Il n’a pas besoin d’un long prologue, pas besoin d’un tutoriel intrusif, tout est là, sous nos yeux, et en quelques minutes, on est aspiré dans un tourbillon d’émotions et de beauté pure.
Dès son introduction, le jeu pose une ambiance poignante, un sentiment d’urgence mêlé à une poésie visuelle rare. C’est un monde en ruine, un monde fragile et éteint, mais qui brille encore par éclats de lumière, par ces petites touches d’espoir que l’on devine au creux des branches mortes et des rivières asséchées.
La direction artistique est absolument splendide, chaque décor semblant avoir été travaillé avec un souci du détail hallucinant. Les couleurs, les ombres, l’éclairage… tout semble vivant, comme si la forêt elle-même respirait au rythme de notre progression.
Mais là où Ori and the Blind Forest dépasse le simple stade de « beau jeu », c’est dans sa prise en main. C’est réactif et organique. Ce n’est pas juste un jeu de plateforme bien conçu, c’est une expérience qui te fait ressentir chaque mouvement avec une fluidité agréable.
Et puis il y a le challenge. Contrairement à Will of the Wisps qui assouplit certaines mécaniques, Blind Forest est exigeant, parfois même cruel. Les séquences d’échappée, où il faut enchaîner des mouvements parfaits sans une seule erreur sous peine de tout recommencer, sont parmi les moments les plus intenses que j’ai vécus dans un Metroidvania. On n’est jamais simplement en train de parcourir un niveau, on est en train de survivre, de lutter, de s’accrocher à chaque lueur d’espoir.
Le seul vrai bémol, c’est peut-être le système de combat. Comparé à la fluidité de la plateforme, l’attaque automatique manque de profondeur. On a l’impression de balancer des éclairs en espérant que tout explose autour de nous, sans avoir le plaisir viscéral d’un combat bien maîtrisé. Heureusement, ce n’est jamais un frein au plaisir de jeu, et chaque affrontement reste au service du level design.
Et puis il y a cette musique. Absolument envoûtante, omniprésente sans jamais être envahissante, elle accompagne chaque moment avec une justesse qui frôle la perfection. Que ce soit dans la tristesse, la tension ou l’exaltation, elle est là pour souligner chaque émotion, pour nous rappeler qu’Ori est un voyage à part entière.
Revenir sur Blind Forest après avoir joué à Will of the Wisps, c’est redécouvrir la genèse d’un chef-d’œuvre. C’est se rappeler à quel point ce premier épisode posait déjà toutes les bases d’un grand classique. Peut-être un peu plus rigide dans ses mécaniques, mais jamais moins captivant.
À l’époque, il m’avait déjà marqué profondément. Aujourd’hui encore, il reste un incontournable, un de ces jeux qui ne s’effacent jamais de la mémoire, et qu’on aime revisiter encore et encore, juste pour ressentir cette magie une fois de plus.