Blacklister des utilisateurs sur SensCritique = faire le jeu des terroristes

Marathom Clancy : 7/8

En 2013 sort la toute dernière aventure de Sam Fisher. Il s'est écoulé trois ans depuis la sortie controversée de Conviction, et c'est la toute jeune équipe d'Ubisoft Toronto qui est chargée de remettre la série sur les rails. Mais, l'équipe étant composée d'anciens de Montréal, l'héritage de Conviction doit vivre…

La solution est toute trouvée : Blacklist propose trois types d'approche pour accomplir chaque mission, le joueur étant totalement libre d'alterner entre les trois styles à tout moment. Le style fantôme récompense l'approche silencieuse des premiers jeux, le style assaut est dans la droite lignée de Conviction et encourage à déclencher des fusillades, et finalement le style Panthère est un mix des deux approches, qui vous donnera des points si vous parvenez à abattre des ennemis de manière non létale et sans vous faire repérer.

Et ça résout d'un seul coup plusieurs problèmes que j'avais avec Conviction ! Non seulement les approches discrètes sont de retour et sont même encouragées, mais en plus, le jeu propose une très bonne replay value puisqu'on aura envie de refaire les niveaux en variant les approches, ou en perfectionnant notre style préféré. Les points qu'on accumule sont transformés en argent à la fin de chaque mission, qui permettront d'acheter de nouveaux équipements pour Fisher.

Ce côté light-RPG est loin d'être parfait, puisqu'il y a beaucoup d'armes, armures et améliorations à acheter, on a tendance à se perdre dans les possibilités offertes pour améliorer d'à peine un cran certaines caractéristiques. L'argent est abondant mais pas suffisamment pour tout acheter en une seule partie, l'idéal est donc de concentrer les achats sur certaines armes, mais j'admets volontiers que ce n'est pas un aspect du jeu que j'ai trouvé excitant.

Profitons-en pour parler d'un vrai défaut du jeu : Ubisoft a eu la brillante idée de bloquer de nombreux équipements derrière des DLC, une connexion à leur service en ligne Uplay ou même derrière une obscure application mobile. Ladite application n'existe plus, et les serveurs pour le jeu ont été désactivés il y a quelques temps (en tout cas sur PS3, j'imagine que sur Wii U et 360 aussi, probablement pas sur PC), ce qui fait qu'une partie des équipements n'est tout simplement plus accessible aujourd'hui. Quant à ceux bloqués derrière un DLC, disons que je n'ai que moyennement envie de payer 7€ pour ça.

Enfin, vous me direz, c'est toujours mieux que ZombiU qui bloquait un mode entier derrière une connexion à Uplay.

Au niveau du scénario, Sam Fisher est nommé commandant de son équipe (désormais nommée Echelon 4) et va devoir apprendre à gérer ses subordonnés, tel un brave DRH après un bac+5. Sauf que lui ne se placera pas toujours du côté du patron.

Ce côté dynamique de groupe est plutôt cool, même si c'est très secondaire dans le déroulement du jeu. Entre chaque mission, on peut déambuler dans l'avion qui nous sert de base secrète pour parler à nos coéquipiers (et même un prisonnier), ce qui permet d'en apprendre un peu plus sur eux et de voir comment leur relation avec Fisher évolue. Dispensable, mais j'aime bien. On peut même appeler Sarah, la fille de Fisher, pour la rassurer et qu'elle nous raconte les événements du jeu selon la perspective d'une civile.

L'histoire ne casse pas trois pattes à un pygargue : des terroristes nommés Blacklist annoncent une série d'attentats sur le sol américain pour pousser la Présidente (eh oui, en 2013 on ne savait pas encore que les Américains étaient ouverts à l'idée d'élire un noir mais pas une femme) à retirer ses troupes stationnées dans tous les pays du monde. Chose totalement impensable pour le soft power de l'Oncle Sam, la Présidente met donc Echelon 4 sur le coup afin qu'ils arrêtent les terroristes. C'est très classique pour la série, mais il faut admettre que les cinématiques sont très chouettes, servies par un beau moteur graphique, et qu'on a vraiment à peine la sensation de jouer à un jeu vieux de 12 ans (temps de chargement mis à part). Notez qu'il y aura à quelques moments de l'intrigue des choix à faire (épargner/tuer un terroriste), mais que cela n'influe sur absolument rien, dommage, j'ai cru au retour d'un système de moralité à la Double Agent.

Tant qu'on parle de graphisme, j'évoque très rapidement un élément que j'avais oublié dans la critique sur Conviction : dans ces deux épisodes, les développeurs ont eu la brillante idée de mettre les instructions de la mission en surimpression sur des éléments du décor. L'effet rend vraiment bien, c'est super cool, et il est dommage que peu de séries aient reproduit cet effet !

Entre deux missions principales, on peut aussi choisir de faire des missions secondaires. Celles-ci sont données par les coéquipiers de Sam et sont au nombre de 16, mais deux sont exclusives au DLC à 7 balles et quatre sont réservées au mode co-op. Les missions varient selon le personnage qui les donne, mais les aficionados de la série seront très contents de faire celles données par Grim, qui sont des missions full infiltration et dont la moindre erreur vous vaudra un Game Over, ce qui fait beaucoup penser aux missions similaires des deux premiers Splinter Cell.

En bref, c'est du contenu supplémentaire vraiment chouette. On peut aussi remarquer que toutes ces missions peuvent être jouées en solo ou en co-op (sauf les missions imposées en co-op, évidemment) et que ce mode est jouable en ligne ou en écran scindé, une très bonne chose qui pourrait pimenter les soirées entre amis.

Inutile de dire que j'ai beaucoup aimé ma partie sur Blacklist, qui est pour moi un épisode sous-côté de la série (dans les classements de fan, il est souvent placé avant-dernier). Le jeu mélange très bien les différents aspects de la licence sans être totalement imbuvable, innove un peu avec son hub à explorer entre les missions et nous présente tout ça avec de magnifiques graphismes et un gameplay très adapté aux standards modernes. Il est un peu trop linéaire dans son level-design, mais j'ai vraiment pris beaucoup de plaisir dessus. Je suis triste que la série soit tombée dans le coma après sa sortie, parce qu'il était vraiment encourageant pour la suite.

Ubisoft Toronto est en charge du remake de Splinter Cell 1, je pense donc que le projet est entre de bonnes mains, mais j'aurais vraiment adoré les voir à l'oeuvre sur un épisode inédit !