♫ Saeve certando pugnandoque Splendor crescit ♫

A la suite de l’immense succès commercial et critique de Melee, Super Smash Bros fait son grand retour, toujours dirigé par Masahiro Sakurai, tout juste de retour chez Nintendo spécialement pour ce jeu à la demande de Satoru Iwata qui veut appuyer le fantastique début de vie de la Wii. Mais comme le public cible de la Wii est différent de celui de la Gamecube, Sakurai promet, en plus d’un épisode toujours plus complet et impressionnant, une version plus accessible et moins portée sur la scène compétitive qui s’est formée durant les années précédentes. Cette nouvelle orientation amène t-elle Brawn à l’échec assuré ou à un jeu extra-ordinaire pour qui l’accepte pour ce qu’il est ?


GAMEPLAY / CONTENU : ★★★★★★★★★☆


Si Brawl reprend à l’identique les commandes de Melee déjà formidablement complètes, le maniement est pourtant très différent pour faciliter la prise en main et accessoirement permettre la jouabilité à la Wiimote avec une gravité affaiblie, moins de possibilités de combos complexes à réaliser, la disparition de mouvements complexes par l’esquive, le risque de trébucher en courant… Super Smash Bros Brawl se veut clairement plus accessible et moins technique que son prédécesseur, au grand dam de la scène compétitive qui va très rapidement détester ce jeu qui trahit leurs attentes, bien que la jouabilité à la manette Gamecube soit miraculeusement conservée et que les commandes puissent être assignées librement, ce qui pour moi est l’essentiel et corrige le problème.


Le casting passe de 25 à 39 personnages jouables avec des nouvelles têtes venant enrichir considérablement le gameplay :

- des personnages présentant des statistiques folles mais compensées intelligemment comme Sonic et sa vitesse de course démentielle limitée par des coups peu puissants,

- des personnages au move set très conséquent réparti sur plusieurs formes comme le dresseur Pokémon et ses 3 formes alternatives,

- des personnages au move set reposant sur des mécaniques de jeu uniques comme Capitaine Olimar et la gestion de ses Pikmins,

- des personnages avec une capacité en apparence anodine mais qui amène plein de possibilités de combo si elle est bien utilisée comme Diddy Kong et sa peau de banane faisant chuter l’adversaire,

- de vraies variations et certainement pas des copies de move sets existants en remplacement des personnages disparus comme Lucario reprenant le move set de Mewtwo ou Link Cartoon celui de Jeune Link...


On a toujours quelques petits détails qui font tâche, comme la portée du coup normal haut de Snake qui va bien plus loin que son animation, mais comme dans Melee c’est du micro détail. Pour les compétitions, si Brawl a le mérite de casser la dynamique de Melee pour redistribuer les cartes et forcer les joueurs à envisager d’autres personnages à entraîner, l’équilibrage est assez calamiteux avec un Meta Knight incontestablement au-dessous de tout ou encore un Ganondorf en-dessous de tout. Mais c’était attendu puisque l’équilibrage a été pensé d’abord et avant tout pour les différents modes de jeu qui veilleront à ce que tous les persos aient leur heure de gloire.


Les modes de jeu combat, classique, all-stars et événements sont très logiquement repris de Melee avec quelques variations, la plupart du temps pour le meilleur. Rarement, c’est synonyme d’une régression mineure, comme les cibles à détruire qui ne sont plus spécifiques à chaque personnage mais déclinés en seulement 5 versions différentes pour l’ensemble du casting, pas bien grave. Sinon, l’IA a toujours quelques tendances suicidaires passagères, même en difficulté élevée, notamment sous forme géante ou de métal dans les arènes avec pics et/ou fossés, mais ça s’améliore tout de même depuis Melee.


Le mode émissaire subspatial impressionne aussi bien par la quantité que par la qualité de son contenu avec beaucoup de phases de plates-formes et de beat them all se renouvelant continuellement grâce à des situations de jeu très diverses, beaucoup de secrets à débloquer, des boss uniques à affronter… et une gestion de statistiques légères mais appréciables via les vignettes à coller qui proposent pas mal de petits dilemmes ludiques puisque l’on peut profiter de beaucoup de bonus différents mais peu en même temps, différemment selon les personnages et coûteux puisqu’une vignette collée ne peut plus être récupérée.


Les nouveaux items sont très nombreux et intéressants. La balle smash offre une tonne d’attaques surpuissantes et est à la fois aléatoire et technique à débloquer et à utiliser. La possibilité de faire appel à un allié temporaire aléatoire est très largement augmentée avec les nouveaux Pokémons issus de la poké ball mais surtout avec les trophées aide offrant une tonne d’assistances possibles. Le dragoon permet d’offrir une attaque incroyable en parvenant à réunir ses 3 fragments. Le lance-roquettes avec sa trajectoire de tir en cloche, la bombe collante qui peut se refiler, la ballon de foot à projeter de bien des manières selon le coup… sont autant de petites idées intéressantes. Enfin, les items repris de Melee peuvent profiter de quelques améliorations comme les roulettes sous les caisses ou leur déclinaison explosive.


Plus de 30 arènes inédites développent toujours plus les éléments dynamiques accoutumées de la série (plates-formes destructibles, projectiles arrivant de l’arrière-plan, surfaces mouvantes ou glissantes, changements de gravité, inclinaisons brutales…) auxquelles s’ajoutent 10 arènes de Melee. L’éditeur de stage est plutôt intéressant dans l’idée et contient suffisamment de contenu pour une exécution satisfaisante avec une petite progressivité pour découvrir ses mécaniques. Par contre, aucune arène de l’épisode 64 n’est reprise, ce qui est un petit curieux et dommage mais vu l’excellence globale, difficile de faire la fine bouche.


La section des chefs d’œuvre offre de courtes démos de jeux rétros Nintendo mis en avant dans Brawl, et si c’est clairement de la publicité pour la console virtuelle de la Wii, ça reste très pertinent de le proposer dans un jeu qui fait tant référence à ces jeux et qui les fait parfois découvrir. Certes, ces démos sont courtes, pas si nombreuses, sans récompense pour les compléter, mais elles sont tout de même bienvenues. Le lance-pièces est un peu plus élaboré comme phase de jeu que la loterie qu’il remplace même si c’est quand même un mini-jeu dont on a fait le tour bien avant d’en débloquer tout le contenu, ce qui n’est pas grave tant on a envie de le débloquer malgré tout.


L’aspect addictif déjà très fort de Melee est décuplé dans cet épisode qui ajoute beaucoup de contenus à débloquer et de moyens de le débloquer. Brawl introduit notamment un tableau de défis proposant beaucoup de récompenses uniques qui ne se dévoilent que partiellement et avec intelligence au fil de l’aventure. Et si les trophées ont été considérablement augmentés en dépassant facilement les 500 à débloquer contre même pas 300 sur Melee, ils sont aussi complétés par les vignettes qui constituent un facteur de progression supplémentaire pour l’ensemble du jeu. En somme, la partie ludique du titre est un quasi sans-faute pour ma part même si je comprends parfaitement qu’elle puisse être détestée par les joueurs compétitifs.


RÉALISATION / ESTHÉTISME : ★★★★★★★★☆☆


Si le passage de la Gamecube à la Wii ne permet pas une révolution graphique, Melee étant sorti en tout début de vie de la Gamecube, la marge de progression était tout de même notable et elle se fait bien sentir. Très rapidement, Brawl met en avant ses nouveaux modèles 3D beaucoup plus détaillés et fait péter les effets visuels dans tous les sens entre les attaques, les effets des arènes et les objets sans que la fluidité ne puisse être prise en défaut. C’est un sacré tour de force pour la Wii qui se dote ainsi d’un nouveau jeu impressionnant par rapport à son prédécesseur malgré ses limites techniques.


Le casting profitant d’un chara-design soigné et homogène s’étoffe avec générosité et pertinence, en fonction des précédentes sorties sur Gameboy Advance et Gamecube post Melee avec Lucas issu de Mother 3 ou Capitaine Olimar issu des Pikmin, des sorties récentes sur DS avec Lucario des Pokémon Diamant et Perle, tout en allant rechercher des personnages plus vieux curieusement oubliés comme Wario ou Diddy Kong mais aussi des beaucoup plus originaux comme R.O.B. ou Pit de Kid Icarus. Il manque seulement un personnage iconique du début de vie de la Wii, comme Harmonie & Luma ou les combattants Mii qui ne viendront qu’avec l’épisode ultérieur.


Les plus exigeants regretteront que certains univers abordés n’aient pas été encore plus développés. Si l’on parle de Zelda par exemple, bien qu’il présente 4-5 personnages jouables, on aurait pu attendre un Link de Twilight Princess sous une forme de loup aux côtés de Midona ainsi qu’une Zelda Toon/Tetra et un Ganondorf Toon. Ça peut laisser un peu sur sa faim d’aborder un univers sans aller jusqu’au bout mais l’univers Nintendo est si vaste qu’il faut bien y faire des choix et qu’ils ne pourront jamais satisfaire tout le monde, d’autant que Brawl ne s’y limite pas.


Le casting introduit pour la première fois des personnages issus de franchises en dehors de Nintendo même si une cohérence éditoriale est maintenue puisque tous ont eu droit à au moins un épisode sur console Nintendo. Quoi de plus logique que de retrouver Sonic the Hedgehog alors que beaucoup de ses épisodes sont des exclusivités Nintendo depuis les années 2000 et qu’il est bien mis en avant à la même période sur Wii avec Mario & Sonic aux JO ou encore la sortie prochaine de Sonic Colours. Il est juste dommage qu’un tel univers ne soit pas représenté par un peu plus que son héros, mais ça rejoint le point abordé plus tôt. Pour Solid Snake de MGS, la pertinence est un peu moins évidente et même si c’est un cas isolé, je peux comprendre que certains y voient le début du n’importe quoi qui sera renforcé par la suite de la franchise.


Alors ce casting se permet aussi de virer certains personnages pour faire de la place à ces nouvelles têtes et la sélection des déchus peut bien sûr se discuter. D’une part, que la variante de Link évolue pour le Link Toon au détriment du jeune Link semble assez cohérent avec l’époque qui poursuivait ses aventures sur DS, Dr Mario est quant à lui très secondaire et pouvait assez facilement disparaître discrètement. D’autre part, des personnages forts charismatiques comme Mewtwo ou Roy manquent tout de même à ce casting et cela sans qu’aucune raison de gameplay ne le justifie par ailleurs puisqu’ils auraient eu un move set différent des personnages en place.


Si les personnages inédits profitent de toute une panoplie d’animations soignées et pertinentes, des animations inédites continuent d’être ajoutées aux anciens personnages pour renforcer leur identité et toujours mieux se rapprocher de leurs jeux respectifs. Ainsi, Luigi voit son identité froussarde de plus en plus affirmée à travers l’expression de son visage apeuré reprise plus explicitement de Luigi’s Mansion, Ganondorf profite d’effets supplémentaires pour renforcer la sensation de puissance de ses attaques lourdes telles celles de Twilight Princess, Marth paraît toujours plus élégant dans ses postures et fin bretteur dans ses attaques avec son spécial devenu coup d’estoc...


Sans compter que les moqueries sont plus nombreuses, que de nouvelles animations sont produites comme lorsqu’un personnage est agrandi ou rétréci, que les balles Smash fournissent un formidable prétexte pour encore plus d’animations fan-service spectaculaires... Pour couronner le tout, les trophées-aide se chargent d’élargir considérablement le champ des références s’étendant jusqu’à des séries très secondaires comme Nintendogs ou Excitebike qui ne peuvent pas être en jeu par les arènes ou les personnages jouables, mais qui comme ça ne sont pas juste des références dans le menu en leur offrant un rôle ludique mais également de mise en scène en temps réel, d’ailleurs en parlant de ça.


Le mode émissaire embarque avec lui une tonne de cinématiques en images de synthèse à la mise en scène dynamique et burlesque qui fonctionne superbement en mêlant les personnages de Nintendo qui s’entraident et s’affrontent constamment, et pour certains d’entre eux les introduire avec brio pour notre première rencontre avec eux dans le jeu. En revanche, d’une part ça prend un peu la place d’une cinématique d’introduction originale qui va ici plutôt piocher dans ces différentes vidéos, ce qui en fait une cinématique d’introduction un peu moins marquante que pour les précédents opus.


D’autre part, ce mode s’accompagne de beaucoup d’arènes inédites, beaucoup trop, à tel point que plusieurs sont réellement bâclées avec des sprites en 2D et des arrières-plan statiques grossiers pour l’époque dans une direction artistique plutôt commune, c’est bien dommage. Quand on voit l’excellence des décors des arènes inédites des autres modes de jeu, profitant parfois d’un décor évolutif permettant une multitude de références visuelles à l’univers auquel elles se rattachent, on peut que regretter que ça ne soit pas aussi le cas dans ce mode émissaire.


L’OST s’ouvre sur ce thème d’introduction épique chanté en latin, absolument mémorable, et annonçant une orientation orchestrale très prononcée pour les remixes les plus travaillés, même Tetris y a droit, ce qui n’est pas pour me déplaire et n’empêche pas bien d’autres styles musicaux de s’exprimer. Et on ne peut qu’apprécier pouvoir choisir les musiques pouvant être jouées sur les arènes parmi des listes en accord avec l’univers de cette arène. Bref, c’est un sans-faute de ce côté-là et même si on en attendait pas moins ça reste une belle force du jeu.


CONCLUSION : ★★★★★★★★☆☆


Si l’on accepte que Brawl s’est volontairement détourné de la scène compétitive ainsi que ses quelques choix de casting discutable, on ne peut que reconnaître qu’il remplit toutes ses promesses d’un jeu une nouvelle fois impressionnant par la qualité et la quantité de son contenu largement supérieurs à Melee sur de nombreux points alors que déjà époustouflant. En offrant à sa console et à sa génération une nouvelle fois l’un de ses meilleurs titres, Super Smash Bros confirme avec cet épisode une dynamique extra-ordinaire pour une franchise qui prend le temps de s’affiner de génération en génération sans céder à la tentation de suites bâclées.

Créée

le 21 juin 2025

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damon8671

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