Styx: Master of Shadows
6.3
Styx: Master of Shadows

Jeu de Cyanide et Focus Entertainement (2014PlayStation 4)


Avertissement



Pour l'amour de Dieu, ne jouez pas à Styx sur PS4, même si vous l'avez eu gratuit à travers le PS Plus. Les temps de chargement y sont a-tro-ce-ment longs. Ce sont 35 secondes que l'on se prend dans la vue à chaque fois que l'on meurt (je vois avec les autres critiques que je ne suis pas le seul à avoir chronométré), or on rend l'âme très très souvent. Cela a bien failli me dégoûter du jeu avant que je parvienne à prendre du recul. Privilégiez donc le PC, où les temps de chargement sont plutôt de l'ordre de 2 ou 3 secondes.
Deuxième bonne raison de jouer sur PC : la possibilité de sauvegarder d'une simple pression sur un bouton alors que sur PS4 il faut passer par un menu.
Je regrette amèrement de ne pas avoir su ça à l'époque où j'ai lancé le jeu. Heureusement, j'ai réussi à rester patient et à prendre du recul, et ça je ne le regrette pas.


Car même s'il faut faire preuve d'abnégation pour y prendre du plaisir, Styx est un jeu d'infiltration qui vaut vraiment le détour,



1/ Un premier contact difficile



Initialement j'avais été attiré par le trailer du jeu, canon graphiquement. Mais une fois le jeu lancé... j'ai déchanté assez vite. Styx est, pour être gentil, très irrégulier visuellement parlant. Si les décors sont globalement chouettes, les personnages et leurs animations faciales se révèlent quant à elles super datées. Et c'est sans parler des nombreux glitchs graphiques qui piquent les yeux en périphérie de l'écran. Cyanide nous a fait une petite Ubisoft sur ce coup là, avec son trailer plus vrai que nature. On a là affaire à un jeu qui évoque le début de vie de la PS3/Xbox 360.


Très vite on se heurte aussi aux contrôles un peu étranges, notamment aux sauts qui ne sont pas assistés et qui nous font mourir plus que de raison. En fait... le jeu est super difficile ! On décède en boucle, on rage, on manque de jeter sa manette à travers la pièce... surtout que mourir est synonyme de 35 secondes d'attente sur PS4, comme je l'ai déjà dit.
Une fois repéré par un garde (ce qui est fréquent), à moins qu'il ne soit seul (ce qui est rare), on n'a quasiment aucun moyen de s'en sortir. Au début du jeu notre gobelin n'a presque pas de pouvoirs spéciaux et on se sent terriblement démuni face aux obstacles à surmonter. A mon avis, l'équilibrage des premiers niveaux devrait franchement être revu parce qu'en l'état c'est le meilleur moyen de dégoûter les nouveaux joueurs. Le tutoriel de Styx est le seul tutoriel de jeu vidéo que j'aie jamais trouvé difficile. Heureusement on finit par débloquer de plus en plus de compétences et le jeu devient d'autant plus agréable, mais il faut s'accrocher jusque là.


C'est seulement si on a résisté à ce mauvais premier contact que Styx révèle par la suite tout son potentiel et prouve sans souci qu'il s'agit d'une des meilleurs jeux d'infiltration de ces dernières années.



2/ Level design impeccable



Ce qu'on aime avant tout dans Styx, c'est la liberté qu'il procure. On doit généralement mener notre gobelin d'un point A à un point B, mais le chemin suivi entre les deux divergera d'un joueur à l'autre. En effet, le nombre de voies alternatives est colossal. Entre les petits conduits souterrains, les trous dans les murs, les corniches, les poutres au plafond, etc... il y en a pour tous les goûts. Personnellement, jamais je n'avais autant ressenti de liberté dans un jeu d'infiltration.


Au delà du simple "chemin" à suivre, on pourra aussi donner libre cours à notre imagination au moment de choisir quelles méthodes adopter. On peut tout aussi bien assassiner des gardes ou être pacifique. On peut détourner leur attention à l'aide d'un clone ou d'une boule de sable, utiliser un fumigène pour passer inaperçu, lancer des couteaux ou se rendre invisible, empoisonner de l'eau ou de la nourriture...


Au passage on pourra en profiter pour réaliser quelques objectifs secondaires bien sentis (vols, meurtres, "transport de cadavre"...). Ils ajoutent un peu de variété et rapportent des points en fin de mission qui nous permettent d'acheter plus facilement de nouvelles compétences.


Le jeu reste très difficile, même après que l'on a compris comment manier Styx. Les gardes sont légion, d'autant plus que certains peuvent vous tuer en un coup. On croisera parfois des insectes mutants qui se repèrent au son et s'avèrent terriblement dangereux. Pour compliquer le tout, on ne peut porter sur soi que très peu de fioles de vie et de mana, et même si l'on s'habitue aux sauts de notre personnage, une fausse manipulation est vite arrivée.
On a donc énormément besoin d'expérimenter afin de progresser dans notre quête. Styx est un jeu d'infiltration, certes, mais à ranger dans la catégorie Die and Retry. Soyez averti : il faut être un maniaque de la "sauvegarde rapide" pour espérer avancer décemment.
Malgré tout, on se sent de plus en plus en contrôle de la situation au fur et à mesure de notre montée en puissance, et on finit par trouver des solutions pour se tirer de certains guêpiers que l'on pensait inextricables.


On mentionnera tout de même dans les points négatifs la map du niveau, à l'ergonomie absolument abominable. J'ignore si c'était fait exprès, pour nous forcer à improviser, mais je pense qu'au moins un petit marqueur "vous êtes ici" n'aurait pas été du luxe.



3/ Un scénario étonnant



A ma grande surprise, j'ai trouvé... que l'histoire de Styx était intéressante. Au début elle semble quelconque, surtout qu'on ne fait quasiment aucun effort pour nous décrire l'univers du jeu. A ce jour je ne sais toujours pas vraiment ce qu'est l'Ambre, quelle est la relation entre les humains et les elfes, je ne sais pas du tout à quoi ressemble le monde hors des murs d'Akenash... Ce que je sais en revanche, c'est que vers la moitié du jeu on a droit à un twist très bien amené qui vient chambouler notre vision des choses sans crier gare. Le jeu prend alors une tournure toute autre et se focalise grandement sur la psychologie du personnage principal.


Styx, quant à lui, a la langue bien pendue, et le doublage tout à fait correct lui rend justice. Ce n'est pas "hilarant" mais le ton employé est suffisamment original pour nous arracher un sourire de temps en temps !


Les musiques sont discrètes mais bien dans le ton. A base de violon elles s'intègrent parfaitement au sein de l'univers fantasy du jeu.
Un petit bémol concernant le doublage des PNJ : leurs lignes de dialogue sont assez peu nombreuses, et il est fréquent d'entendre un commentaire que l'on aura déjà intercepté plusieurs missions auparavant, ce qui débouche sur une sensation de déjà-vu tenace. Surtout que l'on revisite deux fois chaque environnement, ce qui a été beaucoup critiqué mais qui personnellement ne m'a pas dérangé outre mesure.



Conclusion



Pour un jeu petit/moyen budget, Styx s'en sort avec les honneurs, et on s'efforcera d'être compréhensif et de prendre un peu de recul par rapport à ses lacunes techniques pour apprécier l'un des meilleurs jeux d'infiltration de ces dernières années. Espérons que la suite (qui a été officialisée il y a peu) soit encore meilleure !


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Créée

le 16 nov. 2015

Critique lue 558 fois

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Samish

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