Comme beaucoup d'entre vous, quand j'avais une dizaine d'années, je m'éclatais bien sûr sur ce qu'offraient la Super Nintendo et la Megadrive, consoles les plus accessibles et populaires, tout en rêvant secrètement de la bécane magique de quelques happy few riches comme Crésus.


Je veux bien sûr parler de la mythique Neo Geo : la Rolls, celle qui offrait les plus beaux jeux de baston supportés par le système MVS, les plus belles couleurs, les sprites les plus monstrueux, le tout en direct des salles d'arcade enfumées, les versions parfaites et qui, surtout, promettaient de saigner financièrement ceux qui ambitionnaient encore d'y toucher.


Oui, quelques conversions étaient disponibles sur nos consoles de salon plus, disons, abordables, mais il fallait ne pas se voiler la face : parfois amputées, souvent remaniées, elles n'avaient tout simplement pas le même potentiel de whaou ! une fois les manettes en main...


Samurai Shodown en est un parfait exemple : personnages plus petits sur Super Nintendo, avec un peu moins de détails dans l'animation, un combattant (le plus énorme) passé par pertes et profits sur Megadrive, tout comme le zoom automatique. Le constat était flagrant : rien ne valait l'original sur la console la plus démente et la plus chère du marché.


Jouer à des softs tels que Samuraï Shodown relevait, à cette époque, du fantasme qui promettait de ne jamais être assouvi autrement que sur les pages cornées des tests dithyrambiques de Joypad et autres Consoles +, quand nos yeux d'enfant ne cessaient de caresser les photos d'un jeu se propulsant bien au-delà de nos rêves.


Jusqu'à l'avènement du rétrogaming, de l'émulateur et de l'exploitation dématérialisée du catalogue de l'éditeur SNK, mettant enfin à la portée de tous ses perles les plus brillantes et magnétiques.


... Dont Samuraï Shodown.


Le premier jeu de baston Neo Geo permettant de se battre à l'arme blanche. Le tout, en juillet 1993, voyant le développement d'une nouvelle franchise, dans une atmosphère de Japon médiéval à nulle autre pareille.


Deux moyens de se démarquer du numéro 1 : Street Fighter II et ses multiples déclinaisons, tout en évoluant, a priori, en terrain connu : un casting réduit à douze combattants et trois niveaux de puissance des coups déclinés entre les "poings" et les pieds.


Sauf que l'arrière plan de la bataille a tout du magique. Ainsi, tout d'abord, les décors resplendissent et possèdent presque tous des éléments destructibles. Dans une effusion de couleurs orgiaque, à la beauté tout simplement surnaturelle.


Les personnages, ensuite, même s'ils sont finalement peu nombreux. Et si certains ne s'écartent que très peu des archétypes du jeu de baston, ils pètent tout simplement de classe et de charisme dans leurs attitudes et leurs animations, tandis que le zoom automatique, déjà à l'oeuvre dans Art of Fighting, permet de plonger au coeur de l'empoignade.


On pourrait s'arrêter sur le fait que des perso comme Nakoruru ou Galford fassent appel à leur animal de compagnie pour les épauler, mais le coeur de Samuraï Shodown est définitivement ailleurs, en projetant son joueur dans l'idée qu'il peut se faire d'un combat au sabre. Ainsi, il s'agira plus de placer le bon coup au bon moment que de foncer dans le tas en matraquant l'ennemi. L'offensive est donc approchée comme réfléchie, dans un système basé sur la lecture du jeu adverse, sur une forme d'attente instillant la tension, la punition en cas d'erreur étant lourde. Encore plus avec la barre de furie portée au maximum, permettant de faire un sort à Nestor en trois coups...


Et rehaussant au passage la violence sèche du face à face, avec la possibilité d'ouvrir la jugulaire du vaincu ou de littéralement le couper en deux à l'issue du combat...


Mais Samuraï Shodown ne serait rien sans ses musiques stratosphériques, son ambiance japonaise traditionnelle métissée unique aux accents exotiques, alternant la quiétude d'un champ animé par le bruit du vent, celui des vagues s'écrasant sur une plage rocailleuse, le théâtre kabuki et la furia rock d'un duel au fond d'un canyon américain. Il ne serait rien sans ses voix originales, donnant un autre supplément d'âme à un titre flamboyant et culte tout aussi technique que sauvage, emmenant le genre baston vers des terres inconnues qu'il serait extrêmement dommage de ne pas visiter.


Behind_the_Mask, son nom, il le signe à la pointe de l'épée.

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le 14 juil. 2020

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