À la suite de la création du moteur UbiArt Framework pour Rayman Origins, Michel Ancel avait mentionné le fait que ce moteur était universel (et, me semble-t-il, qu'il voulait le distribuer à tous les développeurs, mais Ubi a dû mettre son veto :o) et que d'autres projets hors Rayman pourraient l'utiliser.


En 2014, 2 jeux utilisant ce moteur sont sortis, Child of Light, un RPG hommage aux jRPG et ce "Soldats Inconnus".


Valiant Hearts, en anglais, est un projet "indépendant" au sein d'Ubisoft. Certes, le terme est trompeur mais difficile d'en utiliser un autre lorsque l'on voit la taille de l'équipe, le budget du jeu et la passion des deux co-créateurs, Yoan Fanise et Paul Tumelaire, ont déployé pour faire avancer leur projet. Yoan en parle d'ailleurs lui-même sur Gameblog :



Nous avons présenté un prototype à Yves Guillemot, le CEO d'Ubisoft, qui à tout de suite accroché. La production n'a cependant pas été simple car nous n'étions pas prévus dans les plans du studio et il a fallu se battre à chaque étape. Nous étions comme des indépendants au milieu d'Ubisoft.




D'accord, mais c'est quoi ce jeu ??



Soldats inconnus est un jeu en 2D vu de profil dans lequel on contrôle un personnage que l'on peut faire avancer à gauche, à droite, faire monter des obstacles et même courir, sauter et frapper.
Mais malgré cette description, ce n'est pas vraiment un jeu d'action/plateforme mais plutôt d'énigmes. Il m'a d'ailleurs un peu fait penser à The Cave. On y contrôle aussi plusieurs personnages (mais pas switchables à l'envi) et il y a beaucoup de puzzles à résoudre, de manipulations et de transport d'objets à effectuer.


Mais plus que le fond, c'est surtout la forme qui a marqué : le thème de la 1ère Guerre Mondiale n'est que rarement repris dans les jeux vidéo (mais effectivement, malgré toutes les qualités de "Joyeux Noël", cette guerre n'a pas eu son "Soldat Ryan"). Par exemple, Wikipédia n'en recense que 56 et parmi eux, moins d'une dizaine est connue.


Et pourtant, ici, ce thème est magnifiquement traité. Avec ce "Vis ma vie de soldats des tranchées", on peut mieux comprendre la galère quotidienne que ces hommes ont vécu. Et les documents à récupérer et les entrées de journaux intimes sont très précieux, informatifs et intéressants (merci au partenariat avec la Mission Centenaire 14-18). Il y a même un passage qui nécessite de les lire pour bien comprendre ce qui se passe.


Quand on est dans les tunnels et que l'on est avec les français puis qu'on se retrouve chez les allemands : ce n'est qu'en lisant les documents dans le jeu qu'on apprend (ou confirme) que les tunnels étaient creusés par les 2 armées et qu'il arrivait que ces tunnels finissent par se trouver les uns au-dessus des autres.


L'histoire en elle-même est bien sûr conditionnée par l'Histoire en elle-même mais ils ont réussi à créer des personnages attachants, humains et dont on souhaite suivre les aventures jusqu'au bout dont le final est assez émouvant. Tout au long des 4 chapitres et des 34 niveaux, les 7 ou 8 heures qu'il m'a fallu pour le finir à 100% m'ont vraiment plu et j'ai eu du mal à décrocher.


Pour couronner le tout, la musique composée par APM Music est vraiment adéquate avec un thème proche d'un Yann Tiersen, des pistes plus symphoniques, des passages doux au piano, des violons, de la harpe.. Variée mais accompagnant toujours le jeu de manière admirable.


Finalement, le jeu n'a que peu de défauts.
Je pense à cette maniabilité un peu lourde, qu'on retrouve souvent dans des jeux 2D avec des puzzles. Pourtant, le moteur ayant servi aux 2 derniers Rayman, ce n'est pas lui empêche de faire une jouabilité aux petits oignons mais aussi, un peu, au décalage entre le thème très dur abordé et l'aspect cartoon des graphismes. C'est un parti pris que je respecte et qui a au moins l'avantage de l'accessibilité mais ça atténue forcément l'impact des événements du jeu et des conditions montrées.



Paragraphe sur les trophées



Les 20 trophées de jeu sans platine se récupèrent de façon assez classique :



  • Une bonne partie s'obtient en finissant le jeu (un seul niveau de difficulté)

  • Une autre partie en récupérant les 119 items à collectionner (certains sont un peu retors mais ils scintillent)

  • Le reste correspond à des actions spécifiques à effectuer dans certains chapitres (il y a un menu pour sélectionner le bon niveau au fur et à mesure qu'on avance dans le jeu). Seuls 2 d'entre eux sont un peu durs : sauver son escouade lorsqu'on pilote un tank pour lequel vous devrez peut-être vous y prendre à 2 ou 3 fois et surtout sauver Karl où il faudra faire un sans faute sur le jeu de rythme d'Anna : vous recommencerez pas mal de fois mais ce qu'il faut faire, c'est le laisser mourir pour recommencer à chaque erreur car le jeu fait des sauvegardes automatiques et vous finirez par avancer, à force.

Créée

le 9 avr. 2015

Critique lue 464 fois

5 j'aime

sseb22

Écrit par

Critique lue 464 fois

5

D'autres avis sur Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre

Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre
Ray
7

De l’amour de la violence à la violence de l’amour

Il est très dur de noter une œuvre comme Soldats Inconnus. D’autant plus quand cette dernière délivre un message fort, humain et très bien calibré. Les jeux sur la Grande Guerre ne sont pas légions...

Par

le 27 juin 2014

16 j'aime

5

Du même critique

Total Recall : Mémoires programmées
sseb22
6

Comment gâcher un vrai travail de fond

Ayant prévu d'aller voir le film, je me suis repassé l'original de 1990. J'ai d'ailleurs écrit sa critique Par conséquent, les différences et les ressemblances m'ont sauté au visage. Et je pense que...

le 16 août 2012

69 j'aime

21

Piège de cristal
sseb22
9

Die Hard de cristal

J'ai toujours été un fan de cette série (bon, surtout les premier et troisième :o). Je dois avouer que le film est marqué "années 80" (cigarette à l'aéroport, arme dans l'avion, les vêtements,...)...

le 23 nov. 2010

63 j'aime

13

La Vie des autres
sseb22
9

D'une justesse désarmante

Berlin Est, 1984. Georg Dreyman est dramaturge et vit avec son actrice principale, Crista-Maria. Officiellement, Georg est fidèle au Parti mais le ministre de la culture le fait quand même surveiller...

le 24 mai 2011

57 j'aime

5