Après le succès sensationnel de Sonic the Hedgehog ayant placé Sega et sa Megadrive sur la rampe de lancement pour devenir un géant de son époque face à Nintendo, Sega poursuit en toute logique l’aventure Sonic par une suite directe afin de définitivement s’imposer en ce début des années 1990. Soutenu par une campagne marketing d’une ampleur historique pour vanter sa réalisation toujours plus impressionnante et l’arrivée d’un deuxième personnage jouable, Sonic 2 a été calibré pour être un immense succès de sa génération.
Néanmoins, développé en moins d’un an pour rentabiliser au plus vite la franchise en plein essor, mêlant des développeurs américains et japonais non habitués à travailler ensemble, écrasé par des attentes considérables par un large public, devant corriger les problèmes de jouabilité du premier opus qui n,e maîtrisait pas sa formule innovante… Sonic 2 avait beaucoup à faire et ce n’était pas gagné d’avance. Voyons comment je trouve qu’il s’en sort.
GAMEPLAY / CONTENU : ★★★★★★☆☆☆☆
Commençons par l’ajout de Tails, très mis en avant comme la nouveauté majeure. Le mode de jeu par défaut permet de contrôler Sonic tout en étant suivi d’un Tails qui pourra nous ramasser quelques anneaux au passage, ce qui devait contribuer à la sympathie qui se dégage du personnage mais en réalité il peut aussi être un handicap. D’une part, il y a les stages spéciaux pour lesquels il augmente le risque de perdre des rings en heurtant un obstacle. D’autre part, il peut causer des soucis de collision qui peuvent s’avérer fatals avec les boss.
Ce mode par défaut n’est donc pas très bien optimisé et jouer avec un personnage seul semble plus indiqué. Mais même si ça avait été optimisé, mon problème c’est que ce n’est pas aussi ambitieux qu’un deuxième personnage jouable aux contrôles différents, puisque s’il est possible de jouer sans compagnon et aux commandes de Tails plutôt que de Sonic ça ne change rien au maniement en dehors d’un masque de collision très légèrement plus indulgent en contrepartie de l’impossibilité de se transformer en cas de succès de la collecte des Chaos Emerald, qui là offre un maniement différent mais plus en bonus une fois le jeu très maîtrisé.
Un mode 2 joueurs coopératif est également introduit pour la première fois dans la franchise, et c’est clairement pas maîtrisé une seconde. La caméra ne suivant que le joueur 1, le deuxième est condamné à être projeté hors de l’écran, pour une feature très mise en avant, jusque sur sa jaquette et l’écran-titre présentant fièrement le binôme, ça la fout mal. Décidément, peu importe comment on aborde l’ajout de Tails, ce n’est pas là qu’on trouvera les qualités ludiques de cette suite qui a fort heureusement d’autres atouts ludiques à faire valoir.
Le maniement se repose assez logiquement sur les solides fondamentaux de Sonic the Hedgehog qui se voit tout de même affublé désormais d’une nouvelle commande emblématique : le spin dash. Le mouvement est tellement iconique qu’on en oublie presque qu’il n’était pas là dès le début, et il faut dire que l’idée était aussi originale que parfaitement adaptée au game-design. On a également droit à un peu plus de variantes pour les tremplins et les accélérateurs, c’est déjà moins marquant mais ça profite aussi au gameplay toujours plus dynamique.
Parmi les défauts de la formule originale, Sonic 2 s’est d’abord et avant tout penché sur la longueur des situations de jeu avant de passer aux suivantes, ici le rythme est beaucoup plus soutenu avec plus de situations différentes sur lesquelles on ne s’attarde jamais. De la même manière, plutôt que de proposer soit un long passage nécessairement lent, soit un long passage potentiellement rapide, les 2 phases se succèdent beaucoup plus souvent. De plus, les passages subaquatiques, les plus décriés de l’épisode original, peuvent désormais être contournés. Enfin, les boss sont clairement plus intéressants à affronter même s’il reste trop de facilités et de frustrations dues non pas à la difficulté du boss et à l’impossibilité de collecter un seul ring avant le combat.
Si le principe de vies limitées pour finir le jeu est malheureusement conservé, la gestion des vies a tout de même été améliorée avec plus de possibilités de gagner des vies supplémentaires de façon intuitive et venant récompenser une prestation aussi bien soucieuse de collecter les rings et/ou d’aller vite. On dispose également de plus de chances de collecter les Chaos Emerald sans que ça ne devienne facile pour autant, et tenter sans réussir ça sera sanctionné avec ce système de remise à 0 du compteur de rings. Cela signifie que ce bonus est vraiment réservé aux joueurs les plus aguerris et les plus courageux, mais comme c’est facultatif ça me va.
Néanmoins plusieurs défauts importants demeurent au premier rang desquels figurent les pièges inutilement vicieux causant des moments de frustration si l’on joue au jeu tel qu’il se vend, en allant vite plutôt qu’en prenant le temps d’observer, et cela dès les premiers ennemis rencontrés avec ces singes lanceurs de noix de coco. Certes, certains pièges sont moins prédominants comme les piques sortant de nul part, mais d’autres sont renforcés comme les ennemis à projectile en embuscade dans des situations rendant l’esquive quasiment impossible, mention spéciale à Metropolis. Il faut ajouter à cela quelques masques de collision un peu hasardeux, des stages spéciaux meilleurs que part le passé mais avec aussi leurs problèmes, quelques niveaux moins inspirés que d’autres... et malgré tous ses efforts le gameplay de Sonic 2 reste décevant pour moi, c’est dans d’autres domaines qu’il révèle sa grandeur.
RÉALISATION / ESTHÉTISME : ★★★★★★★★★☆
Je ne vais pas revenir sur toutes les qualités techniques et artistiques sensationnelles issues du premier jeu, elles sont évidemment toujours là et ce qui m’intéresse c’est ce que Sonic 2 y ajoute. Déjà, il a corrigé le seul reproche visuel que j’avais à faire à Sonic, les stages spéciaux arborent un rendu complètement différent pour cette fois-ci vendre une simili 3D pour faire face au mode7 tant vanté de la Super Nintendo, ce qui est très pertinent dans un jeu qui se veut/doit être l’une des plus belles démonstrations techniques de sa machine.
Sonic 2 profite d’une réalisation encore plus impressionnante sur toutes ses composantes, à commencer par sa vitesse qui reste son principal argument de vente grâce à une vitesse de défilement de l’écran encore plus grande. Le soin du détails se trouve jusque dans le personnage de Sonic, qui était pourtant déjà très bien dessiné et animé, avec une couleur plus proche du logo de Sega, de nouvelles animations… dans les mécas de Eggman qui comprennent plus de détails… ou encore dans tous ses nouveaux ennemis à affronter et créatures à libérer. Le principal souci technique c’est l’écran splitté du mode 2 joueurs compétitif, souffrant de ralentissements et franchement pas très joli, mais c’est un mode de jeu vraiment très annexe.
Les environnements sont toujours plus détaillés, profonds et animés alors qu’ils sont désormais plus nombreux et plus distincts les uns des autres, la zone de praire s’inscrit comme premier environnement iconique tandis que des inédits tels que le casino ou la raffinerie vont offrir une identité visuelle tout à fait remarquable à Sonic 2 au sein de sa franchise. Et la petite cerise sur le gâteau c’est l’écran affichant le niveau qui a été retravaillé pour profiter d’une présentation un peu plus élaborée que le simple fondu au noir de Sonic 1.
L’univers de Sonic continue de se développer avec cet épisode. Sonic peut devenir Super Sonic, au design si évocateur du phénomène Dragon Ball et superbe référence à la vitesse supersonique en plus de reproduire le Super tant utilisé par Nintendo en face pour les défier frontalement, et Tails, au chara-design aussi unique que superbe, rejoint le casting de Sonic pour affronter Dr Eggman qui est désormais doté de la Death Egg, parfaitement dans le ton parodique du personnage. Je reprocherai tout de même au scénario de ne pas rendre Tails plus utile que ça, voire totalement inutile si on finit le jeu avec Super Sonic, une maladresse franchement idiote. De la même manière, l’introduire en jeu plutôt que sur l’écran-titre n’aurait sans doute pas été inutile.
L’OST, toujours composé par Masato Nakamura avant qu’il ne quitte le jeu vidéo quasiment aussi vite qu’il y sera entré pour y laisser cette empreinte Megadrive indélébile, parvient à être de nouveau tout aussi entraînante ou relaxante selon les niveaux en faisant une nouvelle démonstration du potentiel unique de sa machine. Le sound-design est quant à lui toujours aussi impeccable tout en arborant un nouveau bruitage iconique et particulièrement plaisant, celui de son spin dash.
CONCLUSION : ★★★★★★★☆☆☆
Si Sonic 2 n’a pas su exploiter autant que j’aurais voulu le potentiel de son nouveau personnage jouable ni corriger les principaux reproches ludiques que je faisais déjà à Sonic 1, ses extraordinaires qualités techniques et artistiques poussées encore plus loin et mêlées à de véritables améliorations de gameplay, dont le spin dash est le fer de lance incontesté, en font une excellente suite et un incontournable de sa console, au même titre que son aîné.