Connaissez-vous Chatran ? Dans les années 80 et 90, c’était une série de films japonais très populaires qui suivaient les tribulations d’un petit chat parmi les humains. Il commentait ses humeurs et ses découvertes, toujours plus surprenantes à l’échelle d’un petit félidé. Ca vous revient ? Ben Stray, c’est un peu Chatran au pays de Blade Runner. Reste à savoir dans quelle mesure cette accroche, aussi attirante qu’intrigante, est transposable en jeu. Et notamment, si ronronner ou faire ses griffes peut servir, ou desservir, le gameplay aventure-action proposé par Stray.
Ce n’était pas forcément évident au vu des premiers trailers, principalement axés sur sa formidable direction artistique, mais Stray est bien un cinematic-platformer agrémenté d’une légère composante aventure. Le joueur dirige donc un chat accidentellement séparé de sa famille en tombant dans une cité souterraine habitée par des robots. La communication n’étant pas évidente au premier abord, il sera vite assisté par un petit droide volant, une jolie astuce intra-diégétique qui fait office d’interface avec l’environnement. Ce petit héros à quatre pattes devra ensuite faire la lumière sur sa situation et trouver des alliés afin de pouvoir remonter à la surface, un périple qui lui prendra entre 5 et 7 heures, en fonction de l’appétence pour les objectifs annexes.
Dans les faits, il faut principalement explorer des villes crasseuses peuplées de robots à la personnalité bien singulière. La plupart du temps, il faut retrouver un ou plusieurs objets pour débloquer un chemin ou un dialogue et faire progresser la narration. Le fait de diriger un chat dans un monde à échelle humaine amène un twist bienvenu : la bestiole se faufile partout et saute de manière gracile sur à peu près n’importe quel promontoire accessible. Il faut noter que le jeu parvient tout de même à éviter l’écueil du level design forcé pour coller aux capacités spéciales du petit félin. Au contraire, ses déambulations sont très fluides et les environnements donnent l’occasion de faire le chat de manière assez naturelle, par exemple en s’endormant sur les toits de la cité, l’occasion d’une séquence purement contemplative offrant un point de vue global d’une beauté stupéfiante.
Car il faut le dire, le re-dire et le souligner : explorer le monde de Stray et discuter avec ses habitants a travers les yeux d’un chaton perdu est un émerveillement de tous les instants, rendu possible par une direction artistique et une réalisation générale d’un niveau remarquable pour une production aussi modeste. Assorti d'un gameplay qui ne révolutionne rien mais qui se laisse appréhender très agréablement, c'est au final un bien joli premier coup pour ce nouveau studio, français qui plus est. Le jeu étant de surcroit disponible dans l’offre Playstation Plus, il serait dommage de se priver.