligemment, le blues pouvant être vu comme le précurseur du rock 'n' roll de la même manière que Proto Man pour Mega Man dans l’histoire, même si là encore ça aurait mérité une intro le narrant.
Si l’OST du premier épisode était très peu reprise dans le deuxième, Mega Man 3 s’offre une composition parfaitement originale, et si c’est encore une nouvelle équipe à la composition musicale et que les moyens de développement idéaux ne sont toujours pas réunis, le registre entraînant est toujours très bien maîtrisé. Sa principale limite se trouve dans son utilisation qui semble parfois détourné de son objectif original, comme la musique de l’écran titre qui est beaucoup plus adaptée à une introduction à la manière de l’épisode précédent que pour l’écran titre statique de cet épisode ci.
GAMEPLAY / CONTENU : ★★★★★★☆☆☆☆
Pour le gameplay, la structure du jeu est sans surprise la même que ses prédécesseurs dans ses grandes lignes, vaincre un boss pour gagner une nouvelle arme efficace contre un autre boss, tel item pour contourner telle phase particulièrement... avec juste quelques réajustements, comme les forces et faiblesses des boss qui se répartissent sur 2 boucles plutôt que de n’en former qu’une pour renforcer la non linéarité de la progression. J’ai retrouvé des idées originales d’un monde à l’autre et faire moi-même mon propre itinéraire en choisissant dans quel ordre faire les boss me convient encore une fois très bien pour la première partie du jeu. La seconde partie du jeu est différente avec des versions plus difficiles des premiers niveaux parcourus, poursuivant cette recherche de non linéarité mais au prix d’un manque de nouveautés et surtout d’un léger problème de difficulté sur lequel je reviendrai en détails plus tard.
Le mouvement de la glissade apparu pour la première fois dans cet épisode apporte toujours plus de technicité au maniement de Mega Man qui a été encore fluidifié avec un Mega Man plus du tout glissant lors de ses déplacements normaux et parfaitement réactif aux commandes. Les armes inédites peuvent présenter des attaques très originales allant de l’aimant permettant des tirs guidés perturbés par les projectiles ennemis au spin qui demande de prendre des risques en allant au corps-à-corps. Ce n’est pas très abouti mais ça tente des choses.
Les armes inédites peuvent aussi être en réalité des versions rééquilibrés d’armes précédentes, comme les serpents plus funs et utiles à jouer que les bulles reposant sur le même principe de tir, les shurikens moins puissantes que les scies qui étaient au-dessus de tout l’arsenal de Mega Man 2... Sinon, les items devenus formes du chien robot sont un peu plus diversifiés avec une variante de mouvements sous-marine, mais rien de très important tant c’est peu exploité par le level-design. Ces différentes nouveautés sont ainsi légères et à la qualité discutable.
Pour la difficulté, l’effort d’accessibilité de Mega Man 2 avec ces deux modes de difficulté n’est absolument pas présent dans cet épisode qui nous jette purement et simplement dans le grand bain, sans bouée, en partant du principe qu’on sait déjà nager sinon tant pis. Comme c’est une suite à un succès populaire, qu’il soit plus difficile et parte du principe qu’on s’est déjà fait les griffes dessus me paraît légitime, mais c’est quand même bien dur ! La plupart des niveaux demandent pas mal d’essais pour en voir le boss et encore davantage pour faire un peu plus que le voir avant de se faire tuer.
Les boss inédits à ce Mega Man sont comme les autres, sans intérêt avec l’arme appropriée tellement ils tombent vite, très techniques sans ernegy tank et avec le canon de base mais c’est vraiment une satisfaction personnelle quand on y arrive à la loyale. Dans la première partie du jeu tout dépendra donc de votre façon de jouer. Par contre, dans la seconde partie du jeu la difficulté des niveaux comme des boss devient infernale, ernegy tanks et armes appropriées seront d’un secours salutaire mais sans faire le travail à eux tout seuls.
Je savais Mega Man 3 difficile mais à ce point, honnêtement non je ne m’y attendais pas et le finir m’a paru impossible à mon niveau, j’ai donc été le plus loin possible en « trichant » avec les passwords pour avoir le plein d’ernegy tanks. Je ne suis pas parvenu à finir ce jeu sans ces mots de passe mais je vous adresse mes plus sincères félicitations si vous avez eu la patience et le talent pour y parvenir. Néanmoins, je pense avoir suffisamment vu du jeu, de la gestion de sa difficulté, de la qualité de son level-design et ainsi de suite pour en rédiger cette critique et la conclure sur une note malheureusement décevante.
CONCLUSION : ★★★★★★☆☆☆☆
En dépit de chutes de framerate assez sévères comparé à Mega Man 2 et de pics de difficulté un petit peu exagérés, c’est un euphémisme pour ceux qui n’auraient pas joué au jeu, Mega Man 3 a pour lui des décors et des animations impressionnants et quelques nouveautés de gameplay très appréciables pour au final fournir une expérience de jeu certes peu originale vu ses deux prédécesseurs mais parfaitement honorable, suffisamment pour moi, dommage qu’il ait eu les yeux un peu plus gros que le ventre sur sa technique et sa difficulté qui font que comme beaucoup, je lui préfère le deuxième épisode. Le succès de la saga retombera avec cet épisode au million de copies vendus, ce qui reste très bien.