Ratchet & Clank, épisode 1 : La revanche des reboots

Qu'on soit un campeur du dimanche, ou un addict du stick prestige 70, on a tous plus ou moins une série qui a fait notre enfance. Une série où l'on a passé plusieurs centaines d'heures dessus, et vers laquelle l'on apprécie toujours encore retourner. Celle qui nous a montré le chemin vers un monde haut en couleurs, fait d'après-midi passés à l'abri des coups de soleil, et des donzelles en mini shorts. Celle qui nous avait donné LA bonne raison de finir ses devoirs en quatrième vitesse, histoire de gratter une petite partie rapido avant l'heure du coucher. Celle qui hantait nos nuits, où l'on s'imaginait encore, comme un ultime prolongement de nos séquences de jeu, combattre la menace alien/zombie/féministe (rayez mention inutile) aux côtés de nos héros préférés. Celle enfin, qui nous faisait attendre fébrilement, jusqu'à l’inanition, un prochain épisode. Guettant la moindre news. La moindre rumeur.


Bah pour moi cette série, c'est celle des Ratchet & Clank.


Alors autant vous dire que lorsque mes yeux d'enfant sont tombés sur une annonce parlant de la sortie d'un nouvel opus sur PS4 (après des épisodes PS3 qui m'en avaient touché une sans faire bouger l'autre), qui plus est un remake du 1, j'étais un " tantinet " enthousiaste.


Du coup, partagé entre l'envie furibonde de me ruer dans le premier magasin de jeux vidéo (encore) ouvert, et de tout d'abord terminer mes derniers jeux Wii U, j'ai finalement choisie de prendre mon mal en patience. Tout du moins pour quelques jours.


2 jours.


Oui, bon…


La galette enfin poussée dans la machine, l'attente était à son comble. Qu'est-ce que cette bonne vieille bande de potes allait encore bien pouvoir nous proposer ? Le vendeur, un bon gars, m'avait bien précisé que le jeu n'avait pas grand-chose à voir avec le premier opus. Les niveaux étaient totalement différents, que ce soit du point de vue des décors, ou du positionnement des ennemis et des phases de plates-formes. Ainsi, c'était bien à un tout nouveau R&C auquel je m'attendais, avec tous les rajouts que la série a pu proposer au fil des épisodes, comme l'amélioration des armes, la jauge de vie qui augmentait en fonction du nombre d'ennemis tués, les phases en véhicules, etc.


Alors autant dire qu'au début, ces différents conseils s'étaient très vite confirmés. Rien qu’à l’accueil. Ratchet a beau être toujours dans son garage, sur sa planète un peu paumé, avec des crapauds pas très ragoûtants aux alentours, le contexte de départ est tout à fait différent. Ici, notre Lombax souhaite directement se faire une place parmi les rangers galactiques (dont on entendra parler qu'à partir du troisième opus seulement), alors que dans l'épisode originel, il n'éprouvait qu'une passion effrénée pour le musculeux Capitaine Qwark. Aussi, notre Lombax est accompagné d'un intriguant mentor, inédit jusqu'à maintenant dans la série.


Ce lien avec les rangers galactiques, rapidement évoqué pendant les premières cinématiques (hors celles introductives avec Qwark et Clank) sera un peu le fil conducteur de tout le jeu. Alors que dans le 1, Ratchet n'est qu'un type un peu paumé, qui rêvait de sortir un peu de son train-train quotidien, les développeurs ont essayé ici de lui donner un côté beaucoup plus enfantin. Un peu à la manière d'un gosse, qui voudrait rejoindre un groupe de super-héros qu'il aurait vu à la tv.


À partir de là, ne pas retrouver le côté plus "sombre" de la personnalité de Ratchet, qui pouvait donner une saveur si particulière au premier opus de la série, était déjà une première déception. Je ne fais en effet pas partie de toute cette frange des joueurs (et même des développeurs), qui pouvaient considérer la relation un peu à la « je t’aime moi non-plus » du duo comme un point négatif. Certes, la série n’a jamais été connue, et appréciée, pour son scénario. Mais tout de même…


Bref, passons. Petit caprice de fan disons.


L’argument de vente principal de cet épisode résidait en un point assez simple, et assez peu original au final. C’était peu ou prou le même que celui des sempiternelles trilogies HD, servies et resservies ad nauseam depuis la God of War Collection en 2009 : « Ouais bon, on a plus trop d’idées pour un prochain épisode, mais on sait tout de même ce que vous avez kiffé dans la série, alors vous savez quoi ? On va jouer sur votre fibre nostalgique, en vous ressortant d’anciens épisodes, le tout en plus lustré. Et vous inquiétez pas, ça vous sera pas facturé plein pot. On est pas comme ça. »


Du coup, 3 ans après Into the Nexus, marquant la fin de la série Future (étant l’intégralité des épisodes sorties sur PS3), c’est un Ratchet & Clank new ² generation , ultra lustré, le tout facturé à quarante balles. Mais est-ce vraiment là la même arnaque que pouvaient être les trilogies HD ? Oui et non. C’est assez compliqué à dire en fait.


Globalement, ça a été dit et redit, la plastique du jeu est impeccable. Chaque niveau est un plaisir pour les mirettes, aussi bien pour les nouveaux arrivants dans la série, que pour les vétérans du premier opus, qui y verront un hommage visuel d’une finesse, et d'une qualité rare.


Oui, sauf que ça, c’est l’apparence. Et que comme chacun le sait, l’apparence, même si c’est ce qui fait souvent accrocher au début, sur la durée, ça n’est jamais réellement un gage de sureté...


Du coup, le reste, ça donne quoi ?


Je résumerai ça en un seul point, qui aurait tout aussi bien pu être le titre de ma critique : déception.


Passé les frissons, et les petites larmes de nostalgie aux coins des mirettes lors de l’exploration des deux premières planètes, un goût assez acre se fait tout doucement sentir en travers de la gorge. Un goût métallique, artificiel. Le goût du foutage de gueule.


Ce Ratchet & Clank n’a en effet rien d’un nouvel opus. À quelques rares exceptions prêtes, chaque niveau reprend peu ou prou les mêmes phases de plates-formes que le premier opus de la série. C’est le cas pour Aridia, une bonne partie de Gaspar, Kalebo-III, Kerwan, la station Nebula, Rilgar, et j’en passe. Au final, les rares ajouts se limitent à quelques fausses surprises, avec des planètes faisant pourtant partie des meilleures du premier épisode (Eudora, Umbris, Hoven…) mises sur le côté, au profit de quelques nouvelles, et quelques gadgets déplacés d’une planète à l’autre (le crocheteur qu’on trouve à la place de l’hydrodéplaceur par exemple).


Bref, c’est du vu, du revu, et du bon gros prémâché des familles. Le tout gonflé artificiellement par des combats, encore des combats, et toujours des combats. En effet, alors que le premier opus essayait au maximum de tempérer ses phases d’action, pour nous servir des phases de plates-formes fouillées et prenantes, ici ( bien que ces phases soient toujours présentes de temps à autre) , l’ensemble est tant nimbé d’une ambiance de guerre constante, qu’on arrive à s’étonner de faire des pauses, par trop plein d’explosions et de cadavres.


L’ajout d’un mode de difficulté difficile, pour rendre l’ensemble un peu plus tactique dans l’utilisation des armes n’aide en rien. On meurt de temps à autre, faute de vouloir avancer un peu trop vite pour enfin découvrir une nouveauté.


Et puis le massacre reprend.


Encore...


Je ne parlerai même pas de la fin, qui fait littéralement honte à celle du premier. L’un des méchants les plus charismatiques de la série, Chairman Drek, bien supérieur selon moi à un Néfarious, stéréotype du savant-fou (caricaturé à l’extrême ici, et qui perd en plus son côté si drôle présent dans le troisième opus, par absence de Lawrence, son majordome), est écarté en quatrième vitesse. Du coup, au lieu d’avoir le combat si prenant et intense du premier opus, on se retrouve avec un énième bourrinage, entrecoupé de vannes lourdingues réchauffées.


Il m’a semblé à un moment dans le jeu, entendre un personnage faisait une vanne sur l’arrivée d’un prochain reboot, s’inscrivant dans une « nouvelle » trilogie…


Bah, ça ce sera enfin l’occasion de finir mes jeux Wii U du coup.

Gyaran
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le 19 mai 2016

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Gyaran

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