J’ai tellement entendu de mal de Resident Evil 0 que j’ai décidé de l’accueillir comme on recueille un oiseau blessé.
L’avantage de ne rien attendre d’un jeu, c’est qu’on ne peut qu’être surpris. Je le dis pourtant d’emblée : Resident Evil 0 est loin d’être un chef-d’œuvre, mais il est aussi loin d’être une catastrophe.
Si vraiment vous le considérez comme le pire jeu de votre existence, c’est que vous êtes né avec une cuillère en argent dans la bouche. Moi, j’ai des goûts simples, et j’ai pris le jeu pour ce qu’il est : une sorte de Resident Evil 1.5 Remake, avec — certes — des idées de gameplay nulles, mais une ambiance que je trouve vraiment excellente.
J’ai joué pour la première fois à un Resident Evil l’année passée avec le remake du 1, et cela reste un souvenir inoubliable. Même si j’avais rapidement fait Silent Hill 1, j’étais un novice total du genre "survival horror classique en tank controls". J’ai tout appris dans ce fameux manoir Spencer, que j’ai arpenté en long et en large, refusant catégoriquement d’utiliser une solution.
Cela a été une épreuve initiatique importante. J’ai ensuite fait le remake de RE2 (incroyable), RE3 original (très bien) et RE4 original sur Wii (exceptionnel, mais dans un autre registre).
Lancer RE0 a donc été une sorte de retour à la maison : mêmes graphismes, même interface, quasi les mêmes objets et un level design très proche. J’étais directement de retour chez moi.
Tout ce que RE0 emprunte à RE1 est bon.
Tout ce que RE0 apporte de nouveau est (presque) systématiquement mauvais.
Avoir deux personnages dans des pièces différentes ? Cela crée des temps de chargement plus lents.
Avoir deux personnages dans un jeu majoritairement constitué de couloirs ? Cela crée des collisions constantes entre eux.
Avoir deux personnages dont un est contrôlé par une I.A. ? Cela conduit à un gaspillage de munitions dans un genre qui, au contraire, devrait nous restreindre sur ce plan.
Ne pas avoir de coffre ? Cela transforme le jeu en exercice de gestion logistique façon "Petit Poucet", où l’on dépose ses ressources au sol pour les déplacer ensuite.
Mention spéciale à ce foutu grappin (2 slots d’équipement) que j’ai trimballé jusqu’aux crédits du jeu. Tu aurais pu me dire à un moment que tu ne servais plus à rien ? Hein ? Comme les clés, par exemple ?
Bref, si l’on parvient à faire abstraction de ces ajouts absurdes, il reste un très bon jeu, avec une ambiance visuelle et sonore incroyable, des personnages improbables, des dialogues un peu niais, le tout entrecoupé de scènes délicieusement nanardesques, comme j’adore.
Historiquement, c’est aussi émouvant de jouer à l’épisode qui a littéralement tué la période des Resident Evil “survival horror à tank controls”.
En conclusion, et pour reprendre une métaphore culinaire à la mode :
RE1 Remake, c’est un repas gastronomique audacieux et inoubliable.
RE0, c’est quelqu’un qui aurait très habilement copié cette même recette, mais qui y aurait ajouté des ingrédients inutiles — genre de la coriandre et du chutney à la mangue.
Si l’on met de côté ces ajouts et cette esbroufe, il reste de vrais morceaux de RE1 Remake dedans.