Planet Zoo
7.8
Planet Zoo

Jeu de Frontier Developments et Virtuos (2019PC)

J'écris cette critique dans l'espoir d'exorciser mon addiction à ce jeu. Mais j'ai quelques doutes sur la démarche.
C'est bien simple, Planet Zoo est absolument dingue. Il constitue le must-have de ce qui peut se faire aujourd'hui en matière de gestion de parc animalier.


D'abord en ce qui concerne la gestion.
Le jeu propose certaines mécaniques très astucieuses pour pallier un problème récurrent des jeux de gestion, à savoir que, quand tout roule et que vous amassez moult thunes (généralement assez tôt d'ailleurs), plus rien ne vous arrête et vous n'avez plus aucune crainte à avoir concernant l’état de vos finances. Le jeu perd alors en saveur et en challenge. Bien sûr, dans Planet Zoo, il existe plusieurs modes de jeu, dont le mode Bac à Sable où tout est permis et où tous les paramètres de jeu sont personnalisables. Mais à côté de ça existe le mode Franchise.


Il s'agit d'un mode “en ligne" dans lequel vous pourrez troquer vos animaux avec ceux des joueurs du monde entier, non pas contre de l'argent mais (et c'est là l'astuce) en échange d'une monnaie spécialement faite pour ça : le "crédit de conservation".
Pour résumer, vous devez donc prendre grand soin de vos animaux. Puisque sinon, non seulement évidemment les visiteurs seront mécontents et votre parc aura moins de rentrées d'argent, mais vous aurez également plus de mal à faire reproduire vos animaux, donc plus de mal à récolter des "crédits de conservation" sur le marché des animaux en ligne, donc vous ne pourrez plus acheter des espèces prestigieuses et coûteuses en crédits sur ce même marché, donc votre parc pourra ne plus attirer assez de visiteurs sans animaux attractifs, etc...
Ainsi, même si vous êtes sur une pente fructueuse et que vous enchainez les millions de dollars de bénéfices, un incident (comme une épidémie par exemple) ou une mauvaise gestion du bien être de vos animaux peut vous conduire au bord de la faillite et le jeu vous force ainsi à ne pas vous reposer sur vos lauriers.


Ce mode Franchise réussit ainsi très intelligemment, contrairement à beaucoup d'autres titres (Jurassic World Evolution ou les premiers Zoo Tycoon par exemple) à garder une certaine tension tout le long de la partie et à ne pas sous estimer les besoins de vos pensionnaires animaliers, même lorsque vous semblez être à un rythme de croisière pépère.


Dans ce mode Franchise, vous devrez également veiller à répartir intelligemment la disposition de vos enclos en fonction de votre gestion du flux de visiteurs. Si vous avez construit une zone peuplée de gros animaux très coûteux en dépenses (nourriture, électricité, boutiques et vendeurs, etc) mais que personne ne vient les voir et ne fait de don, vous risquez la banqueroute ! Vous devez constamment trouver des moyens pour attirer les spectateurs stratégiquement, que ça soit à l'aide de boutiques, de présentations d'animaux par des formateurs selon différents horaires, etc. Ajoutez à cela la possibilité de créer une pléthore d'attractions locomotrices, non seulement pour émerveiller les touristes (petit train, jeep, péniche, téléphérique, etc) mais aussi pour gérer et optimiser les flux des visiteurs et leur répartition dans votre parc. L'équilibre et la gestion des espaces sont des paramètres cruciaux à prendre en compte.


Une autre mécanique très astucieuse permet à Planet Zoo d'enrichir son aspect gestion : les zones réservées aux employés ! En effet, les visiteurs n'aimant pas voir les bâtiments des employés (cabinet vétérinaire, cabane de soigneur, etc), vous allez devoir trouver un moyen de créer, entre toutes les zones où circulent vos visiteurs, des espaces "cachés" où pourront se déplacer de manière optimale tous vos employés, qu'il s'agisse du soigneur devant préparer puis acheminer la nourriture de vos Phacochères jusqu'à leur enclos, au mécanicien devant réparer le générateur électrique, jusqu'au vendeur qui ne doit pas perdre trop de temps de circulation entre sa boutique et son bâtiment de repos, afin qu'il ne soit pas trop épuisé, ce qui diminuerait son activité. Des chemins arpentables uniquement par vos employés vous aideront dans cette tâche, mais c'est à vous de penser vos espaces réservés aux employés selon des zones de travail réparties le plus en symbiose possible avec vos enclos et les chemins des visiteurs !


Bien sûr, on passera rapidement sur la gestion des besoins de vos visiteurs, mécanique classique dans un jeu de gestion, mais fichtrement bien foutue. Car, en plus de la sempiternelle jauge de Bien-être général dépendant des jauges de Faim / Soif / Fatigue, etc... vous aurez également à gérer une jauge Éducation, qui s'améliorera en fonction des panneaux / haut-parleurs / programmes éducatifs que vous disposerez tout au long du parc. Faites des recherches en laboratoire sur les différentes espèces que vous accueillez pour enrichir ces dispositifs d’enrichissement pédagogique et donc enrichir la jauge Éducation de vos visiteurs.


Même si la plupart des jauges sont au vert, il se peut que certains de vos visiteurs soient mécontents puisque vous pouvez connaître leurs réflexions et vous rendre compte qu'ils se sont fait, par exemple, voler de l'argent par des pickpockets (auquel cas, engagez des agents de sécurité ou investissez dans des caméras de surveillance), ou bien qu’ils grelottent d’une température trop fraîche débordant un peu trop hors de l'enclos des Manchots, ou encore parce que vous avez vicieusement éclaté un de leur ballon acheté plus tôt, etc... Oui, la micro gestion est poussée jusqu'à ce genre de détail.


Le caractère subjuguant et magique de Planet Zoo vient de sa capacité à allier constamment et parfaitement une micro gestion (rendant le jeu ultra-vivant) au sein d'une macro gestion très accessible. En gros, plus vous creusez, plus vous vous rendez compte que vous êtes en mesure de maîtriser les plus petits aspects de votre parc pour le perfectionner toujours davantage. En mettant par exemple des panneaux "Restez silencieux" devant des enclos recueillant des animaux timides pour diminuer leur stress ou "Ne pas nourrir" pour éviter de voire des hot dogs s'amonceler dans l'enclos de vos Mandrills, dégradant sa propreté et risquant une épidémie. Entre beaucoup d'autres choses...


Parlons maintenant de l'aspect customisation.
Tout est absolument personnalisable grâce à une panoplie de plusieurs centaines d'éléments de construction tournant autour de différentes thématiques (Classique, Inde, Asiatique, Nouveau Monde, etc...).
De l'enclos aux boutiques, en passant par les abris de vos animaux ou des scènes naturelles, les possibilités architecturales sont littéralement infinies. Vous pouvez ainsi décorer vos boutiques et vos habitats comme bon vous semble. Couplez à ça un système utilisant des meshes de navigation permettant à vos animaux de comprendre physiquement la structure de leur environnement afin qu'ils puissent évoluer dedans en toute agilité selon leurs propres capacités physiques (un Éléphant pourra moins se faufiler dans des recoins exiguës qu'une Gazelle agile), et vous vous rendez vite compte de la créativité que vous pouvez exercer sur vos enclos et, par voie de conséquence, sur votre parc tout entier. Vous pouvez ainsi créer des structures rocheuses complètement personnalisées pour remplacer les clôtures sur une partie de votre enclos si vous le souhaitez, ou bien encore utiliser tout un tas de bâtiments construits par vos soins, préconstruits dans le jeu de base ou encore construits par d'autres joueurs de la communauté et mis à votre disposition en un clic via le Workshop Steam. Les possibilités créatives sont proprement hallucinantes et la manière organique dont les animaux épousent vos créations et en prennent possession procure un sentiment de satisfaction jamais égalé auparavant.


En plus de ça, graphiquement, c'est plutôt très chouette !
Les cycles jour/nuit sont agréables, les effets météorologiques, en plus d'influer sur l'aspect gestion (vous devez par exemple adapter vos animaux aux changements de température en leur prévoyant du chauffage, de la ventilation ou des endroits où s’abriter de la pluie) sont visuellement très convaincants.


Bien sûr, comment ne pas évoquer les animaux tous très réussis, certains sublimes, arborant des shaders de plumes, de pelage ou d'écailles très réussis. Leurs animations sont extrêmement fluides, leurs interactions réellement tangibles. Le jeu de base comportant plus de 70 animaux (!!!) des cinq continents (dont plus de 50 d'habitat, et une vingtaine de vivarium), avec pour la plupart des modèles différents entre les mâles, les femelles et les juvéniles, vous n'aurez pas tôt fait de découvrir toutes leurs animations possibles, qu'il s'agisse de leurs interactions mutuelles (lorsqu'ils se battent, se papouillent, etc) ou lorsqu'ils jouent avec leurs objets d'optimisation (quilles, bain de boue, mangeoire suspendue, grattoir, etc etc etc).


On notera aussi la démarche feel good du jeu qui s’emploie à mettre l’accent sur le bien être des animaux (contrairement aux Zoo Tycoon qui étaient beaucoup plus cartoon et se contrefichaient d’enfermer dans des bassins des Baleines boréales...), en s’aidant d’une Zoopédie très complète qui renseigne tout autant sur les besoins de chaque animal du point de vue du gameplay que sur ses caractéristiques à l’état sauvage, son mode de reproduction, son statut de conservation, etc. Un très bon point pédagogique.


Concernant le suivi du jeu, depuis deux ans maintenant, tous les trois mois environ est déployée une mise à jour gratuite qui résout divers bugs mineurs et offre à tous les joueurs de nouvelles mécaniques, telles que des gradins de spectacle, la possibilité d'importer des vidéos en jeu, de nouveaux outils de terraformation, etc. Cette mise à jour est accompagnée d'un DLC thématique payant ajoutant soit des animaux (4 d'habitat et 1 de vivarium) ainsi que des objets de construction et de nouveaux végétaux, soit 8 animaux (7 d'habitat et 1 de vivarium). À ce jour (critique updatée), 9 DLCs au prix de 10€ chacun sont sortis (Arctique, Amérique du Sud, Australie, Aquatique, Asie du Sud-Est, Afrique, Amérique du Nord, Europe et Zones Humides), ajoutant une soixantaine d'espèces et des centaines de pièces de construction en plus. Le roster de base étant déjà très conséquent, ces DLCs ne sonnent pas comme un aveu de faiblesse du jeu de base qu'il conviendrait d'améliorer, mais comme du rab d'un dessert déjà très copieux. Personnellement, vu cette qualité, je prendrais bien quelques assiettes en plus avec plaisir.


Expédions rapidement les quelques rares points noirs du jeu :


Le jeu est gourmand en ressources. Chaque animal, chaque visiteur possédant sa propre IA indépendante (contrairement à Jurassic World Evolution par exemple...), votre CPU peut être amené à souffrir. Heureusement, il existe des options pour, par exemple, réduire le nombre de visiteurs de votre parc. À condition d’être attentif à vos revenus en mode Franchise.
Aussi, certains (dont moi) rencontrent des bugs très gênants avec les animaux ayant la capacité de plonger (Castors, Loutres, Manchots, etc), comme l'impossibilité pour eux de détecter une profondeur d'eau suffisante à leur besoin, réduisant drastiquement leur bonheur, ou le fait qu'ils traversent des barrières immergées, comme si elles n'existaient pas, engendrant moult fuites impromptues et fort désagréables. En espérant que tout cela sera corrigé dans une prochaine mise à jour.


Pour résumer, Planet Zoo c’est :



  • Un nombre incroyable d’animaux adorables et aux besoins spécifiques que vous devez bichonner dans un environnement ultra organique.

  • Des outils de construction illimités pour créer les enclos de vos rêves.

  • Une macro-gestion accessible boostée par tout un tas de petites mécaniques très astucieuses, richement agrémentée d’une micro-gestion fourmillante de détails pour le plaisir de tout contrôler (je n’ai effleuré ici que la surface, il existe aussi par exemple tout un système d’amélioration de vos employés entre beaucoup d’autres choses).

  • Du nouveau contenu régulier qui embellit et enrichit l’expérience de jeu pour constituer un univers toujours plus foisonnant.


Un must-have absolu.
C’est pas tout ça, mais j’ai des Alligators à nourrir, bisous.

Antonin_Jury
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le 19 oct. 2021

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