Pikmin 4 est un jeu de gestion et de stratégie sorti en 2023 sur la Switch. J’avais fait Pikmin 3 (et critiqué ici : https://www.senscritique.com/jeuvideo/pikmin_3/critique/283298660) sur la Wii U et c’était clairement le jeu sur lequel j’avais passé le plus de temps sur cette console avec Breath of the Wild. Pikmin 4 a cette originalité qu’il vous permet d’avoir votre propre avatar dans le jeu forgé avec un créateur de personnage aux options… existantes dirais-je, mais aussi parce que le but du jeu sera de secourir le Capitaine Olimar (encore) ainsi que 43 congénères qui ont échoué à le secourir (ils ont fait ce qu’ils ont pu, hein). Accessoirement, certains d’entre-eux, dont Olimar, sont infectés par une maladie les faisant muter en leaflings, et dont il faudra trouver le remède. Il faudra aussi réparer le vaisseau. Autre originalité de ce titre par rapport au précédent, nous n’aurons plus des compagnons de notre espèce mais un genre de mini-chien appelé Oatchi qui pourra aussi contrôler les Pikmins, charger, et sauter (chose que notre protagoniste ne saura jamais faire…). Si je devais être un peu condescendant, je décrirais Pikmin 4 et les autres épisodes de la série comme un jeu à patounes de Luxe (avec un giga « L » tout de même). Le seul propos du jeu consiste à ramasser des objets dans les environnements (qui font la part-belle à la contemplation et à la notion de « nature » mais aussi de l’impact des humains sur celle-ci), combattre des insectes et petits animaux plus ou moins de notre taille, détruire des portes qui bloquent l’accès à une zone avec parfois les bons Pikmin nécessaires, ou encore, reconstruire des ponts, des voies d’ascensions pour passer un obstacle et voilà. Seulement, il faut le faire en temps relativement limité (soit une journée d’exploration, soit un temps chronométré en mode bataille ou contre la montre), avec pour seules ressources, ces merveilleuses petites créatures, et donc réfléchir à comment réaliser le plus efficacement les actions. C’est un jeu qui est, dans son principe, très ouvert à l’idée d’être speed-runné.
Cette gestion et la stratégie qui va en découler est appelée « Dandori » dans le jeu (je ne sais pas si ce terme existe véritablement), mais l’idée est en général d’abord, de rassembler des Pikmins, puis de partager les tâches avec Oatchi qui sera vite capable de transporter des objets lourds nécessitant trop de Pikmin, tout en utilisant son avatar pour faire jonction, ou coordonner, ou faire relais. Les Pikmins sont de 8 types différents, et on peut en convoquer 3 différents à la fois : certains sont tolérants au feu, d’autres à l’eau, à la glace ou à l’électricité, aux miasmes, d’autres sont des cailloux capables de briser le verre, d’autres volent comme des moucherons, certains sont chubby et ont la force de 10 Pikmins. Ce qui vient encore rajouter de la complexité à l’ensemble sera la possibilité d’améliorer les compétences de notre personnage (un peu) et d’Oatchi (beaucoup), ainsi que d’améliorer la capacité de l’Onion qui emmagasine et délivre des spores de Pikmin. Sur le terrain, j’ai l’impression que le maximum possible à diriger est de 100 Pikmins. En pratique, le pathfinding des IA sont toujours impressionnantes malgré l’évidente triche de la pauvre Switch qui n’affichera clairement jamais autant de petites bestioles en mouvement à l’écran, les « compactant » élégamment. À cela s’ajoute une ambiance sonore impeccable et feutrée (un peu timide sur les musiques) avec bien entendu, les bruitages de nos radis qui sont siiiiiii adorables !
Du point de vue technique, le jeu a belle allure ! Certes, des textures sont un peu vieillottes, il manque des filtres dont nous pouvons raffoler (parfois inutilement) sur PC, mais visuellement l’ensemble est superbement designé, les animations sont vraiment bonnes, les 4 principaux niveaux (or, is it?) sont vastes, bien plus que pour Pikmin 3, et des caves à explorer sont très nombreuses avec parfois des jolies trouvailles de level-design ainsi que les niveaux de nuits avec les Pikmins brillants qui eux offrent un système de jeu spécifique type Tower-Defence. Dans son ensemble, cet opus est extrêmement généreux et le faire à 100 % - parce que oui, il va titiller et caresser bien comme il faut vos pulsions complétionnistes – m’a bien occupé pendant une trentaine d’heures (53 jours dans le jeu). Alors voilà, passé 10 heures, je me disais sincèrement que les développeurs avaient réussi à faire mieux que Pikmin 3, j’avais du mal à y croire, et ce malgré le fait que jamais il n’y aura un troisième personnage contrôlable. Or, …
… Le jeu a quand même 2 très gros défauts à mes yeux, et des choses que ne connaissaient pas ses prédécesseurs. Le premier étant le nombre de pointeurs, de scénettes, des messages de validations répétitifs, des menus qui pourraient être condensés en un écran mais vont en prendre trois, des dialogues parfaitement inutiles et peu intéressants, des animations zoomées qui se déclenchent et qui viennent de plus en plus nettement nuire au rythme du jeu et à son flot qui serait simplement parfait sans... En réalité, le jeu semble forcer à suivre une histoire évidente, brodée par des personnages bavards au possible, quand il aurait été plus simple et plus élégant, sans nuire à la compréhension de quoi que ce soit, qu’ils-se-taisent !
Le second gros défaut, c’est que la deuxième partie du jeu manque de finition et clairement, des bugs apparaissent et demandent une véritable adaptation : des Pikmins disparaissent et reviennent après avoir été envoyés, ou ils restent inactifs sans raison, la sélection des Pikmin en jeu semble « paniquer » par moment, Oatchi va désobéir et faire juste ce qu’ils veut parfois, en faisant semblant de suivre un ordre, puis non… Le problème vient sans doute de la surcharge d’animations et du nombre de Pikmins et d’ennemis à afficher à l’écran qui font que les contrôles perdent en réactivité et que les actions ne se déclenchent pas ou pas dans le bon ordre ou vraiment à contre-temps (notamment les coups de corne de brume ou les lancés de Pikmins). Ce n’est pas injouable mais clairement, il faut s’adapter et se dire que, même en situation d’urgence, il va falloir être prêt.e à répéter son action parce qu’elle ne sera pas passée au premier coup mais surtout, parce que la Switch ne pourra pas faire mieux ici car elle donne déjà tout ce qu’elle a !
Autres problèmes plus mineurs, le HUD est beaucoup trop rempli et grossier en fin de jeu, empêchant la lisibilité, il devient aussi un souci car les informations du didacticiel continuent d’apparaître, avec les commentaires nuls de gens qui ne sont même pas avec vous sur le terrain, et que les éléments affichés sont énormes en proportion de l’écran. Les menus en eux-mêmes ne sont pas très ergonomiques et l’utilisation d’objets ou les ordres à donner à Oatchi sont un peu pénibles à donner, malgré la possibilité d’établir 4 raccourcis (clairement pas assez). Il y a des contrôles peu intuitifs qui mènent à parfois faire une « pince de crabe » avec ses doigts (notamment pour annuler une charge). À cela j’ajoute le fait que le personnage principal n’est pas très évolutif, il ne peut pas vraiment frapper, ni sauter et le fait qu’il ne puisse rien transporter est frustrant (frustration qui n’existe pas dans P3 puisqu’il est admis que les personnages ne portent rien et utilisent leurs escl… euh leurs Pikmins). Enfin, en comparaison de la version Wii U, je dois dire que le fait de pouvoir consulter la carte et planifier ses trajets sur la Wiiblette, et bien, ça m’a manqué très régulièrement !
Cela reste un excellent jeu, rempli de défis extrêmement intéressants en terme d’exécution comme de réflexion, mais qui réussit moins bien que son aîné, et qui aurait pu gagner à être simplement plus raffiné. C’est un peu passer de votre pizza favorite, à une autre qui a la même base mais avec 3 fois plus d’ingrédients. Dans ce cas-là, plus, n’a pas toujours était mieux, il faut savoir doser !
PS: il y a aussi un mode coopération que je n'ai pas testé parce que j'ai plus de pikmins que d'amis dans la vie !