Un scénario rythmé et captivant et un gameplay certes un peu vieillot mais toujours efficace

Metal Gear Solid, une série culte à plus d'un titre mais à laquelle je n'y connaissais rien et donc j'ai voulu la démarrer avec son premier épisode en toute logique même si j'ai appris par la suite qu'entre les Metal Gear sur MSX qui furent les premiers sortis et MGS 3 qui marque le début de la chronologie de la saga il est difficile de s'accorder sur un premier épisode universel. J'ai d'abord joué sur PS1 dans sa version française mais ce doublage m'a rebuté au plus haut point et comme je n'ai pas trouvé moyen d'y joué en VOSTFR j'ai décidé finalement d'y jouer dans une version avec des graphismes liftés et un doublage qui ne m'empêche pas de prendre le jeu au sérieux tout en ayant des sous-titres français pour bien tout comprendre. Du coup, je note et critique le jeu et non le remake ici mais par soucis d'honnêteté je place ma critique pour cette version puisque c'est belle et bien celle-là sur laquelle mon avis s'est majoritairement forgé.

RÉALISATION / DIRECTION ARTISTIQUE : 7/10

Les cinématiques arborent une mise en scène à la Matrix (propres à ce remake apparemment) qui rend plutôt bien à mon goût avec des affrontements certes improbables mais marrants, Snake qui saute au ralenti sur un missile balancé vers lui pour pulvériser au bazooka dans les airs un hélico, moi j'ai bien aimé et comme le scénario oscille volontairement et habilement entre propos très sérieux et petits décalages comiques j'ai trouvé que ça passait sans problème. Au-delà de ces invraisemblances plus comiques qu'autre chose, des affrontements restent en mémoire et la chorégraphie des combattants n'y est pas pour rien, je pense notamment à Gray Fox et son massacre dans le couloir avant notre rencontre avec Otacon.

Les textures ne sont pas trop vilaines, même quand elles sont en gros plan le moteur de MGS 2 accuse son âge assez fièrement, on voit que la réalisation est bonne et fut soignée avec des petits soucis du détail, on enfile un masque à gaz et on peut le voir quand on passe en vue à la première personne, on enfile un gilet pare-balles et il apparaît visuellement sur la tenue... Techniquement, ce n'est peut être pas la baffe qu'avait été MGS à son époque sur la PS1 au début de l'ère 3D mais c'est très correct et c'est ce qui compte, on a pas affaire à un simple portage mais à un remake, peut-être pas à la hauteur du rebirth pour la série Resident Evil sur la même console mais suffisamment soigné pour tout de même excuser les quelques légers reproches que je vais formuler maintenant.

Le décor est un peu insipide en intérieur malgré quelques salles par moment, comme là où on affronte Psycho, mais sinon c'est beaucoup de bâtiments / hangars à la direction artistique assez quelconque, on est toujours dans ce même environnement enneigé mais ce n'est pas un problème du tout, on est en Alaska il y a de la neige, c'est logique, un environnement peu varié mais cohérent et en parfaite adéquation avec le scénario qui en puisera quelques mises en scène d'exception comme avec Sniper Wolf. Le contraste entre les forges et le froid est sympathique, mais peut-être un peu sous-exploité.

En revanche, je sens que je ne vais pas me faire que des amis mais tant pis, j'ai trouvé que le design de Solid Snake n'était pas génial, pas mauvais ne me faites dire ce que j'ai pas dit mais j'ai pas trouvé qu'il était particulièrement bien modélisé, qu'il avait la classe alors que c'est le cas pour d'autre personnages comme Liquid, Sniper Wolf, Ocelot... ou pour d'autres desin de Snake par la suite. Je ne suis pas grand fan ce chara-design pour cet épisode mais fort heureusement il peut compter sur autre chose pour me convaincre de son charisme que sa seule apparence et c'est avec cette superbe transition que je vais parler du scénario.

SCÉNARIO / PERSONNAGES : 10/10

La cinématique d'introduction pose les bases du pourquoi nous sommes envoyés en mission même si ça reste encore un peu flou comme première approche dans l'univers, la courte musique fait son effet même si ce n'est rien comparé à sa version complète que l'on entendra plus tard, comme son titre l'indique le meilleur reste à venir. Le codec qui permet à la fois de suivre l'évolution de la trame principale mais aussi de parler quand on le veut à certains PNJ est vraiment pas mal, les citations de Mei Ling sont bien trouvées, amusantes et constituent un plus pour l'immersion car en lien avec l'avancement du scénario et certaines idées originales m'auront agréablement surpris. Les petits délire de Kojima avec par exemple Psychomantis qui nous analyse sous le regard d'Hideo qui se marre c'est original et marrant, même si ce boss a été bien pénible à affronter manette en main mais mal branché.

Le scénario en tant que tel est excellent avec la thématique du nucléaire et de l'armement qui offrent une dimension politique et le caractère usé de Solid Snake appuyé par un doublage d'exception (merci la VO) échappant au cliché du soldat héroïque de base mêlé aux révélations de Liquid qui offrent une dimension philosophique. Bon nombre de scènes sont vraiment cultes et mémorables et ce pour différentes raisons, la scène de la torture qui mène à deux fins différentes, la rencontre avec Meryl qui débute une romance qui ne donne pas dans le ridicule et qui réserve même ses petits moments d'émotion, la fin du second affrontement avec Sniper Wolf qui confère à ce personnage une certaine profondeur... Entre les musiques, les dialogues, le doublage tout est propice à un scénario prenant et intelligent.

Les rebondissements qui se succèdent et l'ending en lui-même concluent formidablement bien ce scénario rythmé, structuré, cohérent et intéressant, sans doute ce que j'ai le plus aimé, le seul reproche qu'on peut lui faire c'est que du coup il y a beaucoup de blabla à certains moments mais pour moi il n'y en a pas trop dans la mesure où les dialogues sont tous très bien écrits, autant quand ils veulent créer un effet comique, dramatique ou faire avancer le scénario et ils sont très bien répartis pour ne pas avoir des phases trop orientés dialogue ou action, le jeu a été très bien construit en ce sens. Jusqu'au dialogue post-générique, ce scénario m'aura vraiment intéressé sans temps mort avec un bon paquet de passages dont je me souviendrais.

GAMEPLAY : 8/10

Twin Snakes a la particularité de reprendre le level-design de MGS 1 et le maniement de MGS 2, en sort un gameplay un peu bâtard qui a trouvé ses réfractaires chez ceux qui ont joué encore et encore à ces deux jeux et qui auraient aimé une vraie créativité pour mêler parfaitement les deux plutôt que de copier-coller l'un dans l'autre mais ça ce m'a pas concerné personnellement en tant que néophyte à ce moment-là c'est donc ici je pense que l'avis que je porte à Twin Snakes risque de bien diverger d'un "vrai" fan de la première heure mais je ne vais pas relever de défauts que je n'ai personnellement pas ressenti, ça n'aurait pas de sens.

Le maniement n'est pas rigide, loin de là, on dirige assez bien Snake, le système de couverture apporte un plus avec la possibilité d'observer furtivement sur les côtés, de taper contre la paroi pour attirer l'ennemi... La roulade est une bonne idée aussi bien pour l'esquive que pour l'attaque, la possibilité de traîner les corps enrichit le côté furtif, les items et les armes sont assez variés. L'IA est très correcte, leur cône de vision ne va pas loin mais le temps d'alerte, l'usage de grenades... en font des ennemis qui tiennent la route à affronter. La caméra que l'on ne peut pas déplacer librement ne se met pas toujours au bon endroit mais la vue subjective pendant laquelle on peut viser, contrairement à l'opus original, compense très bien quand on en a pris l'habitude. C'est vrai que ça a pris un petit coup de vieux, la prise en main n'est pas immédiate mais ça reste parfaitement jouable même pour un débutant dans la série, on peut parfaitement s'amuser avec et c'est tout ce qui m'importe.

La map sur laquelle on évolue, l'île de Shadow Moses, est bien pensée car elle dispose de différents niveaux assez proches les uns des autres et facilement reconnaissables ce qui rend les quelques aller-retour peu contraignants, voire pas du tout. Les boss sont très variés dans leur combat : corps-à-corps avec un ninja furtif, lancer de grenade dans un tank, duel au sniper avec notre belle louve, lance-roquettes contre hélico, duel au flingue autour d'explosifs... on ne ressent pas du tout une répétitivité malgré le fait que le maniement évolue peu en dehors des nouvelles armes à acquérir. Le nombre, la variété et la fréquence de combats de boss offrent un rythme très soutenu qui brise tout ennui, heureusement car le jeu n'est pas très long.

CONCLUSION : 9/10

En somme, Metal Gear Solid Twin Snakes fut pour moi l'occasion de découvrir une histoire passionnante qui se suit sans la moindre difficulté avec bon nombre de scènes cultes, le tout avec une réalisation très correcte et un maniement qui certes accuse son âge mais reste pourtant efficace, un jeu culte dont j’attendais beaucoup et qui ne m'a pas déçu, je pense même que je m'attendais pas à tant apprécier que ça n'étant pas un fan des jeux d'infiltration, et le meilleur est encore à venir, si je m'étais arrêté au doublage français de la version PS1 j'aurais pu le manquer ce qui me fera toujours ressentir pour Twin Snakes un profond respect.