Epopée Metal Gear - Partie 6: Lente infusion de Big Boss

Bon, Portable Ops... Malgré ce que peuvent en dire certains joueurs, cet épisode est en partie canonique. En partie ? La trame globale est bien sortie de l'esprit de Hideo Kojima (la fin, raccord avec le futur MGS 4, est là pour le prouver), mais le tout a été réécrit sous forme de scénario par Gakuto Mikumo, écrivain japonais qui n'a pas hésité à créer certains détails peu cohérents, ou du moins sans impact, avec l'histoire globale de la saga. Mais il y a bien de l'officiel dans tout cela...


Du coup, je ne pouvais pas passer à côté, évidemment. Pourtant, le jeu en lui-même ne me disait pas grand chose: les micro-parties sur console portable, la maniabilité de merde... bof, bof. De toute façon, j'ai pas de PSP. Et pas question de faire tourner un émulateur sur mon ordi. Du coup, je n'avais plus qu'un seul choix si je voulais connaitre toute l'histoire de cet opus: suivre un walktrough. "Mais, mais... ça veut dire que tu n'as pas joué au jeu, bâtard ?" "Non." "Et tu lui fous, une note ? Mais t'es complètement con !". Oui, je suis complètement con, mais calmez-vous. Le truc c'est que, dans le cadre de mon intégrale *Metal Gear*, je n'avais pas le coeur de laisser de côté cet opus qui a généralement reçu de mauvaises critiques, alors que j'ai trouvé le scénario plutôt bon. Et pour le défendre, j'ai dû lui mettre une note. J'ai donc pris ce jeu comme un spectacle passif et l'ai noté en tant que tel. Je ne referai sans doute plus jamais ce genre de chose mais j'ai trouvé ça justifié pour le coup. Ce sera mon joker.
Le scénario donc. Assez court et raconté par des images fixes dessinées par Ashley Wood. Le résultat ressemble plus souvent à de la bouillie qu'autre chose, alors que le dessinateur n'est pourtant pas si mauvais que ça. C'est plutôt le concept "cinématiques du pauvre" qui craint. L'histoire se veut une suite directe de *MGS3*. Plus spirituelle qu'autre chose. Et c'est cet "esprit" que j'ai trouvé plutôt bien retranscrit. Il est question de la recherche du soldat et du leader parfaits, de situation géopolitique de la Guerre Froide, de l'héritage idéologique de Boss (son mème, diront les fans de *MGS 2*) interprété différemment par Big Boss et Gene, le grand antagoniste de l'épisode. On assiste à la création de l'embryon de Outer Heaven (dont le nom est ici justifié). Enfin, on explore la philosophie du guerrier, sa raison de combattre, qui dépasse le patriotisme pour quelque chose de plus personnel, de plus ontologique.
Les boss ont tous une véritable histoire (plus que ceux de *MGS 3* en tout cas !) et leurs capacités/pouvoirs cadrent bien avec la saga, tout en restant dans une optique science-fiction rétro très agréable. Les dialogues sont souvent bien écrits et évitent les moments kitsch que l'on retrouve pourtant dans tous les épisodes signés Kojima. La psychologie de Big Boss est approfondie et l'on passe progressivement du Jack un peu naïf de *Snake Eater* au meneur d'hommes de *Peace Walker*. Que de compliments me direz-vous ! Il n'y a donc rien qui cloche dans ce scénar' ? Ben si quand même... Le truc, c'est que *Portable Ops* doit tout simplement être considéré comme un épisode annexe: rien de ce qui s'y passe n'a d'importance capitale pour la compréhension de la saga. Même les révélations qu'il propose (il y en a au moins deux) ne sont pas tout à fait complètes: il faut jouer à *MGS 4* pour avoir le mot de la fin.
Je ne parlerai pourtant pas d'épisode bouche-trou. L'histoire, prise pour elle-même, est très agréable avec des retournements de situation et des personnages charismatiques dans la pure tradition des *Metal Gear*. Ce qui la dessert, finalement, c'est qu'elle est extrêêêêêmement diluée dans un jeu au rythme particulièrement lent. Il faut aimer accomplir tout un tas de missions assez basiques, comme le vol de documents, la destruction de véhicules, le recrutement (qui consiste à ramener des gardes assommés à notre camion, le tout à une vitesse pachydermique). Ca n'a pas été particulièrement palpitant à regarder, donc il est évident que ce ne doit pas être la grosse marrade à jouer non plus. Mais ce jeu a quelque chose, une ambiance, un je-ne-sais-quoi, qui m'a permis d'attendre patiemment le dévoilement de cette intrigue, ce qui est un peu un miracle au vu du design souvent étriqué et peu inspiré des phases de gameplay (des petits couloirs vides et moches, la plupart du temps).
Il est parfois bon de remettre les choses dans leur contexte. En tant que pur jeu, cet épisode ne semble pas être une expérience particulièrement jouissive malgré un solide gameplay hérité de *MGS 3* (bien que simplifié) et des idées de gestion de troupes originales qui trancheront désormais entre les expériences ludiques de Solid Snake, qui n'est qu'un soldat, et de Big Boss, qui est un leader guerrier. Si l'on accepte de suivre une histoire davantage pour les réflexions soulevées que pour l'importance de ses péripéties, alors on peut même admettre avec moi que ce *Portable Ops* propose un bon scénario, un à-côté intéressant de la saga. Il aurait simplement mieux valu le proposer sous une forme plus condensée, tel un roman ou une bande dessinée peut-être...
Du coup, pour tous ceux intéressés par une expérience passive comme la mienne, suivez le guide:

https://www.youtube.com/watch?v=N93oAiVIO-o

Amrit
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le 27 déc. 2015

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Amrit

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