En consultant le site HowLongToBeat, qui donne une durée indicative des jeux vidéos les plus courants, on peut lire qu'il faut 21 heures pour voir la fin de Returnal. Mais ça, c'est pour un gamer averti. Pour un joueur du dimanche comme moi, il faut plutôt compter au moins 80 heures. Oui, c'est le temps qu'il m'a fallu pour contempler ses trois fins. Oui, sa très grande difficulté n'y est pas étrangère. Et non, il ne faut pas intégrer un mode facile. Car, plus que tout autre, Returnal est une affaire de discipline et d'abnégation, c'est même sa plus grande qualité. Un aboutissement pour le studio Housemarque qui, à la manière des meilleurs From Software, a hanté mes jours et mes nuits jusqu'à l'obsession. Mais c'est quoi au juste, Returnal ?


Aussi hasardeux que cela puisse paraitre, Returnal est un hybride improbable entre Vanquish, Binding of Isaac et Dodonpachi. C'est à la fois un Third Person Shooter très nerveux et un Rogue Like, qui exige de Sélène, astronaute bloquée dans une boucle temporelle sur une planète inhospitalière, de faire la boucle parfaite pour pouvoir briser le cycle. Cela a été une surprise pour certains observateurs non accoutumés aux mécanismes des Rogues, mais la mort dans Returnal signifie retour au début du jeu sans rien conserver : ni arme, ni expérience, ni objet ou relique, rien en dehors de quelques artefacts très spécifiques. Et c'est votre résistance à ce genre de traitement, quand à la fin d'un Run parfait Sélène se fait sniper et perd sauvagement le bénéfice d'une heure de concentration totale, qui va conditionner l'appréciation du titre. Pour ma part, chaque échec, loin d'être décourageant, était un appel à recommencer : "cette fois, je vais y arriver", comme le dit Sélène en se relevant inlassablement. Chaque boucle est différente et propose son lot d'opportunités et de situations inédites à gérer. Et au final, même si Selene recommence dépourvue de tous ses gains, le joueur lui, gagne des niveaux à la force des poignets. Et au final, cette prétendue frustration devient, pour certains en tout cas, une addiction impitoyable.


Evidemment, tout ceci est rendu possible par une véritable démonstration technique des capacités de la PS5. La réalisation graphique bien sur, exempte de tout reproche avec ses environnements magnifiques et son 4K 60fps indéboulonnable. La direction artistique, fortement inspirée de films comme Prometheus, est magnifique et les contrastes lumineux, particulièrement spectaculaires en HDR, sont impressionnants (les affrontements contre les boss sont de véritables spectacles pyrotechniques). Mais les aspects sonores de Returnal le sont encore plus : même en omettant les nappes sonore d'ambiance, déjà très réussies, il est impossible de passer sous silence la pertinence du son 3D de la console. En plus d'amener un certain confort sonore, cette spatialisation s'avère indispensable en jeu pour localiser une attaque ou ouvrir une porte secrète. Impossible non plus de ne pas parler de la gestion haptique de la dual-sense, sans doute une des plus réussies depuis Astro's Playroom, qui offre non seulement un retour au joueur mais aussi de nouveaux schémas de contrôle en introduisant un "cran" dans la gâchette gauche pour la visée et l'arme secondaire. Il est à peu près certain que cette idée particulièrement judicieuse fera école chez la concurrence tant elle devient intuitive après quelques minutes de jeu.


Une grande réussite que ce Returnal donc. Comme dans toutes les relations de longue haleine, il m'en a fait voir des vertes et des pas mures, mais je suis quand même triste de l'avoir terminé. Si vous avez le profil d'un try-harder et si la mort ne vous fait pas peur, alors Returnal vaut à lui seul l'achat de la machine.

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le 28 sept. 2021

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