Longues furent les années depuis la sortie du dernier Prince of Persia. N’ayant jamais pris le temps de me plonger dans cet univers, j’étais très curieux de découvrir ce The Lost Crown dans un genre que j’affectionne particulièrement : le Metroidvania. Alors qu’Ubisoft vit une mauvaise passe, une petite équipe d'Ubisoft Montpellier propose un jeu à faible budget dans ce monde qui court toujours plus à l’open world vide et au réalisme risible. Est-il à la hauteur par rapport à la réputation de sa licence et est-il à la hauteur des monstres du genre sortis plus tôt comme Blasphemous, Ori ou Hollow Knight ?
La première chose qui nous saute aux yeux, malgré nous, c’est l’aspect low cost à tous les niveaux. Déjà, la direction artistique est pauvre. Le jeu ne dégage rien visuellement et semble banal, on est loin des DA poussées des indépendants. Par moment, les arrière-plans sont magnifiques, mais cela reste occasionnel. Je retiens quand même la Mer Déchainée qui pétait la classe. Les cinématiques cherchent à gagner en dynamisme grâce à un montage frénétique, mais ça reste pour dissimuler le manque de budget. Ajoutez à ça la synchronisation labiale et le doublage qui s’en sort, mais non sans mal. Le tout pour mettre en scène une histoire complètement inintéressante et prévisible. J’admets que les musiques aussi m’ont laissé sur ma faim. Les zones n’ont pas de thèmes marquants, souvent juste des ambiances un peu banales ou du vide. Pourtant, le thème du jeu est bon et le compositeur, Gareth Coker, a déjà su montrer son talent. À l’inverse, les musiques de boss sont très réussies. Lesdits boss sont, eux aussi, réussis, pas trop exigeants, mais suffisamment corsés pour qu'on ait la satisfaction de les battre.
Bon, ok, les DA esthétique, visuelle et musicale sont mitigées, mais qu'en est-il du gameplay ? Là, on réussit à avoir du fun. Celui-ci est dynamique et riche. Peut-être trop. Quand on fait les « défis » qui font office de tuto optionnel, on découvre une palette de mouvements très poussée, qui semble toutefois difficile à mettre à exécution une fois en jeu. Les améliorations sont gratifiantes à deux niveaux. Primo, elles servent bien à progresser dans notre exploration. Secundo, elles offrent des mouvements supplémentaires pour se mouvoir rapidement ou combattre. Ce qui reste dommage, c’est qu’elles sont, en somme, assez classiques. Les zones sont conventionnelles et quelques-unes proposent des idées de game design originales. C’est dommage, encore une fois, que cette originalité soit si occasionnelle. Le dernier point qui m’a particulièrement agacé reste les bugs que je me suis tapé sur ma partie. Outre les crashs, le jeu se permet d’être complètement buggé, même un an après sa sortie. Par exemple, j’ai eu le droit à un combat de boss sans la musique qui se lance ou à une zone entière où les ennemis ne me faisaient aucun dégât. C’est délirant de se dire qu’à la sortie, le jeu a besoin d’être mis à jour, mais sur le long terme, aucune correction pour des problèmes assez imposants. Là, Ubisoft abuse.
Bref, Prince of Persia The Lost Crown n’est ni un mauvais, ni un jeu incroyable. Il est à des années-lumière d’autres jeux Metroidvania. Ce qu’il propose, il le fait bien et c’est plaisant à jouer. Avec une DA mitigée, un gameplay riche, mais difficile à exploiter et un classicisme total, le jeu s’en sort avec les honneurs. Dommage qu’Ubisoft ne semble pas enclin à proposer d’autres jeux de ce type, il semblait pourtant y avoir là matière à creuser. Il est dommage que ce jeu n'arrive pas à la cheville des autres jeux dans style, sortis quelques années plus tard. Après notamment Hollow Knight, c'est difficile de revenir à un tel classicisme.