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Cinquième épisode de la saga Tales of, mais premier sorti en Europe, Tales of Symphonia fait rentrer sa saga dans la sixième génération de console pour s’inscrire parmi les titres les plus populaires de toute sa saga et les RPG les mieux réputés de la Gamecube, console pour laquelle il fut une exclusivité temporaire. Pour information, j’ai découvert ce jeu pour la première fois sur sa version remasterisée dans la compilation Tales of Symphonia Chronicles sur Playstation 3. La critique étant longue, je vous propose l’écoute de Deepest Woods pendant la lecture.



GAMEPLAY / CONTENU : ★★★★★★★★☆☆



Si la partie exploration du titre répond au game-design conventionnel pour un JRPG, avec World-Map reliant villages, donjons… le système de combat de Tales of Symphonia est particulièrement dynamique, en temps réel et avec pause active, se rapprochant ainsi du ARPG. Cela n’est pas sans technique avec beaucoup d’attaques adverses qui peuvent être esquivées, la prise en compte de la portée, de la vitesse et de la localisation des coups… et ce système est très plaisant d’autant qu’il permet de contrôler n’importe quel personnage de notre équipe avec un système de raccourcis très ergonomique pour varier le gameplay et ne pas trop imposer la pause active qui pourrait nuire au rythme dans le cas contraire.


Le combat étant un travail d’équipe, l’IA alliée est très importante et s’en sort vraiment bien avec la possibilité de donner des instructions avant le combat assez précises (quel type de cible prioriser, quel type d’attaques préférer, à quelle consommation de PM se limiter, quel niveau de risque prendre…) et qui peuvent être modifiées à loisir pendant la pause active. Je n’ai donc jamais eu le sentiment de perdre parce que c’était mal fichu et que mes alliés faisaient n’importe quoi, à moins que ce soit de ma faute car mes instructions étaient inappropriées. Le mode multijoueur réservé aux combats et pas à l’exploration n’est pas très utile par contre, il aurait fallu un mode arène en dehors du mode histoire je pense.


Le système de progression est déjà un peu moins original mais très efficace, avec tout de même une certaine linéarité, notamment vis-à-vis de l’équipement où on ramasse souvent la version supérieure de la version qu’on porte actuellement, et des rôles bien prédéfinis, surtout pour certains personnages quasiment seuls à disposer de certaines techniques indispensables comme le soin. Néanmoins, la personnalisation existe et se fait par deux accessoires possibles aux effets très différents, une orientation vers tel type de statistiques ou tel autre et des capacités bonus à débloquer traduisant souvent deux grands styles de jeu possibles par personnage.


Ce n’est donc pas tout à fait linéaire avec quelques choix stratégiques à faire, ça peut manquer un peu de lisibilité pour être exigeant. Je pense notamment aux capacités ex combinées qui sont masquées et c’est particulièrement long et redondant de les découvrir une par une, de prendre des notes pour s’y retrouver et établir le style de jeu opté pour le perso, comment on s’assure un minimum de synergie dans les possibilités de progression qui s’offre à nous… Une ergonomie plus permissive aurait été préférable à mon sens mais c’est qu’un détail, le plus important c’est que ça témoigne de la richesse du système de jeu, et c’est bien le cas.


En dehors de ce système de combat, la partie exploration est très basique avec ses petits coffres à récupérer ici et là en se détournant à peine du chemin mais c’est surtout dans les donjons que le gameplay révèle une autre de ses dimensions : la réflexion. Un bon paquet d’énigmes très différentes les unes des autres se retrouve dans les donjons avec suffisamment de challenge pour nous faire a minima obstacle mais pas trop non plus, à en devenir simplement frustrant et lourd, à part peut-être quelques exceptions vers la fin du jeu, les dialogues des personnages mettant même en avant des allers-retours un peu redondants, rien de bien méchant.


Dans l’ensemble, le gameplay est vraiment excellent, je relèverai juste deux petits défauts. D’abord, il est impossible de skipper les dialogues lors des retrys alors que le jeu peut vite être assez difficile et punitif sur certains boss, pouvoir skipper les dialogues aurait atténuer la frustration. Ensuite, la maniabilité des véhicules et le système de caméra sur la world map ne sont pas très bien fichus, ce qui n’a que peu d’incidence vu que le jeu ne demandera jamais de précision ou de rapidité d’exécution lors de telles phases, même pour esquiver les ennemis présents sur la map. Le gameplay n’étant pas parfait mais tout de même excellent pour un contenu dépassant facilement la barre symbolique des 50 heures de jeu, et ce ne sont pas ses seules forces.



RÉALISATION / ESTHÉTISME : ★★★★★★★★☆☆



Sorti plutôt en début de vie de la Gamecube, Tales of Symphonia ne fait pas partie des plus beaux jeux de sa génération mais s’avère très propre techniquement. Le jeu est très stable la plupart du temps, les combats ne se feront pas sans leur lot d’effets visuels impressionnants… Assumant totalement la 3D a bien des égards, ce qui paraît assez normal pour un jeu de cette génération, l’équipement porté a un petit impact visuel sur le modèle 3D du personnage, les éléments du décor avec lesquels on peut interagir ne dénotent pas par rapport à ceux purement décoratifs…


La direction artistique aux allures premières de Light-Fantasy ne manquera pas de présenter un certain contraste avec des inspirations beaucoup plus sombres par moment. Ça se mêle assez bien, en témoigne le chara-design qui permet de réunir au sein d’une même équipe des enfants adorables et des guerriers aussi ténébreux que mystérieux, même si je trouve que c’est dans la première catégorie que le jeu se distinguera le plus. Je relèverai également une certaine homogénéité entre les portraits dans les menus et ceux dans les saynètes, les modèles 3D en combat et en dehors… pas de soucis de côté-là non plus.


Le seul vrai soucis visuel pour moi c’est la world map qui n’est vraiment pas fameuse avec des modèles 3D très répétés et souvent inappropriés pour symboliser les créatures, des problèmes de proportion assez maladroits… mais rien de bien grave. À noter que si la cinématique d’introduction présente un style graphique très proche des animés japonais de l’époque, c’est un style qui ne sera réservé qu’aux très rares mais très réusies cinématiques du jeu, un peu trop rares à mon sens alors qu’elles apporteraient une mise en scène plus appropriées à des séquences parmi les plus intenses, se déroulant pour beaucoup avec le moteur du jeu et donc de façon assez statique et pataude, c’est le doublage et la musique qui font l’essentiel du travail et heureusement qu’ils assurent méchamment.


Les musiques composées par Motoi Sakuraba et par Shinji Tamura, duo habitué de la saga et Motoi signant la même année les OST de Baten Kaitos et de Star Ocean Till the end of Time, sont tout simplement excellentes dans les registres relaxants et mélancoliques, c’est un plaisir constant de se promener dans quasiment toutes les zones du jeu et la mise en scène peu élaborée dans les moments dramatiques décris plus tôt est parfaitement compensée par des thèmes tires-larmes diablement efficaces. C’est peut-être un peu moins exceptionnel dans le registre épique mais même à ce niveau il y a d’excellents thèmes vers la fin du jeu, donc dans l’ensemble c’est superbe.


Tous les dialogues ne sont pas doublés, mais la sélection des passages doublés est très judicieuse et les doublages japonais sont impeccables, comme si souvent, les doubleuses assurant très bien le rôle d’enfants masculins par exemple. Les doublages anglais sont assez corrects en plus avec plusieurs de mes doubleurs préférés, notamment Jennifer Hale, doubleuse de Femshep dans la trilogie Mass Effect, dans le rôle de Sheena. Encore une fois, dans un jeu où la mise en scène visuelle est souvent sobre, la réussite de cette partie sonore est très importante et le casting fut à la hauteur.



SCENARIO / NARRATION : ★★★★★★★★★☆



Dès le début de l’aventure, le jeu affiche tout de suite des dialogues naïfs et une ambiance chaleureuse rapidement mis à mal par des événements dramatiques et un ton mature surprenant, un état d’esprit parfaitement représentatif du jeu dans son ensemble. C’est un parti pris qui peut vite avoir ma désapprobation, mais ici je trouve que ça marche très bien. J’y ai notamment rencontrer des personnages parmi les plus adorables qui puissent être sans jamais être trop dissonants avec l’intensité dramatique de certains passages les mettant en scène. Je dirais que c’est la première force scénaristique de l’œuvre, et ce n’est pas la seule.


Pour son premier travail en tant que scénariste, Takumi Miyajima est parvenu à créer un univers riche, avec factions aux motivations différentes et personnages jouant double jeu, à la découverte progressive assez bien élaboré. Par exemple, dès les premiers dialogues on nous introduit des éléments d’informations capitaux relatifs à l’histoire de cet univers à travers un cours d’histoire, le prétexte parfait. Je ne vous cache pas qu’il y a quand même eu pour moi quelques moments de confusion sur certains dialogues enchaînant les noms propres et du bla-bla technique, mais dans l’ensemble ça passe très bien malgré le fait que j’ai interrompu mon run plusieurs fois (problème technique sur ma console, perte d’une partie de ma sauvegarde à 2 reprises…), notamment grâce au synopsis qui nous rappelle les grandes lignes et où on en est dans notre quête.


La narration est également très efficace quant à laisser le joueur décider à quel point il veut approfondir cet univers. Tout d’abord, on a le système dit de saynètes qui propose des dialogues facultatifs entre des personnages qui dépendent souvent d’événements récents du scénario ou de nos dernières actions. Mais surtout, des quêtes annexes développent les personnages jouables, révélant souvent un passé tragique insoupçonné fortement émouvant, dans des scènes je le rappelle facultatives, c’est très respectable.


Le système des affections est une autre très grande forte narrative du titre, on sera très souvent invité à choisir une réponse de notre protagoniste au cours d’une discussion et cela nous vaudra de gagner des points d’affection auprès de certains personnages au détriment d’autres. Il est impossible de plaire à tout le monde, pas de bons ou de mauvais choix, et cela peut complètement modifier certaines scènes clefs de la trame principale, parmi les twists les plus importants et les scènes les plus émouvantes. Que ça m’a fait plaisir de retrouver ça dans un JRPG qui s’en affranchit trop souvent à mon goût.


Quant au scénario en lui-même, on retrouvera des messages moralisateurs certes très génériques : la guerre c’est mal, « opposer sa haine à celle des autres ne résout rien », le racisme c’est mal, « à partir du moment où l’on né, qui ou quoi qu’on soit, on a le droit de vivre » … Néanmoins, la naïveté du propos a ses nuances pour que ça n’en devienne pas un défaut. Par exemple, un personnage un peu raciste va évoluer au fil de l’aventure et finalement va profiter de sa position pour essayer de rendre les lois moins discriminantes, il est bien souligné que ça ne changera pas la société du jour au lendemain, que ça sera juste un pas dans la bonne direction.


J’ai donc beaucoup plus envie de retenir les messages en eux-mêmes que j’apprécie plutôt que le fait qu’ils soient assez appuyés, et donc pour certains un peu lourds. Par ailleurs, il semble y avoir un petit rattachement à l’univers de Tales of Phantasia qui paraît offrir un second niveau de lecture à la fin mais comme c’est un jeu que n’a pas encore fait à l’heure de la rédaction de ces lignes, je me garderai d’y émettre un jugement. C’est vraiment un bilan extrêmement positif que je titre du scénario et de la narration qui constituent ce qui m’a le plus convaincu, quasiment à la perfection, vous vous doutez donc vers où on se dirige pour la conclusion.



CONCLUSION : ★★★★★★★★☆☆



Tales of Symphonia est une aventure émouvante au propos intelligent et à la narration maîtrisée à bien des égards tout en proposant un système de combat dynamique et technique, tout en profitant d’une composition musicale d’exception, tout en arborant une direction artistique du plus bel effet… Il ne lui manque vraiment pas grand-chose, une technique peut-être un peu plus impressionnante, un système de progression peut-être un peu plus clair… pour atteindre les sommets de ce que je peux attendre de ce type de jeu mais il fait partie pour moi des meilleurs jeux de sa génération.

damon8671
8

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le 6 févr. 2020

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damon8671

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