Root Film
7.4
Root Film

Jeu de Kadokawa Games et PQube (2020Nintendo Switch)

Root Film, suite de Root Letter (que je connais via la version Last Answer) , on pourrait s'attendre à en retrouver la même formule. Et pourtant, ce VN s'en détache sur bien des points. Déjà parce que l'univers, l'histoire ou les personnages n'ont rien en commun mais... On va quand même commencer par ce qui est similaire :



  • c'est toujours un VN où l'on enquête avant de confondre son interlocuteur dans un simili-procès

  • le fil rouge est toujours découpé en chapitre

  • on les musiques les plus marquantes sont les même

  • y a leurs mascottes osef

  • on y fait toujours du tourisme


Et je pense que c'est tout. Ce qui fait déjà pas mal pourrait on me rétorquer. Alors oui, mais non.
On commence par l'ambiance générale : l'extrême mélancolie ponctué par quelques moments de joie de vivre et d'humour cède sa place à de la gaîté ponctué par quelques bribes d'horreur et de tristesse. En soi, ce n'est pas forcément gênant, mais il n'est pas difficile de se dire que l'ost aurait gagné à être refondu. Outre le fait qu'elle dénote régulièrement, son utilisation en devient irritante à cause de la modification du système de jeu.


Les phases d'enquêtes et les différents lieux sélectionnables étant toujours de la partie, c'est dans le déblocage même de l'aventure que se trouve le problème. Dans Root Letter, on questionne, on regarde l'environnement et lorsque l'on a fini, les personnages disparaissaient littéralement pour te dire que t'avais fini avec eux. Je trouvais la chose dommageable d'ailleurs, puisque si vous vouliez parler de tous les sujets disponibles, fallait prier pour ne pas tomber sur le sujet "utile". Ici, on a l'inverse : les personnages ne disparaissent pas et peuvent avoir plusieurs choses à dire. L'une après l'autre. Il n'y a donc plus de thème à choisir, au profit d'un martelage du bouton a. Souvent pour deux dialogues, avant de s'apercevoir que ça boucle. Parfois pour 5 ou 6. Et bien sur, quand il y en a autant, c'est que c'est indispensable à l'aventure... Donc en pratique, on passe sa vie à faire boucler des dialogues dans le but de ne pas rater quelque chose.
Le fait de ne plus pouvoir sélectionner en deviendrait donc ici une qualité, en plus d'être parfaitement raccord avec la nouvelle politique de non choix, sauf qu'ils ne l'ont pas fait. Et pour revenir sur l'utilisation de l'ost : les musiques changent à chaque lieu, événement ou en plein dialogue. Ce "vagabondage" permanent empêche donc aux musiques de prendre le temps de poser une ambiance ou d'être véritablement raccord avec le ressenti d'un joueur désireux d'avancer.


Les phases d'enquêtes en elles-mêmes ont le mérite de se dérouler manière assez logique, même s'il y a parfois des ratés et que les indications sur la suite à prendre sont souvent faiblardes ou inexistantes. Il m'est arrivé par exemple de lire un dialogue disant qu'il faut vite que j'aille analyser ma bobine de film dans mon van alors qu'il m'était impossible de le faire sans vivre un autre événement. L'ordre de déblocage de ceux-ci peut aussi induire en erreur, notamment lorsque l'on débarque à la cool et qu'on nous dit de repasser plus tard ou en dernier. Parce que ces plus tard, ils ne seront jamais vraiment indiqué (à part via un changement de couleur sur la carte, qui n'est pas toujours fiable).
Une fois qu'on a tout bien fait comme il faut, viendra les phases de confrontation orale. Afin de dévoiler la lumière des événements, un dialogue prendra donc forme et il nous incombera la tâche d'exposer toutes les contradictions de notre opposant. Plutôt bien réalisé et entraînante, ces phases souffrent d'un problème majeure : elles sont d'une simplicité déconcertante ! L'absence d'objets a collecter et a présenter étant un autre des changements de paradigme de ce Root Film, ce sont des idées globales qui auront ce rôle. Le petit soucis étant qu'entre le cheminement de penser de notre avatar ET le fait qu'on est le choix qu'entre 2 ou 3 d'entre elles à chaque contradiction possible, il est assez dur de répondre à coté. Surtout qu'elles sont régulièrement assez différentes pour ne pas se froisser le cerveau. Sans mentir, je n'ai raté aucune confrontation et j'ai du me planter 5 ou 6 fois, au plus, dans tout le jeu...


Le jeu est relativement long, une vingtaine d'heures environ, mais il a aussi fait disparaître une autre caractéristique dans son sillage : il n'y a plus qu'une fin de disponible. Elles étaient loin d'être toutes égales dans le jeu précédent, il est vrai, mais la conclusion de ce Root Film laisse sur sa fin d'une manière assez impressionnante ! Imaginez le combat de Goku contre Freezer se terminant par


je l'ai eu, suivi illico d'un générique et de quelques images fixes pour illustrer le monde d'après. Pas un dialogue, pas une carotte, rien.


Les bonus sont réduit à la portion la plus minimale : une mini-séquence de 3/4 minutes avec les cg, ost et film à revoir.
Et quitte à continuer le jeu des 7 différences, si le chara-design est sympa, les illustrations ont beaucoup trop souvent un goût de photos sur lesquelles on aurait appliqué un filtre, et pas forcément le plus classe. Il y en a une tétrachié donc il est difficile de reprocher une quelconque redondance durant notre petit voyage mais cela reste dommage.


Comparativement à mon expérience sur Root Letter : The Last Answer, il est inutile de dire que je fus déçu. En revanche si on le prend pour ce qu'il est, une aventure linéaire avec des tranches de joies et un enrobage tout zoli, il reste très agréable à faire. L'ost dénote et la simplicité est difficile à ne pas remarquer mais les différentes affaires restent plaisantes et le fil rouge reliant le tout fait le taff. Un des trucs appréciable aussi, c'est que tout est doublé, y compris le personnage principal lorsque cela ne concerne pas ce qui se passe dans sa tête (et ces moments sont loin d'être aussi velu que dans des vn comme Stein's Gate). Root Film respecte son aîné sur un autre point, avec l'absence de fanservice ou de romance réalisable.
Je rajouterai quelques bémols cependant :



  • y a pas mal d'erreur de typo/répétition dans la trad'

  • le final est peu satisfaisant

  • il fait partie de ces VN où l'on ne peut jouer avec le stick droit

  • les dévs ne disent pas merci à la fin. Et ça, c'est mal.

Euklif
7
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le 26 mars 2021

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2 j'aime

Euklif

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