Et si c'était véritablement mieux avant ?

Acheté à sa sortie, j'ai régulièrement avancé ce jeu alternant poses et passion. Je ne ferai pas de distinction entre le jeu de base et ses extensions. L'ensemble forme à mon sens un tout cohérent de par le style et le gameplay.

Pour comprendre l'existance d'un tel OVNI en 2015, il faut parler de son studio, Obsidian Entertainment et de son ancêtre, Black Isle Studio. Les connaisseurs trentenaires qui se respectent arrachent normalement leur chemise en entendant ces mots ou en se remémorant la présentation au lancement des jeux de notre enfance : Fallout 2, Planescape: Torment, les Baldur's Gate. (Hiiiii !)
Studio fondé en 2003, il est à l'origine de KOTOR 2, Neverwinter 2, Fallout New Vegas, des petites pépites du RPG. Pourtant, en 2012, financièrement, le studio est en slip. Un peu à la manière d'un Final Fantasy, ils décident de tenter leur dernière chance via Kickstarter et demandent 1,1M$ pour sortir un RPG old school, le successeur spirituel des Baldur's. Et là, paf, soutenu par une horde de g33k passéistes aux cheveux gras, ils atteignent 4M$.

Pillars of Eternity démarre alors et Obsidian survivra.

Pillars of (very) Eternity
J'en suis actuellement à 130h de jeu en difficulté maximale. Et je n'ai pas terminé le jeu... il va me falloir encore bien 30h je pense. Alors, je suis un acharné, je fais tout, je prends le temps d'optimiser mon équipement, mes personnages, je lis tout, je m'imprègne de l'ambiance générale. Mais tout de même, ça reste impressionnant !
Les quêtes sont nombreuses, plutôt variées. Outre la quête principale qui vous fera explorer le monde, traquer un méchant, chercher l'aide de gentils, vous aurez dans chaque zone une série de Primes. Vous devrez aller trouver et tuer un boss et ses potes. Ces quêtes sont rapides, ont des belles récompenses et offre un beau combat.
L'ensemble s'enchaine, vous n'avez pas la sensation de farmer des quêtes Fedex.

Baldur's Gate forever
Le système de combat n'a pas bougé d'un poil. Un faux temps réel camoufle des personnages avec chacun une classe, des compétences, des talents, des consommables, une pause active. Du très classique dans le style D&D.
Les compétences peuvent être par rencontre ou par repos. Les par repos étant plus précieuses, elles sont souvent plus puissantes. Cette distinction permettra aux adeptes du "je n'utilise pas parce qu'on ne sait jamais", de ne jamais utiliser les compétences les plus puissantes sauf contre les boss où ils lâcheront tout dans un déluge pyrotechnique en hurlant devant leur PC.
Il est possible de définir un comportement pour les IA mais dans la plupart des cas, il est conseillé à partir d'une certaine difficulté de gérer vous-mêmes chacun des personnages au quart de poil sous peine de finir en brochette.

Overkill difficulty ?
Amateur de défis, j'ai commencé en xXxUltraHardxXx. Franchement difficile au démarrage, vous devez gérer chaque combat au dixième près, recommencer souvent. Conscient de l'importance de l'équipement et de l'expérience, j'ai tout fait, tout exploré, notamment les caches d'armes planquées. L'enchantement est important mais étonnamment simple, voire un peu trop accessible... pour les 1ers niveaux. Pour les niveaux les plus élevés, vous serez très vite limités par la quantité de composants nécessaire. Voire vous ne pourrez jamais les atteindre suivant les choix que vous ferez dans vos quêtes.

Endless path of gamebreaker
J'ai adoré le Endless Path. Chaque niveau nous permet de remonter dans le temps, la difficulté est réelle, les ambiances très réussies. Mais c'était une erreur pour l'équilibrage du jeu. En ressortant de là, mon groupe de badass tatoués et surentrainés sous atmosphère raréfiée explosait n'importe quel ennemi. J'ai donc découvert que PoE ne propose pas de leveling automatique des ennemis et quêtes. Il propose également une quantité d'expérience globale largement supérieure au nécessaire. Pour vous donner un exemple, je suis niveau 16 (max), or je n'ai pas encore commencé la 2nde partie de l'extension... celle là même qui est censée pouser le niveau max du jeu jusqu'à 16.
A partir de la moitié du jeu, la difficulté est donc bien plus faible. Attention, ça ne signifie pas que vous pourrez faire n'importe quoi, mais il deviendra inutile de tout gérer au quart de poil. C'est à mon sens le défaut majeur du jeu : ne pas être en mesure de proposer un véritable défi du début à la fin.

Hollywood supplanté
Et le scénario alors ? Il est... plutôt sympathique. Intéressant, il innove quelque peu avec un univers nouveau, des magies peu habituelles, de l'histoire ancienne qui ressurgit. Des livres sont disséminés dans le monde et vous permettront d'en apprendre plus sur ce monde. Je me rappelle par contre être un peu perdu parfois en reprenant le jeu après quelques mois d'arrêt : des noms propres de partout, des évènements passés importants pour comprendre des quêtes ou des motivations.
Parlons de l'ambience générale également. La plupart des textes sont écris, ceux de la quête principale sont enregistrés. L'écriture est minutieuse avec une grosse part de descriptions. Attention, si vous aimez Mass Effect 4 (déjà, sortez d'ici) vous serez déçus. Ici, peu de visuel, beaucoup d'imagination, de lecture.
Pour ce qui est des graphismes, j'aime beaucoup. Je ne pense pas être un passéiste pourtant, mais ce mélange de dessins en arière plan et d'animation 3D par dessus est particulièrement réussi. Certains détails discrets du fond sont d'ailleurs animés pour donner de la vie : un papillon qui vole, une feuille qui tombe, ...

Pour conclure, je recommande chaudement ce jeu. Différent des autres AAA classiques, il apporte de l'air frais sans les remplacer. Peu cher, avec une durée de vie colossale, c'est un must. Pour les anciens, ce sera un retour en adolescence bienvenu, pour les plus jeunes, ce sera une découverte.
Quand un studio comme Obsidian nous prouve qu'il est possible de faire de bons jeux sans tomber dans les lootbox, les DLC, les Denuvos et la production industrielle annuelle, je pense qu'ils méritent d'être soutenus.