Process Of Elimination est un VN traduit uniquement en anglais, une fois n'est pas coutume me direz-vous, qui a le bon goût de proposer une démo. Après un petit essai de celle-ci, l'envie de me délester de quelques euros me prit alors même qu'elle n'ose dépasser le tutoriel. Le potentiel et l'originalité me semblaient déjà présents et il m'en faut rarement plus pour me motiver.
Mais qu'importe cela et entrons dans le vif du sujet : aspirant detective de notre état, un de nos suspect va se révéler faire partie d'une agence spéciale de détective et nous recrute de force. Tellement que l'on va se réveiller dans un casier au beau milieu d'une île avec un manoir en son centre. On y rentre et hop, on apprend que l'on va devoir enquêter sur un serial killer singulier au milieu d'autres détectives complétement fo... Pardon, à la caricature si forte qu'elle en devient leurs personnalités.
Ca a l'air étonnant raconté comme ça mais Process Of Elimination fait le pari d'un univers et d'un lore complèment abscons alors qu'il tient à nous présenter une histoire à la dramaturgie sérieuse. Les allergiques du "JAPON !!" vont probablement tiquer mais j'avoue que de voir un chevalier débile qui n'a pour qualité que son armure ou une Gourmet lécher un clavier pour suivre une odeur entre deux meurtres aux motivations plus terre à terre, cela fonctionne à merveille sur moi. Tout ce beau monde se voit donc obligé de collaborer... y compris en jeu.
Ce qui rend les phases de gameplay singulières et complexes à décrire. Lors des phases d'enquêtes, on doit diriger nos bras cassés sur un damier afin qu'ils puissent fouiller les alentours, inspecter plus précisément, analyser les indices trouvés ou prêter assistance à leurs collaborateurs. Toutes ces choses sont régies par les capacités correspondantes et associer deux détectives, ou plus, mutualisent leurs compétences respectives. Et pour corser un peu les choses, la carte que l'on explore sera régulièrement truffée de pièges et autres embûches. Et l'histoire s'amuse à rendre certains égos difficiles, ce qui se traduit directement dans les phases d'enquête, en refusant -par exemple- d'agir ou de nous obéir.
Donc en pratique, on planifie les mouvements de l'équipe en fonction de l'avancée de l'enquête. Découvrir des indices se fait évidemment avant de pouvoir les analyser et un système de tour d'action limite les abus. Assez permissif au début, notamment parce qu'on peut jouer le tour de n'importe quel personnage individuellement sans finir le tour du joueur complètement, les dernières missions demanderont suffisamment d’efforts pour distiller l'envie de faire attention au gâchis des actions possibles. Une petite particularité est à noter cependant, nos champions agissent d'eux mêmes par défaut, mal tant qu'à faire, si on a pas la motivation suffisante de les guider nous-même.
Le jeu fait le nécessaire pour varier les missions et propose donc aussi bien de l'enquête planplan que d'échapper à des robots ou de survivre un nombre de tour donné. Ce n'est pas toujours brillant, certes, mais c'est très satisfaisant manette en main. Si je devais rapprocher ces phases d'autres jeux, je partirais sur des jeux de stratégie de type Disagaea ou Fire Emblem. Sans les affrontements s'entend.
Il sera ausi bien évidemment question de trouver le coupable des multiples évènements que l'aventure nous mets sur la route, souvent au travers de trois options. De la même manière que précédemment, il se devine facilement que les concepteurs ne voulaient pas faire uniquement du pastiche de procès et il n'est pas rare d'avoir à comprendre et définir un type de piège en lieu et place d'un responsable. C'est sensiblement le même procédé mais la narration diffère suffisamment pour, justement, ne pas donner l'impression de réaliser stricto sensu les mêmes choses.
Sans problème technique particulier à déplorer, il est cependant difficile de ne pas remarquer l'absence du tactile en mode portable. Bien aidé par sa DA et son OST qui disposent d'une patte certaine, Process of Elimination est un jeu atypique loin du grand luxe mais qui mérite l’attention pour ce qu’il tente autant que pour ce qu’il réussit. Très japonais dans l'esprit, avec les excès que cela implique, le fond de ce mix improbable de gestion stratégique et de VN est soigné. On y trouve des mécaniques intéressantes et un univers cohérent capable de maintenir l’attention sur une vingtaine d'heures. Et n'est-ce pas là le plus important ?