The Bridge est un puzzle game comme je les aime a priori : un concept intrigant, une patte visuelle prononcée : il ne faut en général pas plus pour me donner l'envie.
Pour la patte, tout le monde l'aura saisie en un coup d'oeil : MC Escher, c'est marqué dans le descriptif. C'est vrai que ça attire l'oeil, d'un coup, pour qui apprécie l'absurde visuel. De ce point de vue-là, le jeu fait relativement bien le job, même si j'avoue je m'attendais à un peu plus de folie dans le level design. Le tout reste finalement assez sage, malgré un style indéniable.
Côté puzzles, c'était... intéressant. J'ai pris du plaisir à les faire, mais là encore, j'ai eu du mal à atteindre le pied absolu. Le fait est que ça manquait cruellement d'une touche de dynamisme sur certains tableaux. Le personnage a une démarche très lente et parfois très frustrante. On a beau se dire que c'est fait exprès, que c'est calculé pour, etc., ça n'en reste pas moins un jeu au rythme mou, ce dernier ayant pour effet secondaire bâillements et énervements passagers sur certains passages précis. De la lenteur pourquoi pas, mais dans un ensemble adapté pour : des jeux comme Braid, Limbo ou, de justesse, PiD assument parfaitement leur rythme calme là où The Bridge offre quelques passages compliqués à cause de ce point.
Un des concepts intéressants du jeu est la gestion de la gravité. Un peu à la manière de Braid, dans lequel des objets brillants ne se trouvaient pas sur le même plan temporel que le reste du jeu, ici certains éléments (blancs ou noirs) ne se trouvent pas sur le même plan gravitationnel. L'idée ouvre bien sûr un nouvel horizon de puzzles possibles, et globalement c'est plutôt réussi. Mais là encore, ça pêche sur certains tableaux, la faute à une lisibilité peu claire de qui est sur quel plan. En fait quand les gravités sont imposées ça va à peu près, mais arrivent également des mondes où c'est au joueur de les choisir, et là, ça a tendance à coincer. Il existe un système qui permet en théorie de s'y retrouver (des lampes suspendues du décor qui indiquent où se trouve le "bas" de chaque groupe d'éléments blancs ou noirs). Si l'idée est parfaite sur le papier, j'ai l'impression d'être passé à côté d'un truc puisque les éléments ne suivaient à mon sens que rarement la gravité prévisible via la lampe associée. Bon, je ne suis pas très clair, mais le résultat est que sur certains tableaux on passe beaucoup de temps à tâtonner, là où une simple réflexion devrait suffire, je trouve ça dommage.
Au-delà de ça, le jeu offre un semblant d'histoire via une narration environnementale essentiellement contée par des tableaux (dont un à reconstituer en retrouvant des collectibles cachés dans les niveaux), un peu à la Teslagrad. Une sombre histoire d'une relation improbable entre MC Escher et Isaac Newton, pourtant aux époques séparées de deux siècles, et dont on imagine le lien par le fameux "pont" donnant son titre au jeu. Il existe moult théories à son sujet, mais le jeu ne m'a pas suffisamment accroché pour que je tente de creuser tout ça.
Pour ceux que ça intéresse, j'ai trouvé ça sur le web francophone, globalement assez avare sur le sujet :
http://www.jeuxvideo.com/forums/1-30535-379-1-0-1-0-spoil-l-histoire-le-scenario.htm
Musicalement, RAS de particulier. Musiques de fond discrètes, pas de thème très marquant.
Bref, pas une bouse absolue, mais pas non plus le jeu génial que j'attendais peut-être un peu trop, je recommande pour les amateurs curieux de puzzle-games un peu dépaysants.