Silent Hill 2
8.6
Silent Hill 2

Jeu de KCET, Team Silent et Konami (2001PC)

2023, il n'est jamais trop tard pour arpenter Silent Hill

- J'ai découvert le jeu en 2000/2001 via les images dans les magazines de JV et via des vidéos promotionnelles et autres trailers dans les dvd de ces magazines et autres cd de démos.

Je connaissais vaguement le premier, aussi via des images et le début (dont la qualité visuelle de la cinématique dans le bar avec l'agent Cybil, m'avait toujours bluffé) que j'avais vu chez un copain, mais rien de plus, m'étant plutôt penché sur la saga Resident Evil et par le fait que je ne possédais ni PlayStation 1 ou 2, ni PC pour jeux.

Mais, la ville, l'ambiance, les designs des monstres, ce que j'en voyais au fur et à mesure des épisodes et les critiques dithyrambiques pour ce second volet, mont toujours donné envie de m'y pencher, mais n'étant pas un fana d'émulation et pas de consoles adéquates avant 2015 (ou simplement le fait d'essayer de retrouver ces jeux rétro à pas cher, en vain), ont fait que je n'ai pu tester que récemment. En fait ma vraie introduction à Silent Hill s'est faite via l'adaptation cinématographique, que j'avais vu en salle, mais qui s'occupe surtout du premier jeu (et sa nullissime suite qui s'inspire un peu du 3).

J'ai joué au premier en 2020 et 2023 je me lance enfin dans, non pas la suite, mais dans le deuxième et sous de bons conseils, je prends la version PC dans sa version modée "Enhanced Edition", et je n'achète pas le charcutage des versions HD officielles sur Xbox 360 (j'ai regardé des comparatifs sur youtube, ouille, c'est la honte).

- Allons directement au but, une fois fini, qu'en ai-je pensé ?Eh bien, tout d'abord, je dois dire que j'ai été un peu dérouté par un aspect du <jeu>... En termes de plaisir de joueur jouant à un jeu vidéo, ce n'était pas fameux !

Point de vue gameplay, c'est assez rigide et les mouvements de James sont lents même pour l'époque, graphiquement, c'est juste dans la moyenne (bien que cette version améliorée enlève les défauts de la PS2, comme l'aliasing et les faibles détails des ombres de ce que j'ai pu comparer - d'ailleurs petit point sur cette version, j'ai trouvé le mouvement du brouillard dynamique franchement trop violent, j'ai dû plusieurs fois le mettre en mode normal tant je trouvais ça agaçant, un juste milieu entre les deux aurait été appréciable), les énigmes ne m'ont pas souvent emballée et sont un peu hasardeuses par moment, mais le pire, c'est le manque flagrant de challenge ; les ennemis sont souvent très faciles à battre ou à éviter, j'ai eu un surplus monstrueux de munitions et de soins dans mon inventaire, j'aurais bien aimé savoir qu'il fallait commencer en difficile et pas en normal, alors que le premier jeu était bien plus ardu et stressant, avec les codes du survival horror (peu de munition, pas mal d'ennemis, santé faible), ici, c'était un poil trop tranquille et quelques soucis de rythme dans la progression.

Sur le point JEU, le premier est bien supérieur à mon sens, avec ces décors, comme l'école, le quartier commerçant et le motel, mais surtout, on plonge très vite dans les versions altérées de la ville et le switch des deux réalités ; plus de difficulté et une progression de <niveaux> plus classique, qui me plait bien.

- MAIS voilà, Sillent Hill 2 est une œuvre vraiment à part, qui a voulu apporter quelque chose qu'on ne voyait quasiment pas dans le jeu vidéo et qui a fait le contraire de ce qu'on faisait habituellement, le jeu s'articule autour d'une histoire, d'une expérience que les développeurs veulent nous raconter, au lieu de l'implémenter à l'intérieur d'un concept de jeu vidéo et c'est là où tout l'intérêt réside !

Car oui, il n'a pas volé son titre de jeu d'horreur psychologique !

L'histoire est aussi poignante que perturbante et ses personnages encore plus ; il faut le prendre pour ce qu'il est, ce qu'il nous propose, une sorte d'expérience cinématographique interactive, un peu comme ce que donnent les "Jeux narratifs" récents (il pourrait même en être un des piliers fondateur avec ICO sorti aussi en 2001).

J'ai voulu parler juste avant de son aspect jeu vidéo qui n'est pas incroyable, mais dans son aspect arcade/amusement du terme, car en tant qu'expérience vidéoludique, l'aspect gameplay n'est que très secondaire et la narration et le ressenti eux sont largement primaires ; c'est pourquoi si on a un esprit trop arcade et qu'on veut jouer au jeu comme à un Resident Evil ou autre survival horror, à taper des monstres et avec juste le but d'arriver au bout, on passe totalement à côté de ce qui nous est proposé.

Et je dois dire que j'ai adoré la proposition, car c'est vraiment un tout, l'écriture, avoir de l'empathie grâce aux excellents jeux d'acteurs/doubleurs, le design sonore, l'ambiance, la progression lente de l'intrigue avec beaucoup de non-dits qui nous poussent souvent à la réflexion sans que le jeu nous le demande de le faire, juste pour combler les trous et essayer de comprendre tout ce qui arrive et ce qui a pu se passer.

Et pas que le scénario, mais aussi un ressenti et ce que peu seulement offrir le medium du jeu vidéo quand on sait bien l'utiliser, à savoir : nous faire ressentir des émotions profondes avec nos choix et nos actions, le fait de contrôler le personnage et devoir affronter les horreurs qu'on découvre avec lui, même le fait de galérer avec ses mouvements au final, ça reste qu'un homme normal (tout comme le gameplay de Death Stranding qui est lourd et compliqué, mais fait exprès pour qu'on sente la peine qu'endure le personnage), ou se retourner contre des personnages qu'on a côtoyés...Il y a du génie dans l'écriture, mais aussi dans ce qu'on y vit ; les très longues avancées en barque dans un brouillard d'advection, la décente d'escalier qui dure une éternité comme si on allait droit vers l'enfer (en partant du purgatoire ?), les nombreux sauts dans des trous, noir de profondeurs, jusqu'à une ultime fois dans une tombe portant notre nom... Tout ça n'est que symbolisme, mais le fait de le faire nous-mêmes avec le contrôle du personnage, rend les actions un peu plus perturbantes que si on les voyait dans un film ou une série, l'implication est réelle et on le sent dans nos tripes.

- Je n'ai même pas eu le temps de parler de la musique, un des plus gros point fort du jeu, surtout les musiques qui accompagnent les moments scénarisées que ça soit des cut-scenes ou cinématiques, les notes de pianos qui resteront gravés à jamais dans les mémoires, les mélodies vraiment belles et toute la composition qui est pensée harmonieusement avec l'ambiance et les histoires tragiques qui sont contées ; une OST fabuleuse, incroyable qui sert une expérience qui l'est tout autant.


- J'ai évidemment eu la fin, la plus courante et je dois dire que je l'aime bien comme ça, un peu nihiliste certes, mais qui convient bien à l'univers de Silent Hill et qui en plus peut se raccorder au début d'une nouvelle partie.

Les personnages étaient vraiment incroyables (le malaise que m'a fichu Eddie), qui m'ont fait ressentir beaucoup d'émotions différentes (dont du chagrin), un scénario très malin et une écriture subtile, l'ambiance prenante de Silent Hill, spécialement pour sa version alternée fait de draps plus ou moins blancs et j'avoue avoir aussi une totale fascination pour le style particulier des cinématiques, le traitement de la lumière, des peaux légèrement floues et le rendu des personnages (style déjà présent dans le premier jeu, que je trouve incroyable et qu'on a peu vu ailleurs), oui effectivement, c'est une grande œuvre !

Si on me demande mon avis en tant que jeu vidéo, rien à faire, j'ai envie de le différencier, je préfèrerais bien d'autres jeux et autres Resident Evil en termes de JEU vidéoludique par exemple, mais ce SH2, je le prendrais plutôt comme une œuvre interactive et dans ce cas, comme une des meilleures expériences du genre.

Créée

le 28 déc. 2023

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LeFameuxRuben

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