Serious Sam 3: BFE
6.3
Serious Sam 3: BFE

Jeu de Croteam et Devolver Digital (2011PC)

Les Serious Sam ont beaux ne pas être mes fast-fps préférés, je prends toujours du plaisir à lancer ou relancer un jeu faisant partit de cette licence. Pour autant, est-ce réellement intéressant de jouer à Serious Sam 3 aujourd'hui ? Pas vraiment non.


Le problème du titre dont il est question ici c'est qu'il ne change pas grand-chose à la formule, tout du moins pas grand-chose comparé à The Second Encounter, pourtant sortit pratiquement 10 ans plus tôt (le 25 janvier 2002 plus précisément). Son autre problème, c'est que quelques-uns de ses rares changements n'apportent absolument rien à la formule, voire la font régresser. En effet, certains des plus gros « ajouts » de Serious Sam 3 sont des emprunts aux FPS modernes, du moins aux FPS sortis aux alentours de 2011 (à savoir Call of Duty, Battlefield, Halo…), sont la possibilité de sprinter, l'obligation de recharger avec certaines armes et le fait de pouvoir viser à la mire (aussi appelé ironsight). On va être franc, si j'ai parlé de régression plus haut, c'est surtout parce que les deux derniers ajouts cités n'ont strictement rien à faire dans une licence tel que Serious Sam. Les développeurs du Doom de 2016 l'ont bien compris, recharger dans un fast-fps a tendance à plus casser le rythme qu'autre chose. Quant à la possibilité de viser à la mire, étant donné que la précision n'est pas ce qui importe le plus dans un Serious Sam, cet ajout n'apporte pas grand-chose lui non plus… en fait, si on part du principe que la rapidité de mouvement et l'esquive sont plus importants que la précision dans la série, alors, perdre de la rapidité en visant à la mire est juste contre-productif.


Heureusement, le titre possède deux autres ajouts qui correspondent plus à la logique du fast-fps et donc à l’identité de la série : la destruction de décors et la possibilité d'exécuter ses ennemis au corps-à-corps. La destruction de décors nous oblige encore plus à nous mouvoir lorsque nous nous retrouvons dans certaines zones spécifiques ; en fait, avec certaines arènes, il n'y a pratiquement plus aucun obstacle derrières lesquels nous couvrir après quelques minutes de jeu. Ça rend les combats encore plus intenses qu'ils ne le sont déjà. Après, pour pinailler un petit peu, comme pour la plupart des autres jeux mettant en avant la destruction de décors, c'est toujours un peu aléatoire : certains obstacles ne pouvant absolument pas se faire détruire.
Les exécutions au corps-à-corps sont sympas, mais il manque quelque chose. Déjà, il n'y a qu'une exécution possible par ennemi, il n'y a donc pas de plaisir à découvrir les différentes mises à mort pour un ennemi bien spécifique. Ensuite, les exécutions n'apportent rien : pas de vie ni de munitions supplémentaires (et à priori, pas un score plus élevé non plus). Du coup, elles nous servent principalement à économiser des munitions et on va de plus en plus s'en passer au fur et à mesure que nous progressons dans l'histoire.


Autre ajout pour le moins discutable : le scénario. Je ne vais pas aller jusqu'à dire qu'ajouter un scénario dans Serious Sam était de toute façon totalement inutile, la licence ayant un fort potentiel parodique, ça aurait pu être sympa.
Le problème ici c'est que ça n'apporte strictement rien !
Le titre débute sur une intro (logique me direz-vous) explicative qui semble s'être trompée de licence tant elle se prend beaucoup trop au sérieux ; pour ensuite nous transporter dans un hélicoptère rempli de personnages osef-tier, qui tentent d'être drôles, mal animés et dont on connaît par avance le destin funeste pour peu que l'on ait encore deux neurones connectés dans le crane. Ah oui ! En plus de ça, les cinq sous-titres qui se chevauchent sont inexactes. Chapeau !


Quitte à écrire un bon scénario, ça aurait été judicieux d'engager un auteur qui a déjà fait ses preuves dans le domaine. Ils ont pourtant été trois sur l'écriture : Davor Hunski, Alen Ladavac et Scott Alexander. C'est surtout ce dernier qui m'intéresse puisqu'il provient de chez Devolver (l'éditeur) et non de Croteam (le développeur) et est la principale personne à s'être occupée de l'écriture du scénario et des dialogues ainsi que de la direction d'acteur. Si le résultat avec Serious Sam 3 est encore une fois décevant, il s'est amélioré par la suite, notamment en rédigeant lintégralité des textes de Hard West, mais surtout, en travaillant par la suite sur Shadow Warrior 1 et 2, qui, bien qu'imparfaits eux aussi, restent bien au-dessus du truc dont on parle ici.
Quant aux deux autres scénaristes, à savoir Davor Hunski et Alen Ladavac, il s'agit ni plus ni moins que des gros bonnets de chez Croteam. Tous deux endossant les rôles de réalisateurs, concepteurs et producteurs (en plus de l'étiquette de scénaristes). La seule différence entre les deux, si j'en crois la notice anglaise de la page Wikipédia du jeu, étant que Alen s'est aussi occupé de la programmation là où Hunski semble s'être occupé de la partie artistique du titre.


Pour en revenir au jeu en lui-même. L'introduction est là aussi globalement ratée, notamment à cause du faible nombre d'armes disponibles. C'est aussi le cas de la conclusion du titre, du moins de son dernier niveau, ne se révélant vraiment pas intéressant. On nous balance en boucle une tonne d'ennemis à la fois, dans un long couloir sans aucune identité, originalité ni particularité propre au niveau du level-design (on est dans un vulgaire canyon en fait). En fait, à force de reculer et de reculer en boucle, on a finalement l'impression d'être immergé dans une simulation de Renault B1 bis bloqué sur la marche arrière lors de la seconde guerre mondiale… ce qui n'est vraiment pas très fun vous en conviendrez. Vu que c'était déjà le cas avec TSE, je vais finir par croire qu'avoir un dernier niveau pourri fait partit de l'identité de la série.
Heureusement, la majorité des niveaux reste sympa à parcourir. Ça reste du Serious Sam, ça reste très fun et très bourrin.
Au passage, petit conseil perso : n'utilisez pas la sauvegarde rapide. Premièrement, ça réduit drastiquement le challenge et donc le fun (du coup on se fait chier) ; deuxièmement, ça influe sur le tableau des scores, ce qui fait un peu de mal à l'égo (surtout quand comme moi on a le réflexe d'utiliser la sauvegarde rapide toutes les deux secondes).


Si les développeurs ont repris ce qui faisait la force de The First Encounter et de sa suite, ils ont tout de même procédés à quelques retouches. Au niveau du level design par exemple, on passe moins de temps dans des arènes et le jeu se montre globalement plus linéaire et refermé, surtout lors de ses premiers niveaux. On est loin d'un The Second Encounter avec ses larges zones ouvertes dans lesquelles on voyait les ennemis arriver à l'autre bout de la carte.
Les armes aussi ont globalement subi quelques retouches, bien qu'il n'y ait pas eu de grands changements non plus de ce côté-là. Il y a par exemple six nouvelles armes, mais disons qu’elles ne sont pas vraiment nouvelles. En fait, elles remplacent surtout les armes des précédents volets (le pistolet SOP38 remplaçant le revolver Schofield .45, le fusil d'assaut M29 remplaçant le SMG Thompson, etc.).
Enfin, de nouveaux ennemis ont été introduits dans cet épisode.
Le Aludran Reptiloid a été remplacé par le Khnum qui se révèle bien moins prévisible que son ancêtre, mais aussi beaucoup plus puissants et résistants. Le Scrapjack, qui semble tout droit venir de Doom, s'intègre plutôt bien à Serious Sam, ennemi statique mais aux tirs puissants et là encore pouvant se montrer imprévisibles.
Concernant les ennemis moins intéressants, les Space Monkeys sont juste chiants à battre vu qu'ils passent leurs temps à esquiver et se cacher, attaquer subitement, fuir, pour de nouveau continuer à esquiver et se cacher (et ainsi de suite). Aussi, Croteam a crû bon d'ajouter certains ennemis qui nous tirent directement dessus, qui nous hitscans et ne nous lancent donc pas de projectiles. Bien qu'on arrive les vaincre sans trop de mal, notamment parce qu'ils prennent toujours quelques secondes avant de commencer à nous tirer dessus, ça nous oblige tout de même à nous protéger temporairement derrière un mur, ce qui va un peu à l'encontre de la philosophie du jeu. Enfin, reste la Witch-Bride of Achriman, qui elle aussi prend des plombes avant de crever.
Dans l'ensemble, vous l'aurez compris, les ennemis apportent plus de mal que de bien et ont tendances à aller à l'encontre de la philosophie de la série.


Ne changeant pas grand-chose à la formule, on peut se douter que Serious Sam 3 est répétitif, et justement il l'est. J'indiquais plus haut que l'ensemble manquait de variétés. Le problème c'est qu'il manque de variétés sur tout : les situations se répètent, les ennemis aussi, c'est malheureusement le cas pour les armes, enfin, les décors rencontrent également ce problème-là. Bien qu'ils diffèrent quelque peu des précédents épisodes, surtout lors des premières heures, notamment grâce à leurs côtés plus urbains, ils finissent tout de même eux aussi très vite par se répéter.
Au passage, la plupart des niveaux urbains auraient été directement repris de T.E.O.R., une autre production de Croteam, développé entre 2006 et 2008 avant d'être annulée. D'ailleurs, l'aspect plus grisâtre et urbain de Serious Sam 3 pourrait venir du fait que T.E.O.R. aurait dû être un fps plus réaliste.


Une fois le jeu finit (en environ 12 heures en mode de difficulté sérieux), il n'y a malheureusement plus grand-chose à faire. Le multijoueur est aujourd'hui vide et le mode de difficulté Folie (que l'on obtient en terminant le jeu) n'apporte absolument rien d'intéressant puisqu'on se retrouve face à des ennemis invisibles la moitié du temps… ce qui là encore détruit tout le fun du jeu. Reste le mode survie, qui m'a personnellement occupé une petite heure environ, ainsi que l'extension Jewel of the Nile, qui pour le coup est clairement très dispensable.


J'aurais vraiment du mal à recommander ce Serious Sam 3. Son problème c'est qu'il est moins bon que The Second Encounter, qui encore une fois est sorti 10 ans avant lui. Du coup, jouez à la version HD de The Secound Encounter (qui en plus contient The First Encounter) et à la limite, si vous aimez vraiment TSD, alors jouez à Serious Sam 3.
Sur ce, je vais commencer à m'intéresser à Serious Sam 4 qui… est encore moins bon que Serious Sam 3 parait-il. Aïe !

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le 21 févr. 2022

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MacCAM

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