Après deux jeux très plaisants et bien foutus, ce troisième et surtout dernier épisode made by Insomniac Games est la dernière belle aventure du dragon violet sur Playstation 1, peut-être même sur toute plate-forme confondue, et à ce titre il envoie tout ce qu'il peut pour plaire. L’ambition est clairement affichée de réaliser le plus grand jeu de plates-formes 3D de la console alors que celle-ci arrive sur sa fin de vie, la Playstation 2 étant déjà en vente lorsque Spyro 3 débarque. L’année du dragon est-elle la plus belle des années pour Spyro ? Je vous propose de découvrir cela en écoutant Fireworks Factory, le thème du niveau habillant l’écran titre.



GAMEPLAY / CONTENU : 9 / 10



Tout d’abord, il faut bien comprendre que Spyro 3 s’inscrit dans la continuité logique de Spyro 2 avec un maniement de base identique, tous les mouvements étant déjà débloqués dès le début par rapport au deuxième épisode en toute logique, le contraire aurait pu être frustrant. Ce n’est pas très innovant de sa part a priori mais en même temps il était déjà très efficace donc difficile de lui reprocher de le reprendre tel quel ce qui a toujours grandement contribué au succès du jeu. Par ailleurs, ce Spyro a des ambitions ludiques pour en faire un jeu encore meilleur que lors de ces précédentes aventures, mais ce n’est pas dans son maniement à lui qu’on les trouvera.


La grosse nouveauté de cet épisode c'est de pouvoir contrôler 6 autres personnages avec chacun son maniement à lui qui sera en plus décliner différemment d’une situation de jeu à une autre. Ça apporte une diversité ludique proprement phénoménale, comme le Skateboard mis en avant jusque sur la jaquette du jeu que l’on pourrait penser un peu hors-sujet au premier coup d’œil. La diversité de cet épisode n'est pas sans rappeler Crash Bandicoot 3 Warped pour lequel Naughty Dog avait un peu suivi cette voie-là également mais là c'est encore un cran au-dessus je trouve, d'où le titre de ma critique : l'apogée par la diversité.


On peut ainsi faire du skateboard, de la course, du hockey, de la boxe, du tir en vue subjective comme objective, de la résolution d’énigme... Alors que ces genres de jeu répondent à leurs propres codes et demandent une certaine maîtrise en la matière pour être réussis, Insomniac Games est parvenu à les présenter de façon condensée mais efficace. Si cette diversité est grande la qualité est aussi au rendez-vous et la plupart des mini-jeux sont réussis. La conséquence en est qu’il est impossible de s’ennuyer tant on ne fait jamais la même chose et comme Spyro 2 l’avait fait on retrouve des situations de jeu bien connues dans la saga, mais qui restent assez en retrait pour que l’on ne puisse pas y voir un recyclage exagéré.


Une autre conséquence c’est que ça remplace le système des capacités à acquérir pour accéder à de nouvelles parties des niveaux, ce qui est un peu plus ergonomique c’est qu’on peut plus facilement y parvenir de nouveau sans avoir à se refaire tout le niveau comme dans Spyro 2, un petit plus appréciable. La seule limite à tout ça en étant très exigeant, c’est qu’il est rare, mais pas inexistant d’ailleurs, de parcourir un même niveau avec différents personnages et donc de le redécouvrir sous différents aspects, mais il y a tant de personnages au maniement si différent que ça aurait été quasiment impossible à bien faire.


Sinon et pour la troisième fois, Insomniac parvient à un level-design et à un bestiaire à la hauteur de ce à quoi la série nous a habitué, ce qui est très exactement ce que j’en attendais. Le jeu aime beaucoup à le rappeler en faisant quasi systématiquement finir un niveau à côté de son début. La seule petite régression c’est que les zones où ont lieu beaucoup de mini-jeux sont séparés par un temps de chargement plutôt que d’être incorporé en temps réel dans le level-design comme c’était le cas pour Spyro 2, mais ça ne s’accompagne pas d’incohérences donc ce n’est pas un vrai problème.


Enfin, les boss sont au nombre de 4 et offrent un challenge tout à fait acceptable sans jamais être trop important, à l’image d’une courbe de difficulté très bien dosée sur l’ensemble du titre. Ça s’ajoute à toutes les qualités ludiques de Spyro 3 qui prennent place dans un contenu encore un peu plus généreux qu’auparavant et parfaitement bien réparti, en-dehors peut-être des niveaux de Sparx un peu trop cachés inutilement si on veut à tout prix chipoter. C’est là que se situe à mon sens la plus grande force de Spyro 3 mais il a encore d’autres atouts pour lui.



RÉALISATION / ESTHÉTISME : 8 / 10



Spyro 3 est toujours plus joli que ces prédécesseurs, ce qui est un peu normal pour un jeu majeur de l’an 2000 par un studio ayant acquis moyens et expérience depuis leurs modestes débuts sur la console quelques années plus tôt seulement. Malheureusement, on a toujours les mêmes soucis techniques comme ces textures floues qui se détaillent à vue d’œil, mais les limites de la console 32-Bits de Sony sont réelles, aussi bien exploitée puisse t-elle être à l’approche de sa fin. **Spyro 3 s’inscrit comme attendu parmi les plus beaux jeux 3D de la console sur un strict plan technique. **


Ça ne va pas forcément être pour ça qu’on s’en souvient parce qu’il est vraiment tout en 3D, il n’impressionne pas par des cinématiques en images de synthèse ou des décors pré-calculés qui ont très bien vieilli, mais le côté positif c’est que le rendu visuel de l’ensemble du jeu est assez homogène, autant en jeu qu’en cinématique. C’est assez important je trouve, en tout temps le chara-design des personnages demeure le même et Spyro 3 n’a pas échappé à cette règle en adoptant d’un coup des cinématiques superbes mais très différentes visuellement du reste du jeu, ce qui est une petite force.


Esthétiquement, c’est aussi très réussi avec des couleurs qui restent bien choisies pour une multitude d'environnements différents entre eux et par rapport à ce que l’on a déjà pu voir au royaume des dragons ou à Avalar. Certains sont vraiment très parlant pour le jeune public auquel j’appartenais lorsque j’ai joué au jeu pour la première fois. Combiner des dinosaures et des cowboys pour arriver sur une mine désertique avec T-Rex équipés de revolvers et de bâtons de dynamite, c’est à la fois inventif tout en piochant allégrement dans ce qui peut plaire aux jeunes sans grand risque.


Le fil rouge de l'ambiance générale reprend le principe de saisons du précédent épisode en oubliant cette fois-ci aucune d’entre elles et en complétant avec les phases d'une journée, comme si tout se passait en 24 heures, malheureusement quelques incohérences s'y glissent pour que ça tienne parfaitement. Néanmoins, ce n’est pas très grave étant donné que si tous les niveaux avaient suivi ce cycle jour / nuit ça aurait peut être paru un peu long sur tout un chapitre. Qui plus est, le jeu reprend l’idée du premier Spyro avec un ennemi récurrent, le rhino, décliné sous plein de formes différentes, ce qui contribue à un fil rouge artistique continu et cohérent que Spyro 2 avait peut-être un peu négligé.


Enfin, les musiques de Stewart Copeland sont toujours aussi efficaces pour dégager des ambiances en adéquation avec les environnements que l’on parcourt. On n’a toujours pas de musiques réellement exceptionnelles que je mettrais dans mes musiques préférées mais elles sont toutes de qualité et remplissent très bien leur fonction, la preuve en est qu’on peut facilement reconnaître les niveaux auxquels se rapportent les musiques simplement à leur écoute. C’est une preuve que c’est réussi pour au final une réalisation et un esthétisme toujours de haute volée, la partie scénaristique du jeu ne s’en sortant peut-être pas aussi bien.



SCENARIO / NARRATION : 7 / 10



Si Spyro 2 avait franchi un cap par rapport à son précédent opus en résolvant des soucis d’incohérence élémentaire et en apportant un peu plus de scénarisation burlesque, Spyro 3 fait lui aussi un petit peu évoluer la formule à son échelle malgré un pitch de base tout aussi prétexte qu’auparavant. Le vol des œufs de dragon par les habitants d’un monde auquel seul Spyro peut se rendre de par sa petite taille permet de justifier comme pour Spyro 2 l’aventure qu’il mènera seul en tant que dragon et la découverte d’un nouvel univers qu’il ne pouvait pas connaître avant, tout en offrant un petit clin d’œil aux récompenses un peu annexes précédentes, les œufs, qui cette fois constituent l’objet de quête principal.


On garde le concept de PNJ pour chaque monde à aider mais sans gags burlesques cette fois-ci en intro et en conclusion, pourquoi pas ? L’humour se retrouve toujours dans les dialogues et quelques situations cocasses en jeu avec la même qualité d’écriture à peu de choses près. Ça ne sera pas toujours efficace mais ça ne sera jamais non plus stupide ou grossier. Les ressorts comiques de Spyro 2 sont repris et améliorés. Par exemple, le côté simplet de chasseur est de nouveau présent dans les cinématiques mais c’est aussi compensé par la bienveillance et le courage du personnage qui n’étaient pas vraiment mis en avant jusque-là.


Un autre exemple ça serait Gros-Sous qui affiche toujours plus de mépris envers Spyro quand il lui extorque des gemmes au fil du récit et la vengeance de Spyro à la fin est mieux mise en scène et je me souviens très bien du soulagement qu’avait été ce passage à ma première découverte de celui-ci étant gamin. Le personnage est insupportable, mais c’est parfaitement voulu et bien exploité pour que cela donne une situation plaisante scénaristiquement et amusante ludiquement. Ça n’a l’air de rien dit comme ça, mais ça contribue au plaisir que le jeu transmet grâce à une écriture a priori anodine, voire un peu fainéante diront certains.


Si jusque là les personnages étaient très lisses pour beaucoup et ancrés dans leur camp, allié ou ennemi, on a des personnages un peu plus intéressants à l'image de Bianca qui atténue un peu le manichéisme jusque-là total :


C’est une antagoniste avec certaines nuances qui progresseront en adéquation avec l’évolution du récit jusqu’à la faire changer de camp, ce qui est tout de même pas mal pour ce genre de jeu. Alors son changement de camp manque de suspense et d’impact, la révélation sur les réelles motivations de la sorcière surviennent un peu brutalement, la finalité de tout ça manque de mise en scène pour intensifier le tout... mais c’est déjà encore un peu mieux au sien de la saga dans un genre qui ne brille pas forcément sur cette partie scénaristique.


Les bébés dragons constituent par contre un running gag assez vite éculé tant les petites cabrioles qu’ils font se répètent au bout d’un moment et ils n’ont pas l’intérêt que pouvaient avoir les dialogues des dragons libérés du premier épisode, ce qui les rend un peu inutiles même si ça ne pose pas de vrai problème puisque ça ne dure jamais bien longtemps, ce n’est que quelques secondes que l’on peut passer. C’est juste que l’humour n’est très réussi pour un élément qui reviendra très souvent tant les œufs à faire éclore sont nombreux. La qualité d’écriture fait donc des petits progrès pour une histoire plaisante à suivre mais qui reste imparfaite et trop peu ambitieuse pour constituer une force au même titre que ses qualités ludiques, techniques ou esthétiques.



CONCLUSION : 8 / 10



Après être plus joli, plus abouti, plus scénarisé, Spyro se veut encore plus diversifié avec ce troisième épisode qui réussit davantage ses dialogues et sa mise en scène mais c'est surtout sa diversité remarquable qui est la principale évolution, tellement de gameplay différents et réussis dans un seul jeu de cette époque tout en gardant suffisamment de plate-forme classique, c'est un coup de maître. Merci Insomniac Games pour cette trilogie qui m'aura tant diverti enfant et continue de le faire encore aujourd'hui sans problème.

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le 9 mars 2016

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damon8671

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