Les miracles existent, Konami semble enfin vouloir produire des jeux vidéo. Si cela reste timide, on ne peut être que content de revoir certaines licences comme Silent Hill ou Metal Gear. En effet, ce comeback se fait en marchant sur des œufs. Ils ne proposent « que » des remakes de leurs jeux les plus cultes avant de passer à des nouveaux opus. En 2024, nous avons eu le droit à Silent Hill 2 Remake, excellent compromis entre tradition et modernité. Qu’en est-il de ce Metal Gear Solid Delta ? Remake d’un incontournable de la PS2, sorti 20 ans auparavant. Cherche-t-il à remplacer ou à coexister avec MGS 3 ?
Les équipes de développement de Konami paraissent avoir eu peur de toucher au bébé de Kojima, sorti 20 ans plus tôt. Tout est identique à l’époque. Qualités, comme défauts. Les phases de jeu sont toujours aussi variées et les scènes sont toujours burlesques, tant elles tendent vers le ridicule assumé. L'histoire ne change pas, les personnages sont de nouveau géniaux, la mise en scène reste au poil. Pourtant, il n’aurait pas été regrettable de voir des mises à jour sur plusieurs plans. Certes, on a le choix entre deux modes, nous proposant maintenant d’avoir une caméra plus moderne avec un maniement dans l’air du temps. Malheureusement, le level design semble davantage fait pour la caméra éloignée et non la caméra à l’épaule. Pouvoir tirer en troisième personne sans devoir passer à la vue subjective fait du bien et rend le jeu plus dynamique. De plus, cela rend certains boss plus faciles, car la caméra était une vraie difficulté à l’époque. En somme, les deux modes ne sont pas parfaits pour 2025. Là où j’émets le plus de regrets, c’est sur l’intelligence artificielle des soldats ennemis. Déjà, ils ont le don de nous détecter à travers des éléments de décor, alors qu’on est parfaitement caché. En 2004, ça peut être excusable, moins aujourd’hui. Pire, être repéré visuellement par un gugusse implique dans une grande partie des cas que la planète entière en soit avertie. Là encore, une mise à niveau aurait été salutaire. À l’inverse, le jeu copie tout dans le moindre détail. On croirait presque un remake du studio Bluepoint, mais en moins beau.
En effet, graphiquement, le jeu est inégal. Si les personnages sont remarquables, les textures sont baveuses. On peut toujours zoomer en pleine cinématique, cela nous permet de constater un niveau de détails qui est impressionnant. Même les cinématiques sont identiques. On pose toujours la manette pendant une heure au début du jeu. On retrouve les mêmes plans de caméra, les mêmes gestes, les mêmes lignes de dialogue. Quelques mimiques et micro expressions sont ajoutées, mais restent minimes. C’est un jeu de sept différences en mode lunatique. Ce qui est notable, c’est que les animations sont les mêmes, et témoignent de l’avancée impressionnante de MGS 3 pour son époque. Finalement, on se demande pourquoi jouer à MGS Delta, alors qu’on peut jouer à MGS 3 sur PS2, PS3 et par émulation. Certes, l’ajout du « style moderne » peut apporter du confort de jeu, mais comme dit plus haut, il n’est pas toujours adapté. Pour ce qui est du gameplay, des efforts ont été apportés pour rendre l’ensemble plus confortable. En pleine infiltration, un menu déroulant est disponible pour changer de camouflage. De même, le soin est accessible plus rapidement et va direct à l’essentiel. Le remake réussi à réduire le temps interminable qu’on passait dans les menus à l’époque. D’autres ajouts auraient été bienvenus, comme la possibilité de fouiller les corps sans lancer l’animation pour les déplacer.
Bref, Metal Gear Solid Delta : Snake Eater est un jeu incroyable, car Metal Gear Solid 3 : Snake Eater était incroyable en 2004. Pour 2025, certains ajustements font un bien fou, d’autres manquent cruellement. Payer le prix fort pour un remaster qui prétend être un remake, c’est dommage. Je ne sais pas s’il faut espérer que ce genre de production donne à Konami la volonté de continuer et de proposer de nouveaux remaster ou de nouveaux jeux. Sans Kojima aux commandes, la licence risque d’être que l’ombre d’elle-même. Pourtant, qu’est-ce que c’était bien MGS.