Succubus
4.7
Succubus

Jeu de Madmind Studio (2021PC)

25 heures de jeu à mon actif


S'il fallait donner l’œuvre qui a fait naître le genre de la Fantasy, on pourrait aisément citer les contes populaires, repris et couchés sur papier par Perrault, les frères Grimm, Andersen... Des histoires où surgissaient des éléments merveilleux et magiques. Néanmoins, je crois que l'on peut remonter beaucoup plus loin en citant, comme œuvre-mère pour les créations de Fantasy l'une des premières créations littéraires : la Bible. Autant dans l'Ancien que le Nouveau Testament, il y est fait mention d'éléments tout aussi fabuleux que la présence d'un chat chapeauté parlant à qui veut l'entendre ou que la captivité d'une princesse aux cheveux très longs en haut d'une tour. Cette petite introduction pour justifier le classement du jeu-vidéo que je m'apprête à critiquer dans le domaine que j'affectionne tant ; quand bien même cette réflexion demeure des plus intéressantes. Mais passons au vif du sujet : Succubus est un jeu-vidéo sorti en 2021 et développé par Madmind Studio. Et en lien avec la Bible, il se trouve que ce jeu prend part, non au paradis, mais plutôt en enfer ; car il ne faudrait pas croire que ce qui attire le plus les mortels que nous sommes résident dans la pureté quasi divine : on préfère adorer le malsain, le châtiment, la part d'ombre en chacun. Si le studio susnommé était déjà "connu" pour son jeu de survival-horror qu'est Agony (jeu que je n'ai absolument jamais essayé, mais au vue des quelques critiques présentes sur sa page Steam, force est de constater que le rendu n'a guère plu aux joueurs), force est de constater que le développement de Succubus lui a redonné une certaine renommée et ce, en puisant des éléments récurrents de leur première jeu pour les incorporer dans ce nouveau. Et que pouvons-nous en dire ? Voyons cela !


Nous incarnons Vydija, une entité démoniaque ayant refusé la couronne d'un royaume aussi démoniaque que vous pour laissé Nimrod gouverné. Cependant, Baphomet - autre engeance infernale - convoite les rênes de cet empire et vous torture. Une quête de vengeance démarre alors.

Pas plus de spoil, comme à mon habitude !


Et là, on commence déjà à souligner un problème. En effet, si j'ai été capable de vous résumer l'intrigue du jeu, c'est parce que j'ai triché en m'aidant du synopsis offert sur la page Steam du jeu. Nous sommes plongés dans ce monde sans aucunes explications ! On comprend brièvement les enjeux dès l'introduction, et à vrai dire, les premières heures de jeu suivent globalement une logique scénaristique mais à partir d'un certain stade - qui arrive très rapidement - plus rien ! L'histoire est totalement laissée de côté ; on arrive à y revenir pour les derniers actes puisqu'il faut toujours vaincre Baphomet mais sinon... Et c'est presque extraordinaire d'avoir réussi cet exploit : donner une prestance incroyable à ce jeu par le biais des décors, des ambiances (on y reviendra)... pour dépouiller l'essence même d'un divertissement vidéoludique. C'est du génie pur et dur ! De ce fait, et pour résumer grossièrement : nous avons le début et la fin de l'histoire, à savoir notre capture, torture et désolation ainsi que l'affrontement final avec notre ennemi juré Baphomet. Entre les deux, il se passe des choses histoire de ne pas se faire chier complètement. J'ai véritablement l'impression qu'on a une sorte de métaphore parodique de l'existence humaine (un peu à la Bref, série de Canal +) où, au début on naît, à la fin on meurt et entre les deux, il se passe pleins de trucs. Et quand bien même on tente de garder une certaine logique de progression avec des endroits que l'on ne peut atteindre sans avoir terminer un endroit bien spécifique, on ressort tout de même avec une impression de brouillon. Et le pire dans l'histoire ! Le pire ! C'est qu'à défaut de nous offrir une intrigue complète, on nous donne à voir des fragments diablement bien pensés ! De quoi rendre fou ! Sérieusement, nous avons des discussions tout bonnement exquises sur les Enfers, le Paradis, Dieu et les anges, les démons... des réflexions plus qu'intéressantes sur nos représentations de la luxure, de la pureté, du purgatoire... Et franchement, ça nous laisse encore plus déstabilisé : si les scénaristes de ce jeu sont capables d'une telle prouesse fragmentaire, pourquoi ne pas avoir essayé de porter ce point positif à niveau suivant, à savoir faire cela pour tout le jeu, de manière plus soigné, plus construit ? Nous avons un scénario à double tranchant : où les grandes lignes de l'intrigue sont lacérées, jetées sur le vide à la va-vite et où les petites lignes de l'intrigues (les intrigues secondaires, tertiaires) transcendent sans aucunes difficultés l'intrigue principale... Ce qui fait jaillir un problème non négligeable : on a l'impression de ne suivre qu'une route déjà tracée, sans réel but que les petites missions et défis que le jeu nous lance. En soi, c'est pas trop mal mais franchement, j'aurais largement préféré mieux, d'autant qu'il y avait tellement moyen.


Pour le personnage que l'on incarne, Vydija, que dire ? Pas grand chose. Sa personnalité est certes intéressante mais on a vite fait le tour ; la personne enlevée, torturée, qui désire se venger de son tortionnaire et reprendre ce qui lui appartient, bon... on a déjà vu, d'autant que Vydija n'a pas grand choses à apporter de neuf à ce "cliché". Donc, en elle-même, elle n'a pas grand chose à dire mais visuellement, paradoxalement, il y a des choses à dire : elle est plutôt bien fournie. Je m'explique avant que l'on vienne me huer de tous les côtés. Il va sans dire, car oui, je ne l'ai pas encore prévenu, mais Succubus est, comme son nom l'indique - c'est assez subtile - un jeu à connotions fortement sexuelles. En même temps, on y incarne une succube. De ce fait, au fur et à mesure de nos réussites sur les différentes cartes que nous propose le jeu, on pourra débloquer de nombreux cosmétiques : apparence, cornes, maquillages, équipement et armes. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on a l'embarras du choix - et certaines apparences sont drôlement bien pensées. Pour les pièces d'équipement, chacune nous donne accès à des pouvoirs différents, qui seront nous être utiles dans certaines cartes ou pour réaliser certains défis, et ce en modifiant également nos caractéristiques (puissance, santé, résistance...). Des apparences, des costumes donc fortement sexualisés, légers, laissant paraître les charmes de notre personnage (éléments que l'on peut modifier à sa guise, bien évidemment) qui se marient parfaitement avec les dizaines de séquences d'ébats possibles et disponibles - bien sûr, j'étais obligé de le mentionner... En bref, on incarne une succube et ça se ressent dans l'apparence et les lignes de dialogues (autant durant les ébats que durant les séances de combat ; car le fantasme d'une succube demeure le plaisir sous toutes ses formes, aussi sexuelles que sadomasochistes - castrations, démembrements, expulsion de fœtus en dehors du ventre de leur mère... que de belles choses).


Mais passons au point qui donne véritablement toutes les lettres de noblesse à ce jeu, pour ma part. Graphiquement, nous sommes face à du revigorant plus que passionnant : jamais les enfers auront paru aussi jouissifs. Du macabre à outrance, une esthétique particulière, une atmosphère pécheresse, une ambiance infernale... c'est indéniablement tout ce qui fait la force de Succubus : la recherche du détail malsain, la richesse de la déchéance... avoir fait en sorte que les enfers soient aussi vivant est une chose à souligner et à saluer.


Concernant les combats, nous avons des contrôles fluides, les enchainements sont assez dynamiques et les ennemis que l'on rencontre et affronte tout au long de notre aventure sont plutôt variés et d'esthétique intéressante, passant des serviteurs humains à des créatures plus torturées sans compter les gros monstres qui ne demandent qu'à être découpés. Et il va sans dire que si l'aspect érotique de la succube est plutôt bien réussie, force est de constater que le point touchant aux combats est également soigné : on démembre, on décapite, on explose, on brûle absolument tout ! Les exécutions sont multiples et inventives, les ennemis recherchés... Vraiment, il n'y a rien à dire sur ce point, d'autant que l'on ne fait pas que se battre à longueur de temps. Fort à parier qu'un surplus d'affrontement aurait été, à la longue, indigeste ; déjà que l'on frôle parfois cette limite en quelques endroits.


Concernant les décors, rien à dire, on revient aux quelques lignes écrites plus tôt : on reste sur un design hypnotisant, côtoyant le lugubre et le macabre dans une ambiance pourtant paradoxalement colorée (il n'est pas question de nous montrer une vision de l'Enfer sombre et obscure). Un bon et imposant travail réalisé sur ce point donc.


Pour ce qui est des musiques, on reste sur du plus timide bien que certaines séquences musicales sortent du lot, empruntant l'ambiance si particulière du jeu. Mais on reste sur du discret dans l'ensemble.


Succubus, et je me dois d'en faire mention ici étant donné que c'est la première fois que je critique une œuvre aussi "controversée", est un jeu adulte fortement rafraichissant qui a su offrir une vision fascisante de l'Enfer, mais il va sans dire que la (sur)abondance de gore et de sexe peuvent aisément perturber certains joueurs (si, c'est possible !). D'autant que, j'ai beau apprécier ce jeu, il n'en demeure pas moins que l'intrigue n'est guère attirante pour les raisons suscitées, du moins pour ma part. Je conçois qu'un tel jeu n'a pas réellement pour but d'attirer les joueurs pour son histoire mais tout de même, je trouve cela vraiment dommage, à la lueur de ce qui a été proposé en terme de décors ou de réflexions philosophiques, de ne pas avoir eu le droit à une intrigue mieux construite, jouant peut-être peu plus sur la hiérarchie et la domination sur les royaumes infernaux. Franchement, le jeu en aurait-il souffert ? Je ne crois pas. Néanmoins, je suis prêt à recommander ce jeu, pour peu que l'on soit assez mature pour ce genre de contenu, pour ses visions philosophiques intéressantes, son design hors du commun et, bien évidemment, son lot de gore et de sexe, parce que c'est tout de même le but suprême de ce jeu.

Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
8
Écrit par

Créée

le 13 nov. 2022

Critique lue 88 fois

2 j'aime

PhenixduXib

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2

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