Encore un bijou indépendant, encore une production française de qualité. Décidément, 2025 s’impose pour moi comme l’année des jeux marquants ! J’ai distribué d’excellentes notes à des titres venus d’horizons très divers, et en regardant en arrière, je me dis que « non, le jeu vidéo n’est pas tout à fait mort ». L’industrie traverse une phase de transition difficile, souvent décourageante pour les passionnés, mais je reste optimiste quant à son avenir. C’est dans cet état d’esprit que j’ai découvert Minishoot’ Adventures (2024), un jeu qui m’a mis d’excellente humeur, d’où cette introduction plus personnelle. Je l’ai acheté un peu par hasard, au détour d’une page Steam. J’avais vu le test enthousiaste de DGJX sur YouTube, et j’avais pu l’essayer brièvement chez mon frère… mais je ne m’attendais pas à une telle claque.
Produit par le studio français SoulGame, Minishoot’ Adventures réussit un mariage audacieux, presque improbable. D’un côté l’esprit « à la Zelda » (vue du dessus, carte, donjons, progression par compétences et ressources), de l’autre, un gameplay résolument orienté shoot ’em up (twin-stick, bullet hell, réflexes). Je n’avais encore jamais vu un tel mélange et, aussi surprenant que cela puisse paraître, ça fonctionne à merveille. L’hommage à Zelda saute aux yeux. Le tout premier écran évoque directement celui du jeu fondateur de 1986, le système des donjons, les clés à trouver, les boss et les objets qui ouvrent de nouvelles zones d’exploration reprennent fidèlement la grammaire du modèle. Même la petite mélodie jouée lorsqu’une pièce est débarrassée de ses ennemis rappelle celle de la résolution d’énigme dans Zelda ! La liberté d’exploration, la narration elliptique, sans doublage, avec ce héros lointain, presque mythologique prolongent encore cette filiation. Bref, il faudrait n’avoir jamais connu Zelda pour ne pas percevoir les clins d’œil. Et pourtant, Minishoot’ Adventures n’est jamais une copie bête et méchante, il reste une transposition brillante, un hommage sincère qui redonne à l’aventure ce que le shoot’em up avait parfois perdu parfois : une âme.
N’étant pas un aficionado du genre, il m’est difficile de dire s’il s’imposera comme un classique. Ce que je peux affirmer, en revanche, c’est qu’il se montre relativement accessible loin des canons du genre. Oui, certains boss ou regroupements d’ennemis saturent l’écran de projectiles, mais le joueur dispose d’un arsenal d’outils pour s’en sortir et la hit box est généreuse : ruée, tirs renforcés, absorption de dégâts, barre de vie évolutive, etc. Fidèle à Zelda, le jeu regorge de cœurs et de batteries à collecter pour augmenter vitalité et énergie.
La progression ne reproduit pas exactement celle d’un Zelda car Minishoot’ Adventures est avant tout un jeu d’action-aventure. Les donjons demandent parfois l’activation d’interrupteurs, le jeu regorge de passages secrets et de zones cachées, mais la structure repose surtout sur des pièces transformées en arènes où il faut survivre pour avancer. Minishoot’ n’est pas punitif pour un sou et vous ramènera au début du donjon en cas de mort ou au village Kokir…euh, au village de départ si vous êtes sur la carte du monde. J’ai aussi apprécié la diversité des adversaires, chacun avec ses propres comportements et schémas d’attaque ou encore l’espèce d’arbre de talents permettant de sélectionner les atouts sur lesquels compter au départ : dégâts, portée des tirs, cadence de tirs, chance de coups critiques, vitesse du boost, etc.
Rares sont les jeux à posséder cet atout, mais j’ai adoré l’aspect addictif. Minishoot’ Adventures m’a scotché à la manette pendant près de dix heures. On ne veut pas le lâcher ! Grâce à un gameplay nerveux, précis, toujours gratifiant, et à une carte superbement construite, SoulGame parvient à maintenir en permanence l’envie d’explorer, de progresser, de dénicher un secret de plus. C’est une petite aventure pleine de cœur, de générosité et d’élégance, en d’autres termes, un véritable hymne à la créativité indépendante.
En conclusion, Minishoot’ Adventures, c’est un peu comme si Link avait troqué son épée et son bouclier pour un vaisseau spatial… et que, contre toute attente, la fusion fonctionnait à merveille. C’est absolument improbable, même si pas d’une originalité transcendantale, mais il fallait y penser et je crois pouvoir dire qu’ils sont les premiers à l’avoir fait. D’une simplicité remarquable, court, addictif, mignon, réalisé avec passion et sans le moindre bug, Minishoot’ Adventures est la preuve éclatante que le jeu vidéo n’est pas mort. Merci la scène indépendante !