Trente ans et toutes ses dents

Après le retour en force de Street Fighter 6 et celui en demi teinte de Mortal Kombat 1 il était temps pour le troisième mastodonte du jeu de baston de sortir a son tour sur cette génération de consoles. Et si au fil des années (depuis le 3 en fait) j'avais plus ou moins complètement lâché la licence au profit de Soul Calibur et des Opus post reboot de Mortal Kombat pour la première fois depuis 1998 un opus canonique de Tekken me faisait de l’œil en grande partie car les quelques extraits que j'avais vu du mode histoire semblaient titiller la qualité de celui de Mortal Kombat. Le truc c'est que 30heures plus tard le constat est sans appel Tekken 8 n'est pas seulement un excellent jeu de baston, il est la digne suite du troisième que j'avais arrêté d'espérer depuis le très décevant 4ème sur PS2!

La next gen pour de vrai!

Depuis la sortie des ps5 et séries X peu de jeux justifiaient le sois disant changement de génération autrement que par un gonflement absurde des configs pc demandées pour un résultat visuel ne tranchant pas franchement avec les plus gros titres de la génération de consoles précédentes. Sachant que le 7eme opus ne brillait pas par une technique incroyable le contraste entre ce dernier et le 8eme est absolument monstrueux. Que ce soit au niveau des modèles, des animations ou des textures en plus de clairement justifier son statut de jeu next gen Tekken 8 met un énorme taquet derrière la tête des autres jeux du genre et nous donne enfin l'impression que le jeu ne pourrait absolument pas tourner sur les PS4 et One. Le jeu est tellement abouti techniquement que les développeurs se permettent de flex dans le mode histoire en collant des transitions entre temps réel et cinématiques pré calculées qui ne s'avèrent détectables que par la présence d'un grain différent de l'image (et encore il est possible que mes réglages graphiques avec certains effets baissés jouent sur la chose). Les personnages sont parfaitement modélisés, toutes les animations sont parfaitement exécutées, les cheveux volent au vent, le tout dans des terrains qui grouillent de détails dans tous les sens. En gros Namco utilise l'unreal Engine parfaitement et nous montre ce qu'on peut produire de mieux sans pour autant demander des configurations absurdes. Il est a noter que le jeu est parfaitement fluide sur mon pc qui commence a dater de quelques années le tout sans avoir à magouiller des heures dans les options graphiques. Concrètement si vous voulez montrer un jeu qui témoigne d'une vraie évolution graphique mettez Tekken 8 à coté du 7 l'effet sera garanti.

Oscar du meilleur drame familial (c'est faux)

Le scénario de la série a toujours été un joyeux bordel incompréhensible consistant a placer les éléments les plus sérieux et faussement profonds possibles afin de narrer une fresque épique complètement nanardesque (et du vrai nanard qui n'as pas vocation à l'être) à base de démons de lignées maudites ,de multinationales malveillantes, de relations père fils compliquées et de pandas mettant des balayettes a des extra terrestres habillés comme des mayas... Ici on prend directement la suite du 7eme opus avec Jin partant mettre sur la gueule de son paternel (et je m'arrêterai là pour ne pas spoil le reste). Si dans l'épisode précédent namco s'était inspiré de Mortal Kombat pour proposer un mode histoire sympa sans plus dans le 8eme opus ils continuent sur cette voie mais ont décidé de pousser tous les potards a 11 histoire de pousser le délire jusqu'à son paroxysme. Il en résulte un scénario sur dramatique, des scènes de combat piochant allègrement dans Saint Seya, Dragon Ball ,Devil May Cry Avengers ou encore Metal Gear Solid 4 sans se soucier de savoir si ça a quelque chose a foutre dans le jeu (le pire c'est que le jeu est tellement beau que ça marche a chaque fois). C'est simple le coté totalement décomplexé du mode histoire le fait sans peine rivaliser avec celui des Mortal Kombat récents en terme de crétinerie. Ajoutez à cela des personnages parlant tous dans leur langue d'origine pour assurer un ajout d'absurdité aux dialogues et vous obtenez un truc qui a la capacité de désamorcer tout élément scénaristique dramatique plus rapidement qu'une blague sur le prout d'une production Marvel. Alors, clairement c'est mal écrit sans aucun recul sur les dingueries visuelles et scénaristique auxquelles on assiste, mais étonnement ce coté mauvais shonen fonctionne parfaitement et il serait criminel de passer à coté de cette démonstration de connerie qui ne fera JAMAIS preuve de la moindre nuance ou finesse! Notez que la confrontation finale du mode histoire est a la fois si violente et stupide qu'elle justifie a elle seule de se faire le mode. C'est décomplexé c'est stupide et c'est ça qui est bon ! Ca ne justifie en aucun cas l'achat du jeu comme c'est le cas dans un Mortal Kombat mais les 2 ou 3 heures qu'il dure sont tout a fait recommandables! Bien entendu il y a aussi des modes histoire (de cinq combats a faire avec chaque personnage) pour débloquer des cinématiques souvent très drôles pour chaque combattant

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J'appuie partout ça fait des trucs!

C'est en somme un des clichés que la série se traine depuis le début, tant le jeu a toujours été d'une accessibilité exemplaire afin de privilégier le fun dès le premier combat tout en offrant des listes de coups et de combos interminables pour qui souhaite s'investir sur le jeu. Le gameplay de tekken est très simple à appréhender mais d'une complexité infernale a maitriser, ce qui lui a souvent valu la réputation de consister a appuyer n'importe ou pour sortir des enchainements de malade. Ce 8ème opus reprend cette optique mais via le mode "arcade quest" propose un tutoriel d'une précision et d'une intelligence rarement vue sur ce genre de jeux. En effet dans ce mode inspiré fortement du mode histoire de Street 6 et dont le style graphique hors combat rappelle les heures les plus sombres du Miiverse et des avatars de la X-box360 on enchaine les phases de tuto et les combats pour mettre en avant des aspects bien particuliers du gameplay, en ajoutant progressivement des couches de complexité à chaque étape. Terminer la centaine de combats contre des IA aux comportement obligeant a utiliser certains aspects du gameplay afin de les battre permet d'assimiler les grandes lignes du gameplay avant de se lancer dans les combats en ligne*. A coté de ça il existe comme dans la plupart des jeux récents un système de gameplay automatisé pratique pour s'en sortir mais au final bien trop bridé pour être utilisé quand on comprend le jeu. L'autre gros ajout du jeu est la mécanique de heat qui via une barre bleue utilisable a chaque round permet de sortir des coups surpuissants et très stylés, dasher ou encore de gratter la garde de l’adversaire rendant la philosophie de jeu très agressive et tournée vers l'attaque (et bien entendu la mécanique de furie lançant une grosse attaque qui se débloque lorsqu'on est aux portes de la défaite venue du 7 est présete). Il en résulte des affrontements nerveux, visuellement impressionnants et très satisfaisants. Le gameplay de Tekken 8 est une vraie réussite et n'importe quel type de joueur trouvera de quoi s'amuser dessus.

Un contenu bien fourni

Outre les modes histoire, arcade quest le jeu propose en plus des habituels modes online le traditionnel mode arcade, le Tekken Ball et surtout le mode combat de fantômes permettant d'affronter les fantômes des développeurs afin de gagner divers cosmétiques et de monter son rang Tekken en solo. Ces combats à la difficulté croissante sont une énième manière de progresser dans la compréhension du gameplay en ayant l'opportunité de se confronter à chacun des 32 personnages jouables utilisés autrement que par du spam de 3 combos comme l'IA a tendance à le faire en mode arcade. Il est également possible d'entrainer son propre fantôme de personnage afin de l'affronter et de voir les faiblesses de notre style de jeu ou de télécharger ceux d'autres joueurs afin de s'entrainer contre eux. Mieux encore dans l'optique de maitriser le jeu des replays des parties en lignes sont disponibles et ces derniers permettent en temps réel d'avoir accès a des tutos expliquant comment réagir aux moments importants de nos affrontements. Ces tutoriels adaptés au style de jeu en temps réel lors des redifs sont d'une simplicité d'utilisation et d'une intelligence telle en terme d'accessibilité que je serai fort surpris de ne pas voir ce système apparaitre dans la majorité des jeux du genres qui sortiront. Après bien entendu le mode entrainement classique est présent avec toutes les options qui vont bien histoire de se buter à la maitrise de son personnage préféré. Si je me fie au chronomètre de Steam il m'aura fallu une trentaine d'heures environ pour débloquer l'ensemble des cosmétiques du jeu et terminer le contenu solo du jeu à 100% ce qui est plus qu’honnête dans un genre qui a tendance a favoriser le online au détriment du solo. Il est à noter que le jeu propose de base 32 personnages aux styles variés tous intéressants à jouer, de nombreuses options de personnalisation ce qui le place dans la moyenne haute du coté de l’intérêt du roster. Enfin les musiques sont globalement très réussies, sachant que de toute façon le jeu inclue la quasi totalité des morceaux de l'ensemble des opus et qu'il est possible de tout paramétrer en changeant les musiques de stages et des menus la bande son du jeu fait un sans faute!

En substance Tekken 8 est un jeu magnifique, complet, intelligement accessible et à mes yeux l'opus le plus réussi de la série. Quand bien même le jeu est voué a nous abreuver d'une pléthore de persos et cosmétiques en DLC son contenu et son gameplay de base sont tellement solides qu'il propose sans cout supplémentaire une des meilleures expériences de baston disponibles à l'heure actuelle. La série qui va fêter ses trente ans cette années ne fait que confirmer sa place de référence de la castagne vidéoludique et s'offre un coup de jeune à la réussite inespérée. Si Namco pouvait avoir autant d'ambition pour son autre série de baston phare ce serait vraiment chouette! Sur ce je repars mettre des balayettes à un démon égyptien millénaire avec un panda déguisé en abeille!

*pour le online du peu que j'ai pratiqué pour l'instant afin de chopper les 3/4 succès propres au multi (et absolument pas pénibles à réaliser soi dit en passant) les serveurs avaient l'air plutôt stables avec très peu d'imput lag et mis a part en tekken ball le temps d'attente entre les combats était relativement court. Après si jamais - quand je me serai suffisamment fait piétiner en ranked - je constate des réels soucis je les ajouterai ici.